Après ceux de Gafsa et de Béja, de nouveaux foyers de tension se déclarent subitement. Les instances du football national se trouvent de plus en plus sous pression. Lundi soir, la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) a rendu un verdict défavorable à l'Olympique du Kef, en Ligue 1, et au Sporting Club de Moknine, en L2. Les réactions n'ont pas tardé, ajoutant à l'atmosphère délétère qui sévit pratiquement depuis le début de saison. Les fameuses quatre dernières rencontres Le 10 mars, l'OK ne se présentait pas au stade 15-Octobre de Bizerte pour disputer une rencontre du championnat, arguant d'une panne de bus. La veille, déjà, les supporters «rouge et noir» avaient tenté d'empêcher la délégation de se déplacer à Bizerte pour protester contre le non-respect de l'ordre chronologique des rencontres, celles en retard à l'actif des Cabistes accusant un retard et traînant toujours. Avant-hier, le bureau de la Ligue faisait perdre ce match par 2-0 à l'OK, en plus du retrait d'un point de son total. L'instance présidée par Mohamed Sellami a dû au préalable consulter la fédération pour savoir si cette rencontre comptait parmi les fameuses quatre dernières de la saison à l'actif de l'OK, lequel lutte pour le maintien. Les règlements ne tolèrent en effet aucun cas de force majeure dans les quatre dernières rencontres de la saison, pas même une panne de bus. La «fédé» a donc répondu par la positive, donnant à la Ligue les outils pour l'application des règlements sur le forfait. Le président de l'OK a qualifié «d'arbitraire et gratuite» la mesure rendue par la LNFP. «Cela sent la politique des deux poids deux mesures, et tout à la fois l'opportunisme, en ce sens où l'on veut faire taire un club concerné par la relégation et qui a eu ces derniers jours maille à partir avec les instances (allusion faite à l'OBéja, Ndlr). On s'était suffisamment tu face aux injustices arbitrales, plus moyen de le faire maintenant. Si les instances veulent l'escalade, notre club est prêt au durcissement», a réagi sur le coup le patron de l'OK, Ryadh Mouelhi. La procédure de l'appel comporte certainement son cortège de passions et de partis pris. Une confusion chromatique menant en L3 L'autre mesure prise avant-hier par la Ligue «pro» a produit des effets non moins brutaux. Là aussi, cela sent la rupture et la contestation. Le 6 mars, l'arbitre Foued Bahri annule le match de la 16e journée du championnat de Ligue 2 Avenir Sportif de Gabès-Sporting Club de Moknine, estimant que les couleurs portées par le club visiteur ressemblent étrangement à celles des Sudistes. La Ligue s'en est tenue lundi à l'application de l'article 184, sanctionnant le club visiteur dans le cas de figure. Le SCM est déclaré perdant de ce match qui n'a pas eu lieu, ce qui signifie qu'il est automatiquement relégué en L3, ne pouvant plus mathématiquement échapper à la dernière place. Le Sporting a réagi en rappelant que «dès le départ, il avait toujours soutenu qu'il n'y avait aucune confusion de couleurs possible. Y compris aux yeux de l'adversaire du jour (l'ASG) et des arbitres assistants. On assiste là à une véritable farce où les règlements sont interprétés à leur guise par l'arbitre et la Ligue», fustige Moknine, qui a décidé d'interjeter appel contre cette sanction. Par-delà le débat sur des instances que certains soupçonnent de privilégier le dogmatique aux dépens du pragmatique, il y a, aujourd'hui, urgence de faire triompher la raison et le dialogue. Les juridictions sportives sont-elles souveraines ? Et les instances ? Dès lors que certains les trouvent partisanes, cela débouche inévitablement sur une impasse. Sur une posture où il ne serait pas injuste d'écrire que le ver est dans le fruit.