L'autisme suit une courbe alarmante puisqu'il touche, actuellement, un enfant sur 110. Près de 40% des enfants souffrant de cette maladie présentent en outre des troubles de l'humeur et 25% des troubles de la fréquence cérébrale. L'association pour la promotion de la santé mentale de l'enfant et de l'adolescent ( APSMEA) a organisé, avant-hier, à Beit el Hekma, une journée scientifique sur l'autisme. Cette maladie considérée jadis comme étant une maladie orpheline se propage de plus en plus pour atteindre aujourd'hui un taux alarmant. En effet, l'autisme touche un enfant sur 110, se situant ainsi en haut de la liste des maladies constituant un réel problème de santé publique. Dans un préambule pédo-psychiatrique, le Dr Wahid Koubaâ donne un aperçu à la fois détaillé et simplifié sur cette maladie qui continue à intriguer même les spécialistes et les scientifiques les plus chevronnés. Le pédo-psychiatre a, d'emblée, mis l'assistance face à une réalité qu'il convient d'admettre et d'apprendre à y s'adapter: l'autisme constitue une maladie fort complexe. D'après une étude française élaborée en 2001 qui repose sur l'analyse chimique faite sur un échantillon représentatif d'enfants autistes, la maladie compte quelque 80 anomalies. L'on parle d'autisme ou d'un spectre d'autisme, d'une vulnérabilité faible ou lourde, selon les cas. Aussi, pour des parents surpris par la maladie contraignante de leur enfant, comprendre ses déficits communicationnels, ses besoins ainsi que l'approche idoine à même d'améliorer sa qualité de vie et son interaction avec son environnement implique-t-il une information suffisamment pointue sur la maladie, sur les facteurs à risques et sur les démarches pédagogiques et comportementales à suivre. Le pédo-psychiatre met l'accent, dans son intervention, sur les facteurs à risques à éviter afin de permettre à l'autiste une meilleure concentration et une meilleure harmonie avec ce qui l'entoure. « Selon une étude américaine, il est strictement interdit à l'enfant autiste âgé de moins de trois ans de regarder la télé. A cet âge, l'enfant se caractérise par une importante aptitude à communiquer. En revanche, un autiste souffre d'un défaut communicationnel. Les programmes de télévision l'isolent davantage de son environnement familial et consolident son trouble communicationnel», indique le Dr. Koubaâ. Regarder la télé n'est permis qu'à partir de l'âge de trois ans, à raison d'un quart d'heure par jour. « Il est important d'assister l'enfant durant ce quart d'heure de divertissement et de lui expliquer ce qui défile sous son regard. Encore faut-il souligner, poursuit le pédo-psychiatre, qu'à cet âge seuls les dessins animés spécifiques à la prime enfance sont recommandés ». Il faudrait y penser Si la télé bloque le besoin communicationnel chez l'enfant autiste, la socialisation de ce dernier et son insistante insertion dans les groupes d'enfant jouent un rôle notable dans l'amélioration de sa qualité de vie. L'orateur appelle les parents à placer leurs enfants dans des jardins d'enfants afin qu'ils puissent communiquer avec autrui. Parallèlement, permettre à l'enfant de côtoyer ses semblables au sein du quartier s'avère être fort utile pour son bien-être. « Jadis, le taux de l'autisme se limitait à 1 cas sur 2.500 enfants. Cela revient en grande partie à la place qu'occupe la convivialité dans les quartiers dans le développement psycho-affectif de l'enfant et dans son parcours de socialisation », fait remarquer le Dr. Koubaâ. D'autant plus que l'insertion dans la communauté infantile est susceptible d'aider l'enfant à briser le cercle vicieux de la répétition automatique et le pousser à évoluer. Autre facteur de bien-être à user quotidiennement: le bain. Le spécialiste dans la psychiatrie infantile indique qu'un bain quotidien qui s'étale sur une demi-heure est à même de soulager l'enfant autiste de la peur d'être agressé. Il faut noter qu'un autiste se soucie en permanence de la protection de son corps contre toute forme d'agression même acoustique. Par ailleurs, le chatouillement confère au contact avec autrui une dimension affective et interpelle l'enfant qui cherchera, spontanément, à fixer le regard de son vis-à-vis. L'orateur a également insisté sur les aliments à éviter et ceux préconisés pour assurer à l'autiste un maximum d'équilibre de l'humeur. Pas d'excitants susceptibles de renforcer son agitation, notamment le café, les sodas et les jus. Par contre, une consommation régulière de poissons bleus riches en omégas 3 est fort recommandée. Le Dr. Koubaâ insiste en outre sur l'importance d'une prise en charge complète de l'enfant autiste; une prise en charge orthophoniste, psychologique mais aussi médicale. «Le traitement médicamenteux contribue énormément à l'amélioration de la qualité de vie des autistes », note le spécialiste. Pathologies associées à l'autisme Prenant la parole à son tour, le Dr Mohamed Nejib Mezghani, président de l'APSMEA et pédo-psychiatre, a traité des pathologies psychiatriques associées à l'autisme. En effet, faute de comprendre le comportement et les besoins de l'autiste, certains parents ont souvent tendance à attribuer tout malaise à cette maladie complexe. Pourtant, il existe des pathologies psychiatriques qui lui sont associées. Le président de l'association évoque les troubles de la fréquence cérébrale qui touchent 25% des malades. Ces troubles peuvent en effet résulter de particules microbiennes dues à certaines inflammations intestinales. En passant par le sang pour arriver au cerveau, ces particules peuvent ainsi provoquer des troubles au niveau de la fréquence cérébrale. Ces derniers sont également dus à la chute du taux de l'ocytocine suite au recours à la péridurale ou à l'anesthésie lors de l'accouchement. L'ocytocine étant une hormone permettant au nouveau-né de s'adapter à l'air libre, à la lumière, aux sons et à tout ce qui est nouveau pour lui au moment de l'accouchement. Outre les troubles de la fréquence cérébrale, l'orateur parle également des troubles de l'ouïe ainsi que des troubles de l'humeur. « Près de 40% des autistes présentent des troubles de l'humeur. Ce sont généralement les enfants dotés d'un quotient intellectuel important qui se heurtent aux incommodités de la maladie. Chez cette catégorie autiste, l'évolution semble plutôt cyclique. Le changement de l'humeur revêt un caractère inopportun. D'où l'impératif d'une prise en charge intégrale de la maladie et des maladies qui lui sont associées. Pour ce, les parents sont appelés à se référer aux spécialistes ainsi qu'aux associations œuvrant dans ce domaine », souligne le Dr Mezghani.