Marcello La Spina est un peintre primitif sicilien qui réside en Tunisie, depuis 1999, où il enseigne à la Dante Alighieri. Il n'est pas autodidacte, puisqu'il est diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Rome dans les sections décoration et scénographie. "Fête sicilienne" 1990 (détail), huile sur bois 210x150 cm Mais son attirance pour les décors somptueux et son goût du maniérisme (Le Carravagio, notamment) l'ont ramené à ses amours premières : la peinture, dans le plus pur naïvisme. La localité d'où il vient, Fiumefreddo, ainsi que ses environs ont les caractéristiques des paysages champêtres avec leurs vergers bigarrés, leurs mas aux tuiles rouges, leurs basses-cours et les âmes qui habitent ces lieux encore dans leurs costumes traditionnels et leurs artisanats si typiques de cette partie de la Méditerranée. Les paysages siciliens de cet artiste, paysages tels que nous les découvrions, il y a une dizaine d'années, sont d'un italianisme agréable où le cœur et l'esprit s'y trouvent entièrement engagés ; celui d'un art à la fois stylisé et idéalisé, minutieux dans les moindres détails, exubérant de couleurs, chaleureux, lumineux, théâtral. Un art qu'il a mis, depuis, au service du paysage tunisien et des scènes de la vie traditionnelle plus poétiques et romancées que conformes à la réalité. Sur les pas de Takrouna, Jeradou, Zriba… A Dar Sébastian où il expose depuis le 23 janvier dernier, Marcello La Spina a fait un décorum somptueux pour l'occasion, en plaçant,dès l'entrée de cette demeure au passé historique, des panneaux décoratifs enluminés avec, pour motifs, des oiseaux, des poissons, des fleurs et des papillons. Il n'a pas manqué aussi de nous rappeler certains des paysages (siciliens) antérieurs à ceux qu'il exécute actuellement au sujet de la Tunisie. Ainsi, une huile sur bois de grand format trône-t-elle, à elle seule, sur un mur, et si justement intitulée «Fête sicilienne» que l'artiste avait achevée neuf ans avant son arrivée à Hammamet où il vit et travaille. Une trentaine de travaux de petits et moyens formats parcourent les autres salles avenantes de Dar Sebastian qui, de par son architecture douce, ses murs d'un blanc immaculé et la végétation luxuriante qui semble la pénétrer, le leur rend bien d'ailleurs. En découvrant ces nouvelles peintures, totalement inspirées par la Tunisie, nous nous retrouvons sous l'emprise d'un charme et la puissance d'un envoûtement vraiment inattendus, tant le don du peintre et sa palette magique ont le pouvoir de reproduire et d'amplifier la beauté des choses au Pays du Cap Bon. Et il y a d'abord cette œuvre majestueuse «Petits voleurs de nids» qui rappelle, de par sa structure formelle, la «Fête sicilienne» avec d'identiques chérubins tunisifiés, accrochés aux branches des arbres, et ce même sentiment d'une nature champêtre avec comme architecture, les demeures traditionnelles de Takrouna, Jeradou ou Zriba. Une nature champêtre idéalisée à l'envi, à travers la beauté sensuelle des enfants dans des attitudes maniéristes, comme nous l'évoquions plus haut. Le ministère de la Culture avait acquis, on s'en souvient, une des premières œuvres majeures inespirées par ces hauts lieux de la berbérie. Il s'agit du «Concert onirique pour Tarkouna» qui fait aussi pendant à ces fêtes siciliennes et qui a été reproduit (en photo pour l'occasion. Mais Marcello La Spina a multiplié les démarches en s'évadant de partout dans ce Cap Bon propice à de nouvelles inspirations. Citons «Marabout à Zriba Berbère», «Dar Guiga à Takrouna», «Danse dans les orangeraies», «Drapeaux amis», etc. D'autres paysages aussi, captés à partir du Sud tunisien «Les sept dormants de Chenini» ou «Potier à Djerba». Sans oublier El Jem ou les «paysages arabesques» nés de la plus pure fantaisie de l'artiste. Dans sa démarche picturale, Marcello La Spina nous rappelle d'une certaine manière, la théorie de la cristallisation, dans l'œuvre littéraire de Stendhal où, à l'image d'une simple branche devenue scintillante sous l'effet de la neige, c'est tout le Cap Bon qui s'illumine sous l'effet de la palette magique de cet artiste qui continue sa quête du Beau, là où on s'y attend le moins. Et ce n'est pas peu dire…