Le 17 avril, grève des enseignants du secondaire Non-publication des notes des examens, mesure adoptée en dernier recours La grève générale des enseignants du secondaire, prévue mercredi 17 avril est maintenue. C'est dans une salle surchauffée, attenante au siège de l'Ugtt, que cette information a été donnée, hier matin, par Lassaâd Yacoubi, secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement secondaire de l'Ugtt. Le bras de fer est engagé entre le ministère de l'Education nationale et la centrale syndicale. Une succession de malentendus et de rendez vous ratés pourraient conduire à cette extrémité. Une grève générale des enseignants du cycle secondaire, dans la dernière ligne droite des concours nationaux et des examens du troisième trimestre. La grève des enseignants prévue la semaine prochaine avait été fixée après plusieurs reports, et des tentatives de prises de contacts avec le vis-à-vis institutionnel, toutes avortées, selon le secrétaire général qui s'adressait à un parterre d'une vingtaine de journalistes de la presse nationale. Le syndicat général de l'enseignement secondaire est une des structures les plus puissantes et les plus organisées de l'Ugtt. Les relations avec le pouvoir en place sont historiquement compliquées. Avec le nouveau ministre de l'Education, Salem Labiadh, les rapports ne semblent pas déroger à la règle. Via communiqués et démentis, les deux parties s'évaluent avant de s'affronter. Le syndicat général de l'enseignement a saisi le ministre de l'Education, successivement le 15 mars et le 3 avril, requérant des séances de travail, en vue d'une sortie de crise honorable pour tout le monde. Requêtes restées sans suite, selon l'orateur Yacoubi, visiblement irrité. Un comportement cavalier Si aucune suite favorable n'est donnée, incessamment, aux revendications, l'escalade se poursuivra, apprend-on encore. Après la grève maintenue, sauf rebondissement de dernière minute, des sit-ins de protestation seront ordonnés, une semaine après; le 26 de ce mois, devant les sections régionales de l'enseignement dans toute la Tunisie. Enfin, la non-publication des notes des examens est une mesure ultime qui sera adoptée en dernier recours. Si les examens en soi représentent, selon un responsable syndical, interrogé en marge de la rencontre, une ligne rouge jamais franchie, ne pas communiquer les résultats, cette arme sociale redoutable, est très envisagée en l'état actuel des choses. Lassaâd Yacoubi, en s'adressant nominativement au chef de cabinet du ministre, Mohamed Kamel Essid, lui reproche son manque d'expérience et de tact dans la gestion de la crise. Après un long silence incompréhensible, une invitation informelle avait été postée sur les réseaux sociaux, pour être suivie par une invitation officielle du ministère adressée au syndicat, le jour même, le 11 avril, de la supposée tenue d'une séance de travail. «C'est seulement à quelques jours de la grève, que le ministère décide de réagir, en vue de déstabiliser vainement le corps enseignant. Ou bien, on nous invite à de fausses concertations dans des cafés de commerce. Ou bien, on nous adresse une invitation le jour même, s'écria-t-il estomaqué. Nous protestons vivement, contre ce manquement manifeste, associé à la mauvaise foi du nouveau staff du ministre, qui nous rappelle les procédés de l'ancien régime», déclare sèchement Lassaâd Yacoubi. Que veulent nos professeurs ? Mettre en application les accords conclus entre le syndicat et le ministère, après le 14 janvier, concernant la réduction des heures de travail, la retraite à 55 ans, le droit à la prime de la rentrée scolaire, celle relative à la correction des examens, entre autres. Et, revoir l'échelle des promotions. Mêmes revendications pour les professeurs d'éducation physique avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, dont certains gardent encore après vingt ans de service le même grade. Ne pensez-vous pas que la situation économique du pays n'est pas en mesure de répondre à de telles revendications ? Interroge-t-on : «Nous n'avons pas demandé l'impossible, réagit M. Lahouel, membre du syndicat général de l'enseignement secondaire. Nous pouvons nous contenter pour commencer d'augmentations échelonnées sur trois et quatre ans. L'essentiel c'est d'engager le dialogue, poursuit-il rassurant. Mais si on nous propose 90 DT sur trois ans, ce qui équivaut à une augmentation de 6 DT par mois, ce n'est pas sérieux». Les agressions fréquentes et violentes des factions salafistes contre les établissements scolaires et le corps enseignant ont été un point longuement soulevé par M. Yacoubi. La dernière agression date de quelques jours, étaye-t-il, celle du directeur du lycée de Menzel Bouzelfa refusant de laisser entrer des élèves en niquab, en application stricte de la loi. Il a été physiquement agressé, sa voiture cassée, et l'établissement vandalisé. Sans qu'il y ait le moindre communiqué de la part ni du ministère de l'Intérieur, ni de l'Education nationale, fait-il observer. Nous sommes à la veille des examens, si une telle pression continue sur les enseignants, n'allez pas vous-imaginer, qu'ils vont supporter seuls les responsabilités de sauver l'année scolaire, prévient-il. Enfin les nouvelles nominations et réintégrations ont été dans le collimateur du secrétaire général, des nominations, reprend-il, ni légales ni justes, n'obéissant à aucun critère. Ces gens qui ont à leur actif des affaires en suspens, nous n'allons pas les laisser travailler, a-t-il lancé menaçant. Les lignes de fracture sont nombreuses et profondes entre les deux vis-à-vis, c'est évident. Une réunion est cependant prévue incessamment, les efforts devraient être consentis de part et d'autre, en vue d'un compromis, faute de consensus.