Au lendemain de son arrivée du Caire, où il avait participé, du 5 au 8 de ce mois, à la réunion des ministres arabes du Transport visant la promotion de la coopération arabe commune en la matière, M. Abdelkarim Harouni, ministre du Transport, a tenu, au siège de son département à Tunis, une conférence de presse au cours de laquelle il vient de lancer les dernières nouvelles se rapportant à l'aviation civile. C'est que l'Office de l'aviation civile et des aéroports (Oaca) et la compagnie turque TAV sont parvenus à un accord stipulant la maintenance et l'entretien de l'aéroport de Monastir, ainsi que la répartition du trafic aéroportuaire à égalité avec l'aéroport d'Enfidha, à raison de 50% pour chacun. L'autre nouvelle revêt un caractère maritime, ayant spécifiquement trait au port de Radès qui a battu, pour la première fois dans l'histoire, un record de 60 jours sans retard, au cours desquels l'on n'a enregistré aucun navire en attente. Un point marqué en faveur de la navigation maritime en Tunisie. Autant de déclarations ont été communiquées à chaud avant d'aborder le secteur du transport dans tous ses états. D'importantes révélations qui n'ont surtout pas occulté les difficultés dont souffre le secteur et la situation de transformation qu'il commence à traverser, avec à son actif un grand chantier de réforme et de restructuration. Evoquant le ciel ouvert, communément connu sous le terme «Open Sky», le ministre a indiqué qu'une délégation tunisienne de responsables concernés et d'opérateurs dans le transport aérien s'envolera, le 13 novembre, pour Bruxelles avec pour mission le lancement des négociations tuniso-européennes sur l'ouverture de l'espace à l'aviation civile entre les deux parties, mais aussi avec le reste du monde arabe. Sachant que le Maroc, suivi ensuite de la Jordanie, a déjà été intégré dans le système de l'Open Sky. Deux expériences voisines desquelles la Tunisie, aux dires de M. Harouni, compte s'inspirer. Pour que les aéroports de la région s'ouvrent largement à l'international, face à la concurrence et à l'échange du trafic. «En ces temps de transition, nous avons confiance en nos compétences et en nos compagnies publiques et privées à être plus compétitives pour prendre place dans le ciel... Il s'agit d'un défi à relever pour mieux se positionner dans l'espace aéronautique», insiste-t-il. Et d'enchaîner, sur cette même lancée, que la visite récemment effectuée par une délégation d'aviation civile qatarie à Tunis s'inscrit dans le cadre de l'échange d'expertises et l'impulsion du rythme de la coopération bilatérale en la matière. «Cela, bien évidemment, dans la perspective de renforcer nos transporteurs publics et privés et d'améliorer leurs capacités et la qualité de leurs services», renchérit-il. Convention bilatérale Pour éviter les rumeurs infondées et dissiper l'équivoque qui règne, ces jours-ci, au sujet de l'exploitation du ciel tunisien, le ministre a relevé qu'il s'agit là, d'une convention bilatérale signée entre les deux pays depuis 1984, mais qui est restée lettre morte. Et il fallait s'attendre à ce qu'un nouvel accord soit signé en 2002 pour donner aux Qataris l'autorisation d'exercer ce que l'on appelle la cinquième liberté. C'est-à-dire la desserte d'autres lignes aériennes à partir du ciel tunisien, tout en exploitant, si besoin est, l'aéroport de Tunis-Carthage. C'est pourquoi, a-t-il encore expliqué, la récente visite du groupe qatari a eu pour objet la signature d'un mémorandum d'entente y afférent. D'autant plus que les anciens accords tuniso-qataris seront, à cet effet, révisés, en vue de préserver les intérêts de chaque pays. Alors que certains n'ont pas manqué, à ce sujet, de déclarer de fausses allégations, faisant, à tort, circuler des rumeurs sur l'intention du gouvernement d'affaiblir Tunisair et la possibilité de la vendre aux Qataris. «Ce qui n'est pas le cas, car l'intérêt du pays est au-dessus de toute autre considération», a insisté M. Abdelkarim Harouni. Cependant, l'ouverture de l'espace international et l'intégration dans le système du ciel ouvert, avec la concurrence acharnée et les exigences de la qualité qu'il faut, nous imposent d'être à la hauteur de ces grands défis. D'où l'impératif d'une restructuration et bien des réformes en profondeur, notamment au niveau de la compagnie nationale Tunisair. A ce propos, le ministre n'a pas hésité à louer le nouveau cap que cette compagnie vient de franchir aussi bien sur le plan de la direction que celui de ses représentations à l'étranger à la faveur des concours organisés. Contrairement à ce qui se faisait auparavant, où les recrutements et les nominations étaient, alors, détournés, émanant le plus souvent du palais de Carthage. «Aujourd'hui, il n'est plus question de revenir en arrière. Ainsi, les rôles et les missions seront, désormais, répartis et confiés de façon judicieuse et responsable», promet-il. Tunisair se redéploie Et de poursuivre que Tunisair s'apprête, d'ici la fin de cette année, à proposer un projet de réforme et de restructuration. Il s'est dit optimiste quant à l'avenir de cette compagnie qui, malgré le fardeau financier dont elle souffre, est parvenue à atteindre, en 2012, 3 millions et 800 mille passagers. Un nombre qui pourrait prochainement dépasser les 4 millions de voyageurs. La restructuration de Tunisair devrait aller de pair avec celle de l'Oaca, en tant que structure de tutelle. D'après lui, cela commande également la réforme structurelle du ministère du Transport et la révision de ses prérogatives principales pour permettre au secteur de voler de ses propres ailes. Car, en vertu de la réforme de 1998, l'on a assisté à un véritable effritement des pouvoirs qui demeurent abusivement dispersés entre le ministère, l'Oaca et l'Office de la marine marchande et des ports (Ommp). Et pour cause, «un rapport sur la stratégie de restructuration du secteur sera, ainsi, fin prêt d'ici juin prochain pour délimiter les responsabilités et clarifier les attributions de chaque partie prenante», prévoit-il. Et ce, contrairement à ce qui a été dit en ce qui concerne les tentatives de séparation de l'Oaca des structures dépendantes, selon le ministre. Négociations avec l'Ugtt Ce qui a interpellé l'intervention de la Fédération générale du transport et les syndicats relevant de l'Ugtt, accusant le ministère d'avoir la mainmise sur le secteur et de prendre des décisions démesurées et improvisées. Infirmant ces informations qu'il a jugées dénuées de toute vérité, M. Harouni a affirmé avoir lancé, maintes fois, plusieurs négociations avec l'Ugtt et la Fédération générale du transport sur différentes questions dans le domaine, sans aucune exclusion. «Et l'on a réussi à annuler beaucoup de grèves sectorielles», a-t-il fait savoir. Le ministre a rappelé que le mouvement de protestation qui a été organisé jeudi dernier devant le ministère par le personnel de l'Oaca rentre dans les procès d'intention basés sur de fausses rumeurs à propos de la dissolution des offices (Oaca et Ommp). «Et pourtant, nous continuons à négocier avec les structures professionnelles et syndicales pour rompre avec les anciennes pratiques qui ne faisaient que paralyser la marche du secteur et freiner son décollage», a-t-il rassuré, en promettant de réviser toutes les nominations et les recrutements ayant été décidés au cours des cinq dernières années. En conclusion, le ministre a annoncé que le ministère déménagera, bientôt, dans son nouveau siège à Montplaisir à Tunis. Il y aura, selon lui, un regroupement de tous les départements afin de faciliter l'accès au ministère et de rapprocher les prestations du citoyen. «Cette conférence pourrait être la dernière dans ces locaux. En raison des dossiers de corruption, ce siège fera l'objet d'une confiscation légale», conclut-il.