Par Néjib OUERGHI L'année 2013, que nous accueillerons dans moins de quarante-huit heures, apportera-t-elle des réponses à toutes nos attentes et à nos espérances ? Permettra-t-elle de dissiper le flou qui continue d'entourer la vie politique, économique et sociale ? La nouvelle année viendra-t-elle éloigner définitivement l'ogre qui ne cesse de menacer le processus de transition démocratique et, partant, la sécurité, l'unité et la stabilité de la Tunisie, en l'occurrence la violence politique et le terrorisme ? Après une année difficile, agitée et ponctuée de nombreuses crises, on a eu l'impression que notre pays ressemble à un bateau ivre. Plus d'une année après l'élection du 23 octobre 2011, ni la nouvelle Constitution du pays n'a été élaborée, ni les instances qui devraient régir les prochaines élections, le système judiciaire ou le secteur de l'information ne sont devenues opérationnelles, ni l'économie du pays n'a réussi à retrouver son rythme normal, ni les régions intérieures n'ont observé un début de changement et ni la situation sociale ne s'est améliorée de façon optimale.... Au regard de ce constat peu reluisant, nous formulons l'espoir pour que la prochaine année soit meilleure que celle qui l'a précédée. Notre premier vœu est de voir les constituants prendre la mesure de la gravité de la situation, assumer leurs responsabilités et se mettre rapidement à l'ouvrage par l'élaboration de la nouvelle Constitution. Une Constitution qu'on souhaite qu'elle soit le fruit d'un large consensus entre toutes les forces politiques et sociales nationales. Une loi fondamentale qui ne doit pas approfondir les divisions entre les Tunisiens, mais plutôt les rassembler autour d'un projet commun. Un projet qui est censé donner corps à l'Etat civil et démocratique, aux libertés et aux droits auxquels tous les Tunisiens ont toujours aspiré. En dépit de toutes les dissensions, les polémiques et les querelles qui ont jusqu'ici bloqué ce processus, il est encore possible de rattraper le temps perdu et de rectifier le tir en recentrant le débat sur des objectifs communs et des ambitions communes qui expurgerait ce projet de toute dimension partisane ou idéologique. Dans cette phase décisive de notre histoire, il faut admettre qu'on est encore en période de transition et de construction de la nouvelle démocratie. Pour cela, la voie est balisée dans la mesure où «il n'y a qu'une façon d'apprendre, c'est par l'action». On souhaite que 2013 — et c'est notre deuxième vœu — vienne exaucer une attente de plus en plus pressante: l'organisation des élections dans leurs délais. Même si aucune date définitive n'est encore annoncée, l'organisation des élections présidentielle et législatives est de nature à ouvrir de nouvelles perspectives devant le pays, à chasser le doute et le flou, à restaurer la confiance et à mettre fin à un attentisme que les milieux politiques, économiques et sociaux ont de plus en plus du mal à supporter. Cela présuppose l'achèvement dans les délais impartis de la rédaction puis de l'adoption de la nouvelle Constitution et, surtout, la fixation d'une feuille de route définitive et consensuelle sur les prochaines échéances politiques. L'intérêt de la Tunisie, sa stabilité et sa sécurité restent tributaires de la disposition des uns et des autres à parvenir à un compromis qui sortirait le pays de l'engrenage des polémiques et des surenchères politiques improductives. Le troisième vœu se rapporte à la capacité du pays, en cette période de fortes turbulences, de juguler la violence politique et le terrorisme. Des phénomènes qui constituent désormais une menace réelle pour la sécurité de la Tunisie, son unité et ses intérêts vitaux. L'émergence de groupes terroristes armés se réclamant d'Al Qaïda au Maghreb islamique et la multiplication des incidents, du sud au nord du pays, et des cas de saisie d'armes et de munitions, exigent plus que jamais un engagement fort et un traitement efficace qui mettraient ces groupes hors d'état de nuire. Notre quatrième vœu est d'ordre économique. Puisse le pays retrouver, en cette nouvelle année, le chemin d'une croissance soutenue, solidaire et durable et de la paix sociale. Le défi est de taille, dans la mesure où le secteur productif national fait face à une crise aiguë et à des pressions énormes tant au plan intérieur qu'extérieur. Pour pouvoir espérer une relance effective de l'activité, une évolution significative de l'investissement, une amélioration notable de la productivité, une impulsion réelle de l'effort de création d'emplois et une bonne résistance aux chocs exogènes, une seule condition devrait être satisfaite : restaurer la confiance. Cette dernière sera tributaire de la nature et de la qualité du signal que la sphère politique sera en mesure d'émettre. Enfin, le cinquième vœu pour 2013 se rapporte à l'efficacité de l'action gouvernementale. On espère ainsi que le feuilleton du remaniement ministériel, longtemps annoncé mais non encore opéré, trouve vite son épilogue. Cette affaire, qui remonte déjà à plus de cinq mois, a été exploitée par certains à des fins électoralistes au moment où l'on ne finit pas d'espérer conférer à l'action du gouvernement cohérence, consistance et efficience. Que de temps perdu dans des questions superflues, alors que les projets publics inscrits au titre de 2012 peinent à démarrer, et les programmes, devant répondre à des attentes, parfois urgents, dans les régions intérieures, sont encore en souffrance dans les tiroirs en raison de la complexité des procédures administratives. Bonne année 2013.