Comment définir la liberté artistique ou la liberté dans l'art? Quels sont les domaines du sacré et du profane? Quelles sont les véritables entraves qui limitent la liberté de création? Tels sont les principaux points qui ont été abordés au cours de communications-débats qui ont animé le séminaire ayant pour thème : Art et liberté, qui a eu lieu vendredi dernier, au centre culturel, à l'occasion du premier colloque national des arts. «Toutes les spiritualités et les religions “installent" une séparation entre le sacré et le profane. Le sacré étant ce qui se passe sous la lumière du temple ou du sanctuaire, alors que le profane, c'est ce qui se trouve hors du temple», a indiqué Youssef Seddik, écrivain, philosophe et anthropologue, au cours de son intervention, avant d'enchaîner qu'à la différence des deux premières religions monothéistes (judaïsme et christianisme), l'islam a fait disparaître totalement la notion du temple et tout «le personnel» de celui-ci (prêtres, moines, rabbins...). Il n'y a plus d'intermédiaires et de médiations entre le Créateur et celui qui l'adore. Il a poursuivi en précisant que «cela a eu une incidence sur la notion du sacré». Liberté et esthétique de libération En effet, l'espace sacré n'est plus limité, c'est toute la planète des humains qui est sacrée. C'est l'homme, lui-même, qui détermine sa sacralité, selon une intime conviction. Le foulard de ma mère, a-t-il ajouté, peut être sacré, mais pour moi seulement. Jamais, l'unanimité n'est acquise à l'égard d'un lieu, d'un objet ou d'un personnage dit sacré. C'est pour cela que la liberté est totale, que ce soit dans la sacralisation ou la désacralisation de ce que l'on veut. «La seule limite est celle qui fonde le politique et la coexistence citoyenne, c'est-à-dire que comme l'a dit Rousseau dans “Le contrat social", ma liberté s'arrête là où commence celle des autres», a-t-il conclu. M. Ali Araïssi, docteur en sciences et techniques des arts, enseignant à l'Institut supérieur des arts et métiers de Kairouan, a indiqué au cours de son intervention qui a porté sur «Liberté et esthétique de libération», que la liberté est la dimension ontologique de l'activité artistique. En l'absence d'une société civile, active et autonome, le politique peut menacer les libertés, entre autres, celles de l'expression, des droits de l'homme... Il a ajouté que l'artistique représente toujours une résistance contre le totalitarisme, la dictature, la violence et milite pour la citoyenneté et l'universalité des droits. «L'universalité esthétique dépasse le contingent, qu'il soit politique ou éthique», a-t-il conclu.