L'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat a organisé les 23 et 24 mai, en collaboration avec le Bureau international du travail, une conférence régionale de formation et d'information sur le contrat social. Cette rencontre a été marquée par l'absence des représentants du bureau régional de l'Ugtt à Sfax. On parle dans les coulisses d'un climat de tension marquant les relations entre l'organisation des travailleurs et celle des employeurs. M. Néji Baccouche, expert en droit constitutionnel, a souligné la nécessité d'inscrire le dialogue social dans la Constitution pour offrir les meilleures conditions de réussite du contrat social. Il a proposé la création d'un comité formé par des représentants de l'Utica et de l'Ugtt dont la mission est l'élaboration d'une feuille de route pour aider l'Etat à appliquer le contrat social. Pour sa part, M. Eric Oxan, représentant du BIT, a déclaré que son organisation a accompagné les partenaires sociaux tunisiens à élaborer le contrat social. «Ce document est un engagement pour faire une meilleure couverture sociale. Il contribue avec d'autres mécanismes à résoudre certains problèmes. Il participe au développement social qui va permettre de mettre fin aux conflits issus de la situation sociale», explique M. Oxan. Il a ajouté que le BIT va accompagner les trois pays du Maghreb, notamment l'Algérie, le Maroc et la Tunisie pour promouvoir le contrat social. Pour sa part, M. Kamel Omrane, directeur général de l'Inspection du travail au ministère des Affaires sociales et coordinateur du contrat social, a parlé amplement des objectifs de ce contrat. Il a indiqué que cet accord entre l'Etat, l'Utica et l'Ugtt va aider à la réalisation des objectifs de la révolution. Il a précisé que le contrat social a été l'initiative de ces trois parties loin de toute altercation politique. «Il est né dans des conditions difficiles. Aujourd'hui, l'entreprise tunisienne passe par une situation délicate. Employeur et employé ont besoin d'un environnement social fondé sur des bases solides pour travailler», explique le directeur général. M. Omrane a donné un aperçu sur la situation actuelle du pays. Il a indiqué que le nombre des demandeurs d'emploi inscrits dans les bureaux d'emploi atteint 709.000. 72% des chômeurs sont âgés de moins de 30 ans. Le tiers de ces chômeurs est diplômé du supérieur. Ce taux est assez élevé dans les régions intérieures (Gafsa 42 %, Jendouba, Sidi Bouzid et Kasserine 36%). Côté investissement, M. Omrane a ajouté que la participation des investissements réalisés au PIB ne dépasse pas 24%, alors que le taux atteint 40% au Maroc. «La fermeture de 130 entreprises, dont la majorité sont des sociétés appartenant à notre premier partenaire stratégique l'Union européenne, a mis au chômage 11 mille personnes». M. Omrane n'a pas manqué de souligner que le contrat social ne vise pas seulement l'instauration d'un climat de dialogue sain entre l'employé et l'entreprise mais aussi l'incitation à l'investissement et la garantie d'un travail digne au sein de l'entreprise. Cet accord va permettre d'assurer des conditions de travail adéquates sans porter atteinte à la liberté syndicale. Pour sa part, M. Bouali Mbarek, représentant de l'Ugtt, a indiqué que les deux organisations sont appelées à assumer leurs responsabilités dans l'application du contrat social. Il a insisté sur l'importance que le contrat social bénéficie de l'indépendance financière et administrative.