Symbole de réussite en matière de lutte contre le terrorisme, l'exemple algérien s'amène dans nos murs. De mauvais augure pour Al Qaïda Nous avions rapporté, dans un précédent article et en exclusivité, qu'une action commune en matière de lutte contre le terrorisme venait d'être établie entre la Tunisie et l'Algérie. Une action sans doute prometteuse, d'autant plus que les signes avant-coureurs de sa réussite commencent, mine de rien, à se faire sentir, rien qu'en se référant aux dernières nouvelles qui font état d'un léger mieux constaté aux frontières entre les deux pays. Là où les barrages policiers et les postes de garde érigés par l'armée le long des frontières des deux côtés ont eu, plus vite que prévu, leur effet dissuasif aussi bien sur les jihadistes que sur les contrebandiers. Jumelles en avant, le doigt sur la gâchette, les soldats et forces de sécurité intérieure «tuniso-algériens», avec le soutien aérien des hélicoptères, opérent la main dans la main, selon une source policière bien informée qui avoue qu'«on a beaucoup gagné en efficacité au contact de nos homologues et frères algériens sur lesquels nous accusons, il est vrai, un grand retard sur la voie de la lutte contre le terrorisme». Et d'expliquer que «leurs conseils pratiques, les renseignements qu'ils nous distillent ainsi que les méthodes d'investigations et de poursuites nous ont été d'une utilité certaine. D'où la nécessité de développer davantage cette collaboration pour le bien des deux pays qui restent encore, qu'on le veuille ou pas, exposés aux menaces d'Al Qaïda». Si Aqmi m'était contée C'est dans les années 90, avec le déclenchement de la guerre civile, que le bras de fer a commencé entre l'Algérie et la nébuleuse intégriste, et il a alors fallu une lutte de longue haleine et payée au prix fort (des milliers de morts et de blessés) pour voir enfin le pouvoir rétablir l'ordre et réinstaurer la paix. Une victoire saluée à l'époque par les Américains comme un exploit, étant donné la vocation sanguinaire des jihadistes, la solidité de leurs structures et le redoutable arsenal qu'ils possédaient et qu'ils avaient éparpillé un peu partout dans le territoire algérien. Mais, ce qui est encore plus frappant, c'est que les dirigeants de ce pays, bien que galvanisés par ce succès retentissant, n'ont jamais baissé la garde, parce que tout simplement persuadés qu'ils ont affaire à des «démons» qui peuvent s'éveiller à tout moment. C'est pourquoi, dès que ces derniers reviennent à la charge, ils se font automatiquement mettre hors état de nuire. Certes, des rapports sécuritaires éventés récemment s'accordent à dire qu'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) reste actif dans certaines régions algériennes, particulièrement dans les départements de Boumerdès et de Tizi Ouzou. Mais il est non moins certain qu'il n'a plus la latitude de frapper avec la facilité d'antan. C'est que les forces de sécurité et de l'armée, désormais mieux aguerries dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, sont vaccinées contre l'effet surprise, à la faveur d'une stratégie préventive qui ne laisse rien au hasard. En effet, l'Algérie ne vient-elle pas de rendre publique une liste de 400 jihadistes de différentes nationalités arabes appelés à perpétrer des attentats meurtriers dictés par l'homme fort d'Aqmi, Abdelmalek Droukdal, alias «Abou Mossaâb Abdelwadoud»? L'armée algérienne n'a-t-elle pas entamé, depuis septembre dernier, et pour une année, un cycle d'entraînements intensifs destinés à l'amélioration des méthodes de combat dans le Sahara et les régions montagneuses ? Dans le même ordre d'idées, l'armée algérienne a redoublé, récemment, d'efficacité à nos frontières, en tuant le caïd d'un dangereux réseau à la solde d'Aqmi après avoir réussi, quelques jours auparavant, à démanteler un camp d'entraînement de jihadistes à Souk Ahras, en rapport avec celui implanté et démasqué à Jendouba. Sur leur lancée, les forces de sécurité et de l'armée algériennes avaient déjà «éliminé» plusieurs lieutenants de Abdelmalek Droukdal dont le dangereux Fateh Bouderbala, «émir» d'Aqmi pour la région d'Alger, et qui était recherché pour avoir commandité de nombreux attentats dont celui d'Alger qui a fait 31 morts et des centaines de blessés. Autant dire que, forcément, le modèle algérien en la matière ne peut pas ne pas être copié, voire adopté. C'est maintenant chose faite, scellée qu'elle fut par la visite de travail effectuée récemment en Tunisie par le ministre algérien de l'Intérieur, Dahou Oueld Kablia, à la tête d'une forte délégation composée essentiellement de hauts cadres de l'armée et de la sécurité dont les incontournables Hallouli Ammar et Mohamed Boustila. De bon augure.