Tunis s'apprête à devenir la capitale du Forum Social Mondial (FSM) dont la 12e édition aura lieu du 26 au 30 du mois courant, à l'enceinte du campus universitaire d'El Manar. A quelques jours de cet événement d'envergure, les préparatifs sont, ainsi, à pied d'œuvre et le comité d'organisation est en train de peaufiner son programme. Les grandes lignes ont été détaillées lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, au siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt). Tout porte à croire que la manifestation attendue serait ouverte aux acteurs de la société civile et aux mouvements de la planète militant pour le bien-être social, la démocratie et la citoyenneté dans un monde beaucoup plus solidaire, où l'être humain est la finalité de toute action de développement. Un monde sans mondialisation sauvage, à vrai dire. Et les anticapitalistes y seront, ainsi, là pour pointer du doigt le paradoxe économique et les aberrations des politiques qui n'ont fait qu'amplifier les maux des peuples et dévoiler, de la sorte, les fausses notes de l'histoire contemporaine. Près du 70 mille invités et participants sont attendus sous nos cieux afin de peser le pour et le contre et montrer pourquoi et comment aboutir à un autre monde. Celui-ci serait-il possible ? Et à quel prix ? A partir du mardi prochain, date d'ouverture du forum, la société civile tunisienne vibrera au rythme de l'universel. Les réflexions et les propositions des différentes parties prenantes vont, en fait, converger vers un débat pluriel et diversifié autour des questions planétaires. Le chômage, la pauvreté, la démocratie, l'éducation, l'émigration, la paix sociale, les libertés et les droits humains sont autant de points de lutte et de discussions pour le meilleur du monde entier. La version tunisienne, unanimement recommandée depuis la 11e édition du FSM tenue l'année écoulée à Dakar, a donné à la Tunisie la chance d'être le premier pays arabe à accueillir un tel événement de grande portée. Ce forum constitue bel et bien une véritable consécration des luttes menées par les mouvements sociaux et la société civile tunisienne qui sont les vrais acteurs de la révolution du 14 janvier pour se libérer du joug de l'oppression et de la dictature. Soit, un soulèvement solidaire contre toutes les formes de déni et de l'exclusion qui avaient eu l'effet domino dans la région du Printemps arabe, suscitant une forte considération communautaire. Et partant l'édition 2013 sera un large espace de débat démocratique d'idées, d'approfondissement de la réflexion et d'échange d'expériences entre le réseau des ONG, des mouvements sociaux et d'organisations de la société civile qui s'opposent au néo-libéralisme et à l'hégémonie du capitalisme sauvage. Ce forum d'idées se caractérise également par sa pluralité et par sa diversité, dans une logique de respect des grands principes de la charte de Porte Alegre au Brésil, berceau du forum social mondial depuis 2001. Sa création a été poussée par son antagonisme au forum économique mondial de Davos, en Suisse. Le FSM n'est donc ni confessionnel, ni gouvernemental, ni partisan. La version Made in Tunisia, placée sous le signe de la dignité, ne devrait pas déroger à cet état d'esprit. Au premier jour, le point de départ sera marqué par l'organisation d'une marche d'ouverture du forum qui partira de la place du 14 janvier à l'avenue Bourguiba pour arriver au stade d'El Menzah. Un moment fort de la journée de mardi, 26 mars, qui pourrait mettre les assises dans un cadre spécifique. Un millier d'activités autogérées seront au menu. Elles permettront de rendre visible ce que portent les organisations et ce qu'elles souhaitent partager avec leurs homologues de par le monde. La deuxième journée sera consacrée aux processus révolutionnaires, aux guerres civiles et protestations ayant ébranlé les systèmes politiques dans certaines régions du globe. Les réflexions se pencheront, ainsi, sur la femme, la démocratie, la justice sociale, l'emploi et la lutte contre la corruption...Les débats et les conférences vont se poursuivre non-stop. De son côté, l'Ugtt se prépare à aménager un village syndical, pour l'occasion. D'autres activités seront destinées aux syndicats et organisations invités. Le FSM se veut un rendez-vous mondial auquel prendront part plus de 200 syndicats et de hautes personnalités des quatre coins du monde pour dessiner les contours d'un nouveau monde où il est possible de vivre en paix, loin des affres des tensions et des conflits armés. C'est le plus grand rassemblement humain dans un plus large espace de dialogue et d'échange interactifs. A noter également que la clôture aura lieu sur fond d'une marche de solidarité avec le peuple palestinien, en commémoration de la journée de la Terre, célébrée chaque année le 30 mars. Les manifestants vont parcourir l'avenue Mohamed IV, en partant de la place du 14 janvier, pour arriver à l'ambassade de Palestine à Tunis.