En quête de sensations intérieures et variées, traduisant le réel, l'environnement, ou tentant de transcrire un univers fantastique, la peinture se veut avant tout l'expression d'une liberté et une aventure singulière. Ce sont quelques fruits de cette propre aventure que nous invite à partager la galerie Sadika à travers une exposition collective réalisée par une belle brochette d'artistes peintres où talents tunisiens et étrangers se rencontrent dans la passion et la différence. On reconnaît d'ailleurs la griffe et les palettes d'Amel Ben Hassine, de Dominique Medard, de Houda Ajili, de Jan Demeulemeester, de Leila Selmaoui, de Mourad Harbaoui, de Mohsen Jliti, de Nedia Zouari et enfin de Thouraya Hamouda. On est d'emblée séduit par la fête que suscite cette exposition ; on y célèbre l'amour, le rêve et l'imaginaire. Ces artistes confirmés parcourent encore et encore la voie périlleuse de l'art, sans faillir, avec beaucoup de sobriété. Des formes et des silhouettes plongées dans des halos de couleurs. On navigue à travers des couleurs tendres empreintes de lumières mystiques. Les lumières de la création et du savoir-faire. Par un travail rigoureux et étudié, ces peintres ont créé des œuvres qui sont autant d'évocations de paysages réels ou imaginaires et où la couleur et la matière jouent un rôle essentiel. En effet, par un jeu de transparence et d'épaisseur, de saturation et de «dessaturation», de nuances, de mise à jour par le grattage et le recouvrement, la couleur donne vie aux formes, leur conférant une spatialité et une structure originales. Les espaces qui s'offrent alors à notre regard sont de possibles cartes de pays imaginaires, des compositions où les tensions et les équilibres entre les carrés ouvrent de nouvelles perspectives visuelles et artistiques. Parfois on retrouve dans certaines œuvres cette étrange sédimentation d'une mémoire antique, de signes rupestres, de réminiscences orientales évoluant vers de nouveaux horizons artistiques. Bois, tissus, papiers, encre... à partir de matériaux simples, on tisse, on sculpte et on réalise de l'art. Des plages colorées, des formes géométriques ou des portraits évoquent tour à tour la vie, l'amour, le silence, la réflexion, le mouvement ou l'immobilité, et toute forme de rêve éveillé. Des espaces abstraits d'où émergent des visages, des fragments d'humanité présentant une «interaction entre le monde lyrique de rêves et le monde rationnel... Une petite fenêtre qui joint ces deux mondes». Les artistes jouent en effet du fond et de la forme, faisant de ces fenêtres de petits tableaux dans le tableau, des percées à la facture réaliste qui nous observent et nous interrogent. Profondeur, messages, univers oniriques, il appartient à chacun d'aller puiser sa richesse dans la pureté de ces peintures qui égayent le grand hall de la galerie.