Défi, coups reçus et donnés, corps-à-corps avec l'invisible, une rude énergie ciselée par une gestuelle minutieuse. La chorégraphe Nathalie Pernette ancre, à travers les corps des deux danseurs, le mouvement dans la spontanéité, la décharge émotive nourrie de la sensation intérieure. Notre coup de cœur lors des Journées de la danse contemporaine (JDC) 2013 est allé aux miniatures de la compagnie Pernette. Quatre mini-pièces créées en 2009, avec une envie de s'affranchir du rapport frontal traditionnel, de pousser les limites du risque, d'aller plus vers une proximité tactile et d'installer une marge de jeu avec le public. Adaptées aux différents espaces qu'offre Mad'art, à savoir la scène, le studio de danse et le parvis, et telles les fameuses poupées russes, les Miniatures sont de courtes pièces dansées qui se déclinent en situations et s'articulent autour de séquences dansées, en textes à lire et en instants où le tactile et le sensoriel sont de rigueur. Les deux danseurs nous ont entraînés à travers les quatre espaces de jeu, en invitant le public à les suivre du théâtre vers la rue, à épouser des attitudes différentes face aux discours qu'ils proposent. Ce spectacle, qui est conçu pour être dans la rue, a certainement perdu de son charme dans les espaces fermés, mais a réussi, tout de même, à installer ce rapport si particulier avec le public. Défi, coups reçus et donnés, corps-à-corps avec l'invisible, une rude énergie ciselée par une gestuelle minutieuse. La chorégraphe Nathalie Pernette ancre, à travers les corps des deux danseurs, le mouvement dans la spontanéité, la décharge émotive nourrie de la sensation intérieure. La première pièce «Apparition», appelée fascination dansée pour terre glaise à quatre mains, se présente avec deux danseurs attablés côte à côte. Ils pétrissent, remuent, malaxent, retournent, étalent, roulent et tordent un matériau souple, dans une savante chorégraphie de mains... jusqu'à créer l'image de deux êtres reconnaissables. Union, synchronisation de mouvement, calage, décalage, question-réponse, va-et-vient dans un mouvement fluide et perpétuel... dans un fascinant rapport avec la matière. «L'insomnie», seconde pièce de la série, est une célébration du tactile, une expérience «à partager», conduite par deux danseurs, reçue par un spectateur volontaire sous le regard des autres. Confortablement assis sur un siège, les yeux fermés ou ouverts, à sa convenance, «l'élu» recevra une fine danse de contact orchestrée par les deux interprètes. Un massage en mouvement, qui s'appuie sur un ensemble de verbes d'action tirés du dictionnaire, que les danseurs présentent sous forme d'une pancarte explicative au public. Une envie de donner et recevoir sans qu'un seul mot ne soit échangé est le maître mot de cette création. La rose ou la danse d'offrande pour une rue piétonne, la seule pièce du puzzle présentée sur le parvis de Mad'art, est une construction des corps comme on construirait, assemblerait, vérifierait, pièce par pièce, les éléments d'une mécanique. Ce duo, rigoureusement écrit à l'unisson sur deux lignes parallèles, enchaîne danse des pieds, des genoux et des hanches, du bassin puis du tronc, des mains, des bras et des épaules, de la tête et du cou, dans une recherche du maximum de mobilité articulaire et d'une grande vitesse d'exécution, pour amener le corps à la limite de la robotique pour finir avec un acte ultime tout en douceur : offrir une rose, cachée au cœur du costume, à un spectateur. La clôture de la soirée fut avec la danse des oignons, une partition pour deux corps et dix couches de vêtements qui questionne la mise en mouvement de l'habit... «Je t'enlève ton bonnet, tu m'enlèves mon écharpe, je t'enlève ton pardessus, tu m'enlèves mes gants... »; une conversation muette sensible, sensuelle, pleine de tact, où tous les «ingrédients» sont soigneusement pris, retirés et laissés au sol. Une chorégraphie qui s'appuie sur chaque nature de vêtement et sur chaque matière pour aboutir à une mise à nu au ralenti.