Déclinaison de miroirs et déploiement de talents dans cette exposition d'œuvres d'une trentaine d'artistes intitulée " l'artiste devant son miroir " qu'abrite la galerie Yahia du 25 décembre 2009 au 12 janvier 2010. Vendredi dernier, une pléiade d'artistes et de convives assistait au vernissage de cette exposition autour du thème du miroir et de toute la symbolique qu'il comporte et occupe dans nos esprits. Des artistes connus tels que Renata Dlimi, Alia Kateb, Abdelmajid Bekri, Habib Bida, Alyssa, ou moins connus comme Amarti, Aicha Ibrahim et bien d'autres sont réunis, le temps d'une exposition qui permettra aux visiteurs d'apprécier une production picturale originale se caractérisant par la richesse de tempérament de chacun de ces artistes à travers des peintures, sculptures ou installations où la dimension esthétique trouve pleinement sa forme et son sens. Dans la série d'œuvres entre art et artisanat de Alia Kateb et Entonio Martiguetti dit Amarti, le miroir trouve une place privilégiée. Les deux peintres l'agrémentent d'un cadre fleuri exaltant la beauté et la douceur. Dans un autre tableau, Alia Kateb, artiste confirmée ayant plus d'une exposition dans sa carrière, entoure le miroir d'un brin d'exotisme en allant puiser dans le fond de la savane des animaux sauvages qui fascinent et font peur. Abdelmajid Bekri, artiste rompu à plusieurs disciplines artistiques, a choisi des motifs abstraits pour donner plus de mystère à ses miroirs. L'installation de Lilia Benzid, réalisée à partir de matériaux recyclés comme le carton d'emballage récupéré et de collage de photos en noir et blanc et bouts de miroirs, nous renvoie des instants de la vie quotidienne où les personnages jouent leur propre réalité. A l'opposé, Lamia Ben Lamine Saïdane offre dans ses œuvres, une dimension fantasmagorique, reflet de tout ce qui peuple l'imaginaire. Les dégradés de couleurs rose et parme nous transposent dans un univers joyeux alors que le second tableau, dont les tons sont ternes, verse davantage dans un monde chaotique. Adel Gouider et Ines Wesleti cernent leurs miroirs de couleur bleue rappelant la mer. Wesleti rajoute des espèces de coquillages et des épis pour appuyer encore plus son sujet. Le miroir comme symbole de l'âme, est l'œuvre de Kmar Garbaâ Ben Abdallah dans son acrylique représentant une femme allongée sur un canapé tournant le dos au miroir, échappant de la sorte à sa destinée. Le mélange de genres donne parfois de bonnes surprises. Basma Ben Yahia et Raoudha Hamrouni nous fournissent la meilleure preuve que le cuivre et le tain forment un bel alliage. La solidité de l'un et la fragilité de l'autre sont la métaphore de l'homme de la femme. Un diptyque non dénué d'audace. Pour sa part, Houda Ajili pousse l'audace à son extrême en installant des morceaux de miroirs sur le sol qui renvoient les images d'une peinture suspendue avec des fils. Une forme de distanciation avec l'œuvre traversée par la symbolique du rapport avec l'art d'une manière générale. Imparable, la peinture sur miroir. Renata Dlimi s'y adonne avec bonheur. Le triptyque qu'elle présente est formé de signes et symboles issus d'un patrimoine tunisien séculaire. Afifa Tanfous adopte la même technique sans toutefois employer la même démarche. Leila Sellami propose une série de portraits défigurés, quant à Aicha Ibrahim, elle rehausse son miroir haut en couleurs d'une foultitude de personnages féminins suivant une tradition de peinture naïve dont les caractéristiques sont assez attendrissantes. Rahma Bouderballa, dans ses compositions aussi denses que variées, spécifie par cette mention : " Ceci n'est pas un miroir " mais, on l'aura compris, c'est une oeuvre picturale ayant nécessité beaucoup de travail et d'abnégation. Habib Bida, Zoubeir Lasram, Alyssa et Sami Salhi apportent, à cette exposition à majorité féminine, une touche de pro sensiblement différente où se déploient toute la maîtrise et la maestria qui donnent à l'œuvre , une grâce et énergie pétillantes. " L'artiste devant son miroir " vaut le détour.