Dans un club qui est plus qu'un club, il faut être plus qu'un président, plus qu'un entraîneur, plus qu'un joueur pour pouvoir s'y imposer. Et surtout ne pas se croire plus fort que les autres pour durer. Le cas du Stade Tunisien fait toujours débat. Si le football y a été souvent mis entre parenthèses, il n'a, cependant, jamais cessé d'exister. Aujourd'hui, le ST pense à l'avenir, même si les exigences de l'immédiat imposent forcément des considérations incompatibles avec les stratégies à long terme. Sous la houlette de son nouvel entraîneur, Ghazi Ghrairi, l'équipe est appelée à favoriser tout ce qui est de nature à lui procurer une plus grande dimension dans le jeu et dans la stratégie. Les objectifs stadistes, tels qu'ils sont revendiqués, ne peuvent en effet se réaliser que dans la durée... Progresser, c'est agir, sommes-nous tentés, toutefois, de rappeler à un ensemble qui mérite quand même qu'on apprécie ses qualités autant qu'on juge ses défauts. La valeur d'une équipe, comme le ST, devrait se mesurer désormais à ses aptitudes offensives. C'est à ce niveau-là qu'elle est appelée à se construire et à évoluer. Avant de penser aux résultats, elle devrait toutefois se doter des arguments nécessaires pour y parvenir. Il faut dire que le travail, encore et toujours, devrait être la principale motivation de l'équipe. Le travail, mais surtout la patience. En effet, il y a encore du chemin à parcourir et les ambitions de l'équipe devraient être à la hauteur de ses moyens. Ses exigences devraient avoir d'autres noms, d'autres significations. Le travail dans le sens absolu n'est pas cependant toujours suffisant. Mais le travail de qualité oui. Souvent, on pense que c'est la quantité du travail qui fait la différence. Mais la réalité est tout autre. Le plus important pour le ST d'aujourd'hui est d'offrir quelque chose de qualité optimale qui permettra aux joueurs de progresser individuellement et collectivement. Il y a vraiment de quoi espérer: les joueurs ont presque entre 24 et 25 ans. Ils sont dans la force de l'âge. Le potentiel est donc intéressant, surtout avec un effectif qui a une véritable marge de progression. Ici et là, on sent qu'il y a une réelle volonté de bâtir dans la durée. On retrouve les vertus Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons qui imposent une réhabilitation impérative et qui renvoient à une profonde interrogation sur un club qui n'a pas suffisamment travaillé ses fondamentaux. Cela ne correspond pas vraiment à l'idée que l'on se fait du football qui ne dégage les solutions que par l'affirmation technique du jeu et l'ajustement tactique qu'il implique. Il faut dire cependant que même si la formation présente autant de lacunes, même si elle paraît privilégier la quantité à la qualité, le physique à l'adresse, la puissance à la finesse, le ST offre toujours un réservoir à peu près inépuisable. Le Stade aurait besoin désormais de comprendre que les victoires en elles-mêmes ne pourraient être que la conséquence de toute une série d'attitude et d'adoption de valeurs. Si les joueurs et leur entraîneur seront convaincus que ces valeurs sont avant tout des valeurs de jeu et d'épanouissement, ils auraient déjà une partie de la solution. Un président, un entraîneur, des joueurs unis comme les doigts de la main dans une chaîne de décision harmonieuse: on n'a jamais rien imaginé de mieux pour un club comme le ST qui devrait forcément avancer d'un même pas résolu. Est-il nécessaire enfin de rappeler que le Stade n'est pas un club comme les autres et que la politique intérieure y tient précisément une place considérable. Le triangle traditionnel président-entraineur-joueur y est dessiné de façon plus floue qu'ailleurs. Ici le président a sa cour et ses opposants. Ici l'entraîneur doit tenir compte de la voix influente des anciens si présents. Ici les joueurs doivent se faire une place aux vestiaires autant que sur le terrain. Dans un club qui est plus qu'un club, il faut être plus qu'un président, plus qu'un entraîneur, plus qu'un joueur pour pouvoir s'y imposer. Et surtout ne pas se croire plus fort que les autres pour durer. L'entreprise de la reconstruction stadiste commence d'une manière ou d'une autre à avoir de l'allure. Elle en aurait encore davantage si toutes les parties prenantes se décidaient aussi à suivre le mouvement...