Quelque 23% des Tunisiens ne voteraient pour aucun parti politique lors des prochaines élections, et 16,8% seraient indécis quant au parti pour lequel ils voteront. C'est l'un des résultats majeurs récoltés par Emrhod Consulting après son dernier sondage d'opinion, réalisé entre le 22 et le 25 février dernier dans le cadre de son baromètre politique. Les sondages d'opinion se succèdent mais sans pour autant donner les mêmes résultats. Certes, les méthodes et les question ne sont pas les mêmes, mais il faut dire que plusieurs paramètres et critères entrent en jeu. Entre-temps, chaque institut de sondage valorise les sondages d'opinion et leur intérêt. Donner une image sur l'opinion publique à un instant précis à propos du paysage politique du pays. C'est l'argument que la majorité des sondeurs avancent, tout en niant le fait que ces sondages peuvent influencer l'opinion publique d'une manière ou d'une autre. Bref, c'est une occasion pour relativiser ce qui est publié comme résultats par les instituts de sondage. Pour revenir sur le baromètre politique d'Emrhod, Nébil Belaam, président-directeur général, a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue hier à Tunis, que le dernier sondage a été réalisé entre le 22 et le 25 février, tout de suite après l'annonce de la désignation de Ali Laârayedh comme prochain chef de gouvernement. D'après lui, cette décision est importante sur plusieurs plans, à savoir l'avis des Tunisiens quant aux intentions de vote et leur appréciation du contexte général du pays, notamment économique et social. L'échantillon, toujours d'après Belaâm, était composé de 1.060 personnes âgées de 18 ans et plus sondées par téléphone selon le mode Cati (Computer Assisted Telephone Interviewing) et réparties sur les 24 gouvernorats (zones urbaines et rurales). Le directeur de l'institut a précisé que le taux des indécis et des non-votants demeure important, avoisinant les 40%. «C'est le réservoir électoral sur lequel les partis en course pour le pouvoir vont accentuer leur travail d'autant plus que les échéances sont encore lointaines. Cependant, les hommes politiques doivent comprendre les causes de cette indécision ou la décision de ne pas voter», a-t-il expliqué. Les Tunisiens partagés concernant Laârayedh D'après le sondage d'Emrhod, 42% des Tunisiens estiment que la désignation de Ali Laârayedh est une mauvaise chose pour le pays, contre 41% d'opinion favorable. Les 17% qui restent ne savent pas comment juger cette désignation. En comparant l'accueil de cette désignation à celle de Jebali en novembre 2011, le sondage relève que la désignation de Laârayedh a été jugée mauvaise plus que ne l'était celle de Jebali, avec 29% sur ce paramètre, contre 35,4% qui l'ont jugé une bonne chose, et 35,6% d'indécis. Pour ce qui est des intentions de vote pour les partis politiques, outre les 22,9% qui ne voteraient pour aucun parti, c'est Ennahdha qui se positionne en tête avec 19,5% devant Nida Tounès (18,7%), alors que 16,8% ne savent pas pour qui voter. Pas de changement donc en ce qui concerne le duel Ennahdha-Nida par rapport au mois de décembre 2012, d'après le même baromètre, même si l'écart s'est réduit entre les deux. En effet, ils étaient à 20,37% pour Ennahdha et 15,81% pour Nida Tounès. Alors que le premier parti a perdu presque un point, le second a gagné plus de trois points, tout comme le Front populaire, troisième, qui a grignoté plus de 2 points, allant de 5,33% à 7,5%. De même, Al Joumhouri, selon le sondage, est passé de 0,7% à 2,4%, alors que le Congrès pour la République, Al Aridha et Ettakatol ont perdu des points. Ils sont respectivement à 2,4%, 1,9% et 1%. Caïd Essebsi toujours en tête, Jebali monte Quant à la popularité des personnalités politiques et au choix des Tunisiens lors d'éventuelles élections présidentielles, c'est Béji Caïd Essebsi qui aurait la première place avec 14%, devant Jebali (12%) et Hamma Hammami (8%). «Les prises de position de Hamadi Jebali pour un gouvernement de technocrates et puis sa démission comme il l'avait promis en cas de refus de son initiative lui ont valu une montée en flèche, contrairement à Moncef Marzouki dont la chute vertigineuse continue», a expliqué Belaâm. En effet, le président de la République, Moncef Marzouki, a perdu plus de 5 points depuis décembre, chutant de 8,9% à 3,1%. Même pourcentage récolté par Ahmed Nejib Chebbi qui, lui, monte de 0,5% à 3,1%. Selon Nébil Belaâm, la chute de popularité de Marzouki est due notamment à la remise de Mahmoudi Al Baghdadi aux autorités libyennes. Finalement, le travail de l'actuel président de la République satisfait 28,7% des Tunisiens, contre 34,4% en décembre dernier, 44,5% en septembre, et 59,8% il y a an. Une autre chute, celle de l'appréciation du travail de l'Assemblée nationale constituante, qui est à 17,6% de satisfaits contre 29,6 % en décembre 2012, 41,1% en septembre et 50,2% il y a un an. Seul le rendement du gouvernement a pu récupérer un peu avec 40,4% de satisfaits contre 30,9% en décembre dernier. Un taux qui n'égale pas celui de septembre (41,4%) et de loin les 61,4% de mars 2012. L'image du chef du gouvernement démissionnaire, Hamadi Jebali, y est pour quelque chose. «Notre baromètre politique est une contribution d'Emrhod pour que les partis politiques, la société civile et les autres acteurs de la vie politique fassent des efforts pour décortiquer les perspectives du paysages politique en Tunisie», a conclu Nébil Belaâm.