Khédija Hamdi consacre la plupart de son temps à l'art contemporain. Elle en enseigne l'histoire à l'Ecole des beaux-arts de Sfax, poursuit un cycle de recherche à la Sorbonne, et travaille comme consultante pour un fonds allemand s'intéressant à l'art contemporain arabe : le Fonds Nadhour. Ce qui l'amène à beaucoup voyager pour découvrir de nouveaux artistes, visiter leurs ateliers, voir leurs œuvres dans les foires internationales, suivre leur parcours, et les proposer à cette collection Nadhour. Et ce qui l'a amenée, de fil en aiguille, de la biennale de Venise à la Fiac à Paris, d'Art Dubaï à la biennale de Marrakech, et du Caire à Helsinki à sélectionner un ensemble d'artistes arabes qu'elle a souhaité inviter à exposer ensemble sur le thème de… dialogue (hiwar), bien sûr. «Chaque fois que je me rends dans un atelier, car je ne choisis jamais les œuvres sur catalogue, mais de visu, je parle beaucoup avec l'artiste pour essayer d'analyser son travail, et mieux le défendre. De ces longues conversations est née l'idée d'inviter ces artistes internationaux à une exposition collective à laquelle participeront, bien sûr, des artistes tunisiens». Khédija Hamdi, dont la galerie Ikoo est trop petite pour cette rencontre, a donc investi la galerie que gère sa mère — dans la famille, c'est une vocation — pour cette rencontre. «A l'ère de la communication globale, certains dialogues ont été brisés. Est-ce à cause de la différence de nos récits, de nos souffrances, ou de nos propos? Comment pourrions-nous restituer cette fissure? Cette exposition intitulée Hiwar n'est pas là pour tenter de rétablir le dialogue des cultures, mais pour essayer de libérer le mot de sa carapace, et dire qu'il s'agit d'une fissure, et non d'une cassure. L'événement rassemble des artistes de diverses origines — Egypte, Irak et Tunisie — et les invite à développer un dialogue par la voie de différents médiums, peinture, photos, vidéos, installations et performances». Adel Abidin est irakien, et vit à Helsinki, Nadia Kaâbi est tunisienne et vit en Allemagne, Mohamed Allam et Moataz Nasr viennent d'Egypte, Sama Alshaïbi et Dena Al Adeeb sont irakiennes et vivent à Londres, Dora Dhouib et Meryem Bouderbala sont tunisiennes et vivent entre la Tunisie et la France. «Je viens de chemins qui se sont croisés sur d'autres territoires : aucun ne m'appartient, aucun ne m'attend», écrit Meryem Bouderbala. Peut-être que ce dialogue que leur propose Khédija Hamdi, demain, samedi 22 mai au Violon Bleu, leur offrira-t-il de nouveaux territoires?