Hier, on a célébré la Journée mondiale de la sauvegarde du lien parental. Une célébration dans la douleur pour une dizaine de parents qui ont opté pour un sit-in devant le siège du ministère des Affaires de la femme et de la famille. Un fil de linge d'enfant, des pancartes et autres supports ont servi à une dizaine de pères tunisiens pour s'exprimer. «Non à l'aliénation parentale», l'enfant a le droit d'avoir ses deux parents, «En Tunisie, protéger ses enfants est un acte criminel», «Quels droits à nos enfants en Tunisie?», tels sont les slogans qui y étaient inscrits. Les parents, affectés et loin de leurs enfants, ont affiché des portraits et des photos de leurs enfants et bébés sur la façade du ministère. Une scène qui donne la chair de poule. Les larmes aux yeux, Ali Abrougui, 23 ans, a expliqué difficilement sa situation : «On a refusé de m'accorder le visa alors que j'ai présenté une demande de regroupement familial dans un foyer d'hébergement. On ne m'a pas répondu sur cette demande de rattachement ni par refus ni par acceptation alors que mon dossier a été étudié par les autorités françaises. C'est ce que ma femme, en France, m'a confirmé. J'endure cette situation de séparation forcée de ma femme et de mon enfant», a indiqué Ali tout en montrant des photos de son enfant «qui commence déjà à grandir loin de moi», a-t-il ajouté avec un ton d'amertume et de tristesse. C'est pratiquement la même situation pour d'autres parents sit-inneurs, à quelques différences près. Pour Nabil Fakraoui, divorcé et ayant la garde de ses deux enfants, les choses sont un peu différentes. «J'ai eu gain de cause en ce qui concerne la garde de mes enfants sauf que mon ex-femme, à travers les autorités italiennes, a pu faire pression pour récupérer les enfants. J'ai caché mes deux filles de peur qu'elles soient kidnappées. En Italie, mon ex a recouru à la justice qui m'a jugé par coutumace et m'a empêché de rentrer en Italie, et j'étais emprisonné dès que j'y étais. Cependant, les autorités tunisiennes ont livré mes filles aux autorités italiennes sans aucun droit. Pour ce qui est des procédures diplomatiques entre les deux pays, ça peut prendre des années avant de revoir mes filles», a enchaîné Nabil. Alors que les pères, privés de leurs enfants, protestaient devant le ministère, on les a invités à une réunion avec un responsable pour discuter de leur situation et peut-être trouver les solutions adéquates. Réactivation des conventions internationales, une solution... Plus d'une heure passée, les quelques parents sont sortis avec pratiquement la même tristesse et angoisse sur leurs visages. Ramzi Gaddas, l'un de ces malheureux pères, nous a affirmé qu'ils étaient reçus par le chef du cabinet de Mme la ministre des Affaires de la femme et de la famille. D'après lui, on leur a recommandé de créer une association pour donner plus d'efficience à leurs protestations et leur quête de retrouvailles avec leurs enfants. «Aujourd'hui, nous n'étions qu'une dizaine car certains n'ont pas voulu se montrer par peur, d'autres ont été agressés et sont mis sous pression pour qu'ils cèdent leurs enfants, alors que la loi leur accorde leur garde. Nos dossiers, une vingtaine de parents, sont entre les mains de plusieurs ministres. Nous allons, encore une fois, appeler l'Assemblée nationale constituante à criminaliser l'aliénation parentale. Nous savons que le gouvernement ne peut pas nous rendre nos enfants et c'est pourquoi nous nous ne revendiquons que le droit de les visiter régulièrement et de prendre contact avec eux. C'est une injustice et une situation inhumaine. Nous sommes des morts-vivants loins de nos enfants. Nous faisons pression pour que les conventions internationales en la matière soient appliquées vu que ces pays refusent notre retour pour voir nos enfants», a expliqué Ramzi Gaddas, qui a affirmé qu'il craint que le chemin ne soit encore très long. Longues, longues sont les procédures...