Bien que fermé à la visite, ce monument est avec la Grande Mosquée l'un des plus anciens témoignages de l'architecture de la ville de Kairouan. En effet, la mosquée Ibn Khayroun ou des Trois portes possède la plus ancienne façade sculptée et décorée de l'art islamique qui nous soit parvenue et constitue un inventaire du répertoire décoratif kairouanais à l'époque aghlabide. L'utilisation de la pierre tendre sculptée a conféré à l'aspect général une aura de majesté. La façade est de composition axiale symétrique avec trois portes, dont la plus grande est placée au milieu. Encadrée de panneaux à motifs floraux et géométriques composés de feuillets à cinq ou trois lobes ouverts ou repliés, elle est surmontée d'une écriture coufique attribuant la fondation à Mohamed Ibn Khayroun (252H/866 J.-C.). La mosquée est d'une superficie modeste. Elle est composée de trois nefs parallèles au mur de la qibla. Chacune des deux colonnes, supportant le plafond, est surmontée d'arcs en plein cintre outrepassé. A l'angle nord-est se dresse un minaret qui fut ajouté à l'époque hafside, comme le prouve la dernière ligne de l'inscription écrite en caractères coufiques et le minbar, joyau de l'art ifriqiyen date du milieu du IIIe/IXe siècle et constitue la plus ancienne chaire à prêcher musulmane qui nous soit parvenue. Elle est faite de plus de 300 panneaux en bois de teck indien. La richesse de l'ornementation, dans laquelle se combinent les influences byzantine et mésopotamienne, dénote la maturité de l'art kairouanais. La maqsoura, située à droite du minbar, fut édifiée par le Ziride Al Mu'izz au début du XIe siècle. Elle permet aux princes et gouverneurs d'effectuer la prière à l'écart des autres fidèles. Faite en bois de cèdre, elle se distingue par sa belle frise épigraphique, écrite en coufique fleuri. Les panneaux se trouvant au-dessous de cette frise furent complètement restaurés à l'époque ottomane (1075H./1665 J.-C.).