En ces temps faits de pressions et de contradictions, chacun de nous est confronté à des situations quotidiennes qui, jour après jour, lui minent le moral. On a donc vraiment besoin, de temps à autre, d'un «coup» de rire pour gérer le stress et pour s'en soulager, un tant soit peu. Le public, relativement nombreux, qui est allé voir, vendredi dernier, Fayçal Lahdhiri et Bassem Hamraoui qui donnaient, à El Teatro, leur toute dernière pièce intitulée Stand-by (en attente), n'a pas regretté le déplacement. Cet inséparable duo, que les téléspectateurs ont découvert dans l'émission «Labès» sur la chaîne Attounoussia, a tenté de nous offrir une petite pause dans leur Stand-by, nous proposant une expérience assez drôle qui consiste en un voyage aventureux entre différentes tranches de temps. Un univers fantastique qu'ils nous ont fait découvrir par un zapping d'une époque à une autre et d'un monde à un autre, appuyé par la présence d'une galerie de personnages aux contours divers. Stand-by, mise en scène par Moez Gdiri, produite par Alkaz'art plus et jouée, pendant une heure, par le duo Fayçal et Bassem, dans une sacrée ambiance, installée dès la première minute. Les deux interprètes, en plus de leur air gai et joyeux, étaient très à l'aise dans l'incarnation des personnages, tantôt typiques, tanyôt caricaturaux, qu'ils ont choisis. Les deux protagonistes, bien installés sur leurs chaises aux couleurs fluorescentes, dont l'orange et le vert étaient assortis à leurs pull-overs, nous ont emmenés dans leur monde bourré de situations comiques, de gestuelle pleine de sous- entendus et de mots à double sens. Du monde des Schtroumpfs et de leur Gargamel jusqu'à ceux emblématiques du détective privé et du Fugitif, Fayçal et Bassem sautaient allègrement d'un personnage à un autre, recréant l'ambiance de séries phares et de dessins animés des années 1970 jusqu'aux années 1990, qui ont bercé notre enfance. Dans des scènes amusantes, fruit d'un travail de recherche fort remarquable sur la gestuelle, l'expression du visage et sur le texte sous forme de petits sketches, ils ont montré le côté drôle (parfois abracadabrant) de la vie, à partir de plusieurs types de personnes que l'on peut rencontrer tous les jours. Ainsi voit-on l'éboueur, l'agent de police, le chômeur, le dragueur et... leurs sacrées de manières. Et comme un peu de danse, surtout quand elle est frénétique, ne pouvait qu'accentuer la décontraction et la joie qui marquaient, les deux protagonistes nous en ont offert, tout en procédant à l'imitation de certains sons d'objets, d'animaux et d'autres, révélant une fois de plus leur talent d'artistes du burlesque. A la manière de Mr Bean, ils font de tout événement, ou situation, une source d'ennuis dans la vie de tous les jours. Un voyage amusant où ils ne manquent pas de nous raconter l'histoire de leurs personnages et la vie de chacun d'entre eux, à travers lesquelles on retrouve les siennes propres. La pièce est ainsi un miroir qui reflète la réalité des gens, montrant leurs pires défauts, dans des situations qui font rire aux éclats. La femme, le pirate, autres personnes «composites» auxquelles manquent un membre ou un quelque autre organe, sont présents dans la pièce, suscitant, certes, le rire du spectateur, mais l'amenant aussi à s'interroger sur plusieurs problèmes de la vie quotidienne, qui peuvent, parfois, passer inaperçus. Sur les rythmes des chansons tubes des années 1980 et incarnant des rôles de séries cultes, les deux acteurs, stylés et maniérés, ont épaté l'assistance avec une scène très marrante, extraite d'un feuilleton, qu'ils ont jouée en trois versions, tunisienne, égyptienne et syrienne. Entre rythme accéléré et rythme lent, ils ont mis en exergue les différences entre les dialectes des trois pays. Du théatre, de la danse et du show; un mélange de styles et de genres, Stand-by est tout cela à la fois. Pour ceux qui ont raté cette promenade faite de rire, ils peuvent vivre une heure de vraie détente demain, ainsi que les 10 et 11 janvier courant, dans le même espace El Teatro.