Par Zouheïr EL KADHI (*) Voici notre première tribune de l'année 2013. Permettez-moi, avant toutes choses, de souhaiter à tous les lecteurs une bonne année. Que la santé vous accompagne tout au long de cette nouvelle année et puissent vos vœux se réaliser ! Une bonne année sur le plan économique et une reprise des marchés financiers seraient également bienvenues, même si l'année 2013 s'annonce encore comme très difficile. Depuis quelques mois, on se pose de nombreuses questions sur la trajectoire de la croissance économique, la faiblesse de l'investissement, la hausse de l'inflation, etc. Le Tunisien a le sentiment de vivre aujourd'hui dans un système économique et social figé, ce qui suscite, par conséquent, beaucoup d'inquiétudes. Le gouvernement en place, soucieux des mouvements de l'opinion publique, se trouve ainsi contraint à suivre des comportements de Stop and Start sur les réformes, contribuant eux-mêmes à l'instabilité. Aujourd'hui, c'est l'investissement des entreprises qui est le maillon faible de la conjoncture. Il reste désormais plombé par l'attentisme des entreprises. Les entreprises limitent leurs investissements, elles ajustent leurs effectifs et leurs coûts de production. Les ménages reportent un peu leurs gros achats, ils se réfugient dans les placements les plus sûrs et, en particulier, l'immobilier et les liquidités immédiates. Au-delà donc de la reprise timide annoncée pour cette année, la dynamique vertueuse d'une croissance riche en emplois est à reconstruire. L'année 2013 sera sans doute difficile, socialement et économiquement, et pas seulement à cause d'une malchance extérieure. La crise financière internationale, c'est l'évidence, ne facilite pas les choses. Ce qui est en jeu, cependant, c'est la capacité de remettre la machine économique en marche pour remonter la pente. Comment retrouver rapidement les chemins de la croissance ? Nul n'ignore que la situation est extrêmement difficile. Les responsables en place doivent surtout prouver qu'ils savent gérer une situation conjoncturelle difficile en fixant des objectifs et définir comment les atteindre. Nous proposons dans ce qui suit quelques priorités pour 2013 : Il faut proposer un agenda politique ferme : la stabilité politique est particulièrement déterminante en cette période de transition, voire une condition sine qua non pour la relance économique. En effet, une croissance aussi rapide sur une aussi longue période demande une orientation politique ferme. Dès lors, il devient nécessaire de rechercher les conditions nécessaires de l'incontournable stabilité : de la confiance, du dialogue et de la sécurité. Il faut un choc de confiance : malheureusement, le choc de confiance n'a toujours pas eu lieu dans notre pays, et la méfiance entre les gouvernants et les gouvernés demeure à son plus haut niveau. Aujourd'hui, il faut surtout éviter de se perdre dans d'infructueux débats et que les autorités en place arrêtent un plan de transition économique, communiquent au public leurs objectifs et convainquent la population que les sacrifices ne seront pas vains. Ils n'y parviendront que si leurs promesses sont crédibles et s'adressent à l'ensemble de la population, et si elles donnent aux gens l'assurance qu'eux-mêmes et leurs enfants bénéficieront davantage qu'auparavant de leur part des fruits de la croissance. Il faut un programme économique et social réaliste: en effet, une vision macroéconomique même de court terme envoie des signaux importants au secteur privé sur l'orientation des politiques économiques et sur la crédibilité de l'engagement des pouvoirs publics à gérer l'économie avec efficience. Un climat de sécurité et de stabilité permet la planification à long terme et encourage les agents du secteur privé à développer leurs capacités de production. Sur le plan budgétaire, et après avoir voté la loi de finances, il faut agir rapidement, car la reprise dépend de façon cruciale des moteurs exogènes de croissance, autrement dit de la politique budgétaire. En effet, la politique budgétaire doit être intelligemment gérée pour remettre l'économie sur la voie de la reprise. Il faut chercher à limiter les déséquilibres macroéconomiques: aujourd'hui, chacun s'accorde à reconnaître que l'économie tunisienne fait face à des déséquilibres macroéconomiques inquiétants. En effet, les difficultés et les déséquilibres (déficit budgétaire, déficit courant, inflation, etc.) se multiplient rapidement. On entre dans un cercle dans lequel la stagnation entraîne le pessimisme et le pessimisme entraîne la stagnation. Il faut éviter la dérive dans ce cercle vicieux qui menace la paix sociale et qui risque de tuer dans l'œuf toutes prémisses de reprise.