Contrairement aux nouvelles qui ont couru, c'est l'espace El Hamzia, appartenant à la municipalité de Tunis, qui été mis sous scellés par l'imam Labidi et non la Khaldounia. L'encre a coulé à souhait sur les journaux et sur les pages du Net à propos de la Khaldounia, cette bibliothèque chargée de 20.000 volumes inédits et dont les murs conservent encore les empreintes du passé. On a écrit que ce monument, qui fait partie du patrimoine, a été mis sous scellés par Cheikh Hassine Labidi, l'imam «auto-proclamé» de la mosquée Zitouna. Interviewé par notre collègue Héla Lahbib (lire La Presse du 08-01-2013), ce dernier a déclaré que «la Khaldounia fait partie des “wakf", biens de mainmorte de la Zitouna», et qu'il a bien l'intention de récupérer tout ce qui revient à celle-ci de droit. Mais le Cheikh et tous nos confrères qui avaient rendu compte de l'évènement se sont trompés de lieu. Il est désormais établi que c'est El Hamzia, une «medressa» toute proche, qui a été mise sous scellés par l'incorrigible Cheikh Labidi. Cet espace, peu connu et qui appartient à la municipalité de Tunis, se trouve dans la même rue El Attarine, au numéro 65, entre la Khaldounia et un autre espace appelé El Asfouria. Nous nous sommes rendus sur les lieux pour constater les faits : la porte bleue d'El Hamzia est bel et bien scellée avec un cadenas et une énorme chaîne. Tandis que la porte jaune de la Khaldounia ne donne aucun signe d'occupation. Renseignement pris, il s'avère que le ministère de la Culture dont dépend la Khaldounia a préféré fermer provisoirement cet espace, en attendant que les choses se tassent. On nous apprend également qu'El Hamzia appartenait, il y a très longtemps, à l'une des grandes familles de Mahdia, qui n'est autre que la famille Hamza. Elle servait de foyer aux étudiants de la Zitouna, originaires de cette ville du Sahel. Récupérée par l'Etat, elle fut réaménagée plus tard par l'Association de sauvegarde de la Médina (ASM) et mise en 1997 sous la tutelle de la municipalité de Tunis. Aujourd'hui, elle abrite plusieurs associations culturelles et scientifiques, dont l'Association des recherches internationales et l'association d' «El fikr ettounissi», (La pensée tunisienne). Le scénario de l'événement La version, qui suit, des évènements de ce dimanche 30 décembre 2012, nous a été donnée par le gardien des lieux, Abdelaziz El Gafsi. Ce dernier a déclaré avoir tout de suite reconnu l'imam Labidi, puisque c'est à la mosquée Zitouna qu'il fait souvent ses prières. «Il était accompagné d'une quarantaine d'hommes. A mon grand étonnement, je l'ai vu donner une vingtaine de dinars à l'un de ces hommes pour lui acheter une nouvelle serrure. La Khaldounia revient à la Zitouna, a-t-il dit. Et ce n'est que le début !».». Et le gardien de continuer : «Il m'a donné une clé, en me disant sur un ton conciliant : nous ne délogerons personne !» L'après-midi, en revenant sur les lieux pour récupérer ses effets personnels, A. El Gafsi trouve la porte d'El Hamzia carrément scellée. Alertée, la municipalité a tout de suite entamé une procédure judiciaire. L'Association des études internationales a également porté plainte pour occupation irrégulière de la propriété d'autrui. En attendant, sur la porte bleue d'El Hamzia, l'imam a placardé une mise en garde contre quiconque ouvrirait le local ou en occuperait une partie. Le Cheikh de la Zitouna s'est décidemment approprié ce qui ne lui revient, à l'évidence, pas.