La société civile internationale, organisations et mouvements sociaux, s'est donné rendez-vous à Tunis, capitale du forum social mondial (FSM), dans sa 12e édition 2013. L'ouverture a eu lieu, hier, au Campus universitaire d'El Manar, où quelque 70 mille invités et plus de 4 mille associations, venus de tous bords, se sont retrouvés unis et solidaires pour dénoncer, en chœur, l'hégémonie du capitalisme économique dont souffrent, depuis des décennies durant, les pauvres de la planète. Ceux qui ont, toujours, dit non aux diktats des marchés financiers et à la loi du plus fort, au grand dam des autres habitants de la Terre. Halte à la mondialisation ! A l'unisson, ils ont tenu à plaider pour un autre monde meilleur. Et les voix de soutien communautaire aux nobles causes de l'humanité ont fort résonné dans les amphithéâtres du campus, devenus en ces vacances universitaires, des tribunes de débat et de dialogue sans frontières. Un millier d'activités et d'ateliers sont, ainsi, au menu. Tout sera focalisé sur la dignité dans toutes ses expressions universelles. Une revendication déjà proclamée par la révolution tunisienne et vite relayée par les pays du Printemps arabe et dont l'écho favorable s'était, largement, fait entendre. Deux ans après, ce forum, dont les assises prendront fin samedi prochain, tient à relancer le débat sur l'emploi, la liberté, la démocratie, la paix sociale, l'environnement et le développement durable. La liste des thématiques est aussi longue que les altermondialistes vont aborder à doses modérées. Hier à El Manar, la première journée était exceptionnelle. Le campus universitaire de Tunis s'est bel et bien érigé en un véritable village planétaire, abritant un monde pluriel et diversifié. Mais, sans aucune tutelle politique, ni idéologie partisane ou doctrine confessionnelle. L'événement est tellement de mise que la mobilisation tend à gagner du terrain. 10h du matin, l'affluence n'a pas encore atteint son summum. Et l'on a constaté certains ONG et mouvements sociaux en train d'aménager leurs tentes d'exposition. Peu à peu, ça grouille et ça bouge. Les affiches commencent, ainsi, à inonder les lieux et les banderoles arborent autant des slogans bien chargés de sens et des signification. Lutte, combat et militantisme, tous sont des concepts aux mêmes illustrations sémantiques exprimant un rejet catégorique du néolibéralisme qui ne cesse de générer les crises et les surprises à grande échelle. Une convergence vers un autre monde plus solidaire, loin des guerres des intérêts et des profits. Les tentes implantées ici et là renvoient à l'image du camping de scouts et d'entrainement. L'Union tunisienne de solidarité sociale (Utss) est de la partie. Elle a déjà fourni quelque 35 tentes et 10 mille matelas et couvertures. M. Samir Khchana, directeur à l'Utss, nous a indiqué que l'union y participe par l'exposition de ses programmes spécifiques sociaux destinés aux catégories vulnérables. L'union aura son mot à dire au cours des assemblées la concernant, soulignant qu'elle prévoit d'établir des partenariats avec ses homologues dans le monde. A la faculté mitoyenne des sciences physiques, mathématiques et naturelles, les tentes prolifèrent aussi comme des champignons. «La maison du Brésil» est un espace réservé à une association brésilienne à caractère social. Il expose des projets de développement communautaire au profit des enfants, des agriculteurs et des populations démunies. «C'est la première fois que je visite la Tunisie, un beau pays que j'ai trouvé accueillant et hospitalier. On l'a bien connu tout récemment par sa grande révolution populaire...», révèle. Michel, responsable d'une association française «Attac» oeuvrant pour la taxation des transactions financières et l'aide aux citoyens, focalisée sur les questions économiques et financières. «Sa vocation est de dénoncer le rôle du capitalisme et des systèmes économiques dont la crise actuelle que vivent plusieurs pays du monde...», a-t-il précisé. Pas si loin, un village syndical a été installé, regroupant six tentes pour remonter l'histoire militante de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt). Kaïs Ben Yahmed, chargé de la mémoire syndicale auprès de la centrale ouvrière, est en train de mettre les dernières retouches. Ce village est une exposition documentaire, illustrant les péripéties du mouvement syndical tunisien, de Mohamed Ali Hammi jusqu'à aujourd'hui en passant par le leader fondateur Farhat Hached. Comme l'a bien montré M. Houcine Abbassi dans son discours de bienvenue, Kacem Afaya, secrétaire général adjoint de l'Ugtt, a encore réaffirmé que l'objectif consiste à coopérer et à coordonner les efforts pour unifier les visions syndicales et concevoir de nouvelles idées alternatives pour un nouveau monde démocratique. Parallèlement au FSM, le 3e forum mondial des médias libres a ouvert ses travaux pour se poursuivre jusqu'au 30 mars. Les défenseurs du climat sont aussi là pour lancer un signal d'alarme quant à l'impératif de préserver l'environnement pour assurer le développement durable. Aux alentours, une dynamique commerciale prend de l'ampleur. On peut trouver des étals de boissons et de denrées alimentaires. Aux environs de la cité, une importante mobilisation sécuritaire. La circulation a déjà été fermée aux automobilistes du côté du Campus. Au premier jour du forum, où les regards du monde entier sont rivés sur la Tunisie, l'organisation n'était pas dans l'ensemble à la hauteur de l'événement. Quelques faits sont perçus comme un cheveu sur la soupe. Le fait d'engager des travaux municipaux d'entretien et de nettoyage sur les trottoirs, le jour J, en est un exemple édifiant.