Le derby se disputera sous le signe d'un espoir de qualification au play-off et la crainte de se retrouver au play-out. Avec pour arbitre le CAB Elle a tellement écrasé le championnat que personne ne pouvait imaginer qu'elle en arrivera là. En arriver là pour l'Espérance, c'est risquer de ne pas passer au play-off. Mais elle n'en est pas encore là... Le Club Africain a toujours rêvé d'être le grand rival de l'Espérance, celui qui lui dispute les titres et qui les gagne et le voilà face à cette opportunité. Mais il n'en est pas encore là... Dans notre football, l'histoire reprend peut-être son cours normal et les titres ne seront peut-être plus la chasse gardée d'un seul club. Mais là aussi, nous n'en sommes pas encore là. L'Espérance n'a ni l'envie, et encore moins l'intention de se passer de ce privilège qu'elle compte préserver et, pour la énième fois, mériter sur le terrain. Le Club Africain fantasme, parle et agit pour redevenir celui des années 70 et 80, celui de Tahar Chaïbi, de Attouga, de Abderahmane, de Jedidi, de Rtima, de Chaoua, de Khouini, de Zitouni et de tant d'autres. Et là aussi, nous n'en sommes pas encore là. Car, faut-il le rappeler, l'enjeu n'est pas encore le titre, mais une place au play-off pour, par la suite, en découdre. Et dans ce mano-à-mano tant rêvé et tant fantasmé par le tout-Tunis du football, un certain CAB a décidé de jouer au trouble-fêtes. Un CAB fort de son enthousiasme et d'un autre rêve : celui de faire définitivement partie de la cour des grands. D'autres ailleurs font le même rêve et poursuivent le même objectif : Club Sfaxien et Etoile. Et là aussi, les Etoilés attendront le derby. Ainsi va le football tunisien, au rythme des derbies qui déterminent et enflamment une compétition qui a, parfois, tendance à s'assoupir et qui se réveille un beau jour à l'appel du derby, des derbies. Demandez-le aux supporters des deux camps, des quatre camps (ESS et USMo compris, bien sûr) et ils vous réciteront tous les résultats, vous conteront toutes les confrontations, vous raconteront tous les épisodes et toutes les péripéties d'un duel qui n'est jamais le même, qui n'a jamais pris une ride. Seul point noir : l'absence du public. L'Espérance a raison de protester et de pester pour ne pas bénéficier à son tour de l'apport de son public. Le Club Africain a bien joui de ce privilège et profité à l'aller pour remporter la victoire. Malheureusement, on ne sait que trop que cette décision est prise ailleurs, pas dans les cercles et les institutions sportives mais un peu plus au-dessus, là où la raison a ses raisons que la... raison ignore. Ce sera peut-être, ce sera sûrement pour la prochaine. Enfin si nos politiques se décident à réinsérer le sport et le football dans leurs querelles... politiciennes. Bâtis pour gagner Mais ne nous égarons pas et revenons au derby. Un point sépare l'Espérance du Club Africain avec ce CAB à égalité avec les «Sang et Or», avec le fantôme du CAB (ex-æquo avec l'EST) qui planera sur Radès. L'Espérance n'est pas à son meilleur niveau, le Club Africain non plus, et ce, pour des raisons parfaitement objectives : les deux équipes sont en pleine reconstruction. Sur ce plan bien précis, Club Africain et EST sont un peu sur le même plan. En effet, si les Clubistes se sont retrouvés à tout refaire à nouveau et qu'ils ont entamé le grand chantier depuis la trêve estivale, l'Espérance a dû changer de cap avec l'arrivée de Kanzari qui s'est retrouvé dans l'obligation de repenser une équipe fatiguée, usée et fragilisée par certains choix devenus handicapants. Mais attention, ni l'une ni l'autre équipe n'est en crise comme en témoigne leur classement, même si elles ont tout à prouver au niveau du jeu. En tout cas, elles ont les moyens de leurs ambitions, tant au niveau du résultat que celui du jeu. Voilà en effet deux formations qui disposent d'un potentiel humain impressionnant avec des individualités capables de forcer la décision à n'importe quel moment. Au Club Africain, l'expulsion de Haddad contrarie un peu les plans de l'entraîneur qui sera contraint de changer son dispositif. Le 4-3-2-1 se muera en 4-4-2 avec Mbenza, Baratli, Hedhli et Zitouni à l'entrejeu, Djabo, Dhaouadi et Kasdaoui devant et un seul point d'interrogation concernant l'axe central où Jmal postule à une place de titulaire aux dépens de Yaâkoubi. Deux nouveautés de prévues à l'Espérance : Chehoudi et Akaïchi devraient faire leur entrée avec toujours le duo Mouelhi-Traoui aux postes de pivots. Les deux entraîneurs aligneront deux formations équilibrées, mélange de prudence et de témérité offensive. Une chose est sûre : Espérance et Club Africain joueront pour gagner c'est là tout le charme d'une confrontation qui tiendra la Tunisie toute entière en haleine.