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«Nous sommes déterminées à tourner la page»
Interview de Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 03 - 2013

Deux mois après la tenue du Congrès extraordinaire de l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft) le 3 février 2013 et l'élection d'un nouveau bureau exécutif dans un climat de transparence et dans le respect des dix commandements démocratiques fondamentaux aux élections, cette organisation non gouvernementale demeure neutralisée par des procédures juridiques entravant ses actions et par une intention gouvernementale — voulue ou spontanée!— de reléguer la contribution civile dans le domaine de la promotion et de la défense des droits de la femme à un plan secondaire sinon facultatif. Pourtant, les enjeux sont de taille et les défis à relever en matière de préservation et de consolidation des acquis de la femme s'avèrent être plus que déterminants notamment dans un contexte général antiféministe, à plus d'un titre. Au lieu de soutenir la société civile œuvrant pour la cause féministe et d'épauler l'une des principales organisations non gouvernementales qui a, dès l'Indépendance, participé à la mise en place des premiers jalons de l'équité entre les genres, le gouvernement affiche une méfiance menaçante pour cette ONG. L'Unft voit ses premiers pas vers un parcours nouveau, car démocratique et indépendant, entravés par des positions gouvernementales hostiles.
Pour avoir des éclaircissements sur la situation dans laquelle se trouve l'Unft, nous avons interviewé Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft.
L'élection du nouveau bureau exécutif de l'Unft est-elle réglementaire?
Absolument. Lorsque nous avons entamé les préparatifs liés à l'organisation du congrès, le contentieux de l'Etat a déposé une plainte au tribunal de première instance nous appelant à annuler ce projet. Cette plainte a été refusée par la Justice le 1er février. Deux jours après, nous avons tenu les travaux du Congrès extraordinaire de l'Unft. Il est important de souligner que les élections ont eu lieu dans un climat conforme aux normes démocratiques et de transparence juridique: des élections transparentes et responsables, organisées sous l'œil vigilant du Collectif national indépendant, un organisme créé sur instructions de l'administrateur judiciaire. D'autant plus que l'Unft a opté pour les mêmes conditions de déposition des candidatures instaurées par l'Isie. Le scrutin a évidemment été observé par un huissier de justice.
Quelles sont les difficultés auxquelles fait face l'Unft à l'heure actuelle?
Les difficultés sont multiples et relèvent de différents axes. L'Unft endure encore les répercussions de l'image qui lui avait collé depuis des décennies, celle d'une organisation servant les intérêts du parti au pouvoir et d'une poignée de personnes influentes. D'autant plus que les actions menées jadis sous prétexte de servir la cause féministe en Tunisie n'étaient ni efficaces ni pertinentes. Pis encore: malgré ces points de faiblesse, certains se montrent hostiles à l'idée de changer les choses pour le mieux. Impliqués qu'ils sont dans des affaires louches et de corruption, ils sont persuadés que l'assainissement de l'organisation menacera à coup sûr et leur réputation et leurs intérêts. D'un autre côté, nous sommes confrontées à un sérieux problème financier. La troisième tranche de la subvention de l'Etat consacrée au paiement des salaires tarde à venir. Par ailleurs, la position du responsable du contentieux de l'Etat qui continue à mener un combat acharné sur le nouveau bureau exécutif enfonce davantage le clou et empêche le nouveau bureau exécutif de mener à bien ses actions.
Pour quelles raisons le responsable du contentieux de l'Etat s'acharne-t-il sur l'Unft?
Avant la tenue du congrès, le responsable du contentieux de l'Etat a tout fait pour nous pousser à l'annuler. Après l'élection du nouveau bureau exécutif qui compte 17 nouvelles femmes membres et seulement 3 anciennes, le responsable du contentieux de l'Etat continue de nous mettre les bâtons dans les roues. Il a même recommandé aux banques de s'abstenir de nous financer. Je me suis rendue au responsable du contentieux de l'Etat pour discuter sur ce point, crever l'abcès et permettre, enfin, à l'Unft de repartir du bon pied. Mon vis-à-vis — qui est une femme, je le signale à titre indicatif — m'avait expliqué que ces actions se poursuivront tant qu'elle n'a pas reçu d'instructions l'appelant à l'arrêt des procédures juridiques. Franchement, je trouve que cela dépasse le seul respect des instructions officielles pour s'avérer un réel acharnement sur l'Unft. D'ailleurs, n'existe-t-il pas des affaires de priorité à régler et qui reviennent à la responsabilité du contentieux de l'Etat, comme les affaires de corruption, de détournement de fonds? Plus encore: la responsable du contentieux de l'Etat n'est-elle pas consciente de l'importance de l'apport de l'Unft en tant qu'organisation non gouvernementale — et je tiens à souligner cette qualification car j'ai bien l'impression que certains hauts cadres confondent national et gouvernemental — visant la promotion, la préservation et le renforcement des acquis de la femme tunisienne? Anéantir l'Unft ne serait-il pas une manière de nuire à toutes les femmes tunisiennes? Ne serait-il pas plus utile de soutenir cette organisation dans sa restructuration et son ascension sur les marches de la démocratie?
Vous avez parlé d'un problème financier qui touche essentiellement les salaires du personnel de l'Unft. Pouvez-vous nous éclairer davantage là-dessus?
«L'Unft bénéficie d'une subvention de l'Etat pour le paiement des salaires. Cette subvention, qui est de 350 mille dinars, nous est fournie par le premier ministère par tranches. La troisième tranche de cette subvention devait être remise à l'Unft en janvier 2013. Or, depuis le mois de janvier et jusqu'à nos jours, nous n'avons rien reçu de la part du premier ministère. Pourtant, il y va du salaire et de la dignité de quelque 350 familles. Notons que près de 250 fonctionnaires ne sont pas concernés par cette subvention et sont payés directement par l'Unft.
J'ai contacté le premier ministère à plusieurs reprises et à chaque fois je reçois quasiment la même réponse: «Nous verserons la troisième tranche dans une semaine, dans quelques jours». Il est également à souligner que la situation du personnel de l'Unft nécessite d'être révisée. Bon nombre de fonctionnaires n'atteignent même pas le smig, ce qui est inadmissible. Autre point problématique: l'Unft avait établi une convention avec le ministère du Développement et celui de l'Emploi dans le cadre de la promotion des centres de formation professionnelle. Les formatrices relèvent de l'Unft. Elles sont censées être indemnisées par le ministère du Développement, lequel procède au versement de la somme globale aux gouverneurs. Or, certaines formatrices n'ont pas reçu leurs salaires depuis des mois, chose qui influe négativement sur leur autonomie financière et sur l'activité desdits centres.
Qu'en est-il des éventuelles collaborations entre l'Unft et le ministère des Affaires de la femme?
Elles sont au point-mort. En fait, j'ai pris l'initiative d'inviter la ministre des Affaires de la femme aux activités relatives à la célébration de la Journée mondiale de la femme et dans l'optique de discuter ensemble sur certains points touchant la femme tunisienne. L'invitation de l'Unft a été déclinée sous prétexte de la situation juridique encore placée sous le signe du flou. Dans tous les cas, j'espère que la ministre pourra revoir sa décision, et ce, pour le bien de la femme tunisienne.
En dépit de toutes ces difficultés, quelles sont les perspectives de l'Unft telles qu'elles sont envisagées par le nouveau bureau exécutif?
«Comme vous le constatez, nous avons un héritage historique épineux. L'Unft a souffert depuis des décennies de difficultés organisationnelles, de dettes, de mauvaise gestion, voire de corruption... Nous sommes déterminées à tourner la page, à aller de l'avant et à imposer le qualificatif « indépendante», « non gouvernementale » à l'organisation. L'Unft est une organisation nationale tout en étant une ONG indépendante. Nous avons déjà tracé les grandes lignes d'intervention. Les perspectives de l'Unft seront désormais fondées sur une étude méthodique régionale, cernant les besoins spécifiques de la femme dans les régions. C'est à partir des besoins cernés que nous élaborerions nos actions; des actions ciblées, loin des sentiers battus des activités primaires. Par ailleurs, nous allons bientôt entamer les élections régionales des structures de l'Unft. La priorité est accordée aux bureaux régionaux dépourvus de délégués régionaux. Nous aspirons à ce que, d'ici 2015, tous les bureaux régionaux de l'Unft soient restructurés.


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