Le jardin d'enfants en Tunisie est un espace de garde des enfants âgés de 3 à 6 ans. C'est le premier lieu pour plusieurs d'entre eux pour découvrir la vie en collectivité. Une étape pour les préparer à l'école. Entre le social et le pédagogique, les animatrices des jardins d'enfants travaillent avec le souci permanent de respecter le rythme de chaque petit. Dans cette même logique, cet espace adapté à cette catégorie d'âge favorise la communication et l'échange entre les parents et le personnel d'encadrement. «C'est dans cet espace que l'enfant est véritablement préparé à la socialisation. Pendant les heures d'absence des parents et avec l'aide des animatrices, l'enfant apprend peu à peu à s'intégrer dans un nouveau monde grâce à un programme pédagogique élaboré pour accompagner l'enfant dans son développement personnel et social. Ces enfants sont placés dans des groupes ne dépassant pas 23 sous la responsabilité d'une animatrice. Chaque enfant, selon le cahier des charges, a le droit à un espace de 1,5 m2 dans une salle fermée et 3 m2 dans l'espace extérieur», explique M. Walid Amouri, le chef de service de la délégation régionale de l'enfance à Sfax. Sfax compte actuellement 338 jardins d'enfants. Le secteur est organisé par un cahier des charges élaboré en avril 2008. Ce cahier des charges interdit l'ouverture d'une crèche, d'un jardin d'enfants et d'une garderie dans le même local. Les sanctions peuvent aboutir à la fermeture du local. M. Amouri a souligné que ce phénomène s'est accentué après la révolution dans la région sfaxienne. La délégation régionale de l'enfance compte 8 inspecteurs et cadres pédagogiques qui font des visites sur le terrain et contrôlent 550 institutions d'enfance. Cette tâche est assez difficile pour détecter tous les problèmes et les dépassements dans les différents jardins d'enfants, crèches et clubs. La délégation compte énormément sur la collaboration des parents pour dénoncer les dépassements observés dans ces institutions. A cet âge, l'enfant aime jouer, découvrir par lui-même les autres et le monde et ainsi montrer à ses camarades et aux autres des traits de sa propre personnalité. Il a besoin d'un espace suffisant pour s'exprimer. «Le jardin d'enfants doit ouvrir à l'enfant un champ d'expériences et d'apprentissages sociaux tels que la rencontre, la résolution des conflits, le partage, la collaboration, le respect des autres. Certains parents précipitent les étapes. Ils veulent que leurs enfants apprennent à lire et à écrire dès l'âge de trois ans. Ils doivent comprendre que dans les jardins d'enfants on parle d'animateur pédagogique et non d'instituteur. Les tâches sont tout à fait différentes. Nous avons, également remarqué, que certains parents ne collaborent pas convenablement avec les animatrices. L'essentiel pour eux est de trouver un jardin proche de leur domicile ou de leur lieu de travail. Ils oublient de lire la réglementation intérieure, de demander un aperçu sur les activités et le programme pédagogique de cette institution», ajoute notre interlocuteur. La majorité des jardins d'enfants sont dirigés et animés par des personnes qui n'appartiennent pas au domaine de l'enfance. Par exemple, à Sfax, 20 personnes seulement travaillant dans le secteur sont des diplômés de Carthage-Dermech. «D'autre part, le secteur de l'enfance est réparti sur trois ministères, notamment ceux des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, des Affaires religieuses pour les kottebs et de l'Education. La coordination entre les trois départements est absente. La première victime de cette indifférence est l'enfant, désigné dans les manifestations par l'enfant roi!». Dans ce même registre des efforts limités dans le domaine de l'enfance, nous soulignons que le gouvernorat de Sfax ne possède pas une direction régionale de l'enfance. Il fait partie de la direction de l'enfance du Centre-Est qui regroupe quatre gouvernorats : Mahdia, Monastir, Sousse et Sfax. «Le secteur de l'enfance doit passer par une mise à niveau pour suivre les nouveautés. Des conférences régionales ont été organisées ces derniers mois pour diagnostiquer la situation actuelle et préparer une conférence nationale. Le premier point évoqué est la nécessité de remplacer le cahier des charges de l'ouverture des jardins d'enfants par une autorisation du ministère de tutelle. De même, les procédures de fermeture d'un jardin d'enfants ne doivent pas prendre des mois. En ce qui concerne les cadres pédagogiques et les animatrices, ils doivent appartenir au domaine de l'enfance. Actuellement, nous avons de nombreux diplômés de Carthage-Dermech au chômage. Un autre volet mérite d'être évoqué, celui de la nécessité de la généralisation des classes préparatoires dans les jardins d'enfants. Les fêtes de fin d'année doivent être nécessairement organisées dans ces institutions de l'enfance et non dans les salles des fêtes ou les hôtels, tout en respectant la santé mentale et physique de l'enfant», explique le chef de service de l'enfance à Sfax. Au cœur des différentes conférences, la question des écoles coraniques a été évoquée. Ces écoles n'appliquent pas le programme pédagogique national.