Kaïs Saïed appelle Khaled Nouri à plus de vigilance    Kaïs Saïed évoque avec Néji Ghandri le soutien aux sociétés communautaires    Kaïs Saïed, Abir Moussi, Aïd el Kebir… Les 5 infos de la journée    Tunisie – Le ministère de l'intérieur annonce l'arrestation d'admins d'une page facebook qui aide les candidats à la triche au Bac    Hattab Ben Othmen traduit devant la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme    Tunisie – Hattab Ben Othmane déféré devant la chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme    CA : Nouvelle date de l'assemblée générale élective    Liste des plages interdites à la baignade en Tunisie durant l'été 2024    La star Michael Jackson revient à l'écran    Mohamed Nouira nommé Chef du cabinet de la ministre de l'Education    Protection de l'enfant : Lancement d'un nouveau numéro vert    68e anniversaire de l'Armée tunisienne: Il y a 30 ans, une mission héroïque au Rwanda, en plein génocide    Hajj : L'Arabie Saoudite met en garde contre des températures au-dessus de la normale    Après le scandale, la livraison du Stade olympique de Sousse prévue pour fin juillet 2024    Dhafer L'Abidine membre du Jury d'Amman International Film Festival 2024    Facture au nom de la Fondation israélite: Les précisions de la SONEDE    En mai 2024, le taux d'inflation reste inchangé à 7,2%    Sénégal : Le premier jet de Faye-Sonko est un succès, un chèque de 750 millions de dollars, sauf que…    Transport aérien-Environnement : L'aéroport d'Enfidha obtient l'accréditation carbone du niveau 4    Les recommandations du ministère de la Santé pour éviter les dangers d'une canicule    Premier Sommet Corée-Afrique | Ahmed Hachani-Han Duck-soo : Vers le renforcement de la coopération bilatérale entre la Tunisie et la Corée    Banque Mondiale-Ministère de l'enseignement supérieur : Mise en place d'un Cloud dans l'enseignement supérieur    La cour d'appel militaire de Tunis reporte l'audience de Chaima Issa au 4 juillet    "Les Ciments de Bizerte" aggrave son déficit en 2023    Assurances Maghrebia et Assurances Maghrebia Vie annoncent la date de détachement du dividende    L'ambassadeur Borhène El Kamel est décédé    Eliminatoires Mondial 2026 – Groupe H – 3e journée – Tunisie-Guinée équatoriale (1-0) : Le strict minimum...    Météo : Températures maximales comprises entre 26 et 37°C    Mai: 201 alertes citoyennes sur les problèmes liés à l'eau    OMS : Premier décès humain de la grippe aviaire de type H5N2    POINT DE VUE | Un problème de fond    Monument du sport Tunisien : Et revoilà le Palais des sports d'El Menzah !    Central Tunis présente l'exposition «En apesanteur» de Soumaya Nakouri : Comment faire évoluer son style émotionnel    Ce soir, Vernissage de l'exposition de collectionneurs «Peintres Italiens de Tunisie» à la galerie TGM : Deux siècles d'art italien en Tunisie    Démarrage du Festival du film francophone en Tunisie : Le cinéma francophone à l'honneur    Liban – Hezbollah : Une puissance militaire en pleine expansion    Tunisie – Des équipes de police technique assureront les services de délivrance des passeports sur les navires de la CTN    Tunisie – Le Groupe de la Banque mondiale poursuivra son appui au secteur énergétique en Tunisie    "Nos médinas sans plastique" vise à promouvoir la culture environnementale [Déclaration]    La violence dans les stades est un prélude à la violence dans les rues    Le margoum ancestral thème de l'exposition "Mémoire réinventée" de la peintre Ilhem Sbaii Chaabane    Le jour d'après    La Slovénie reconnaît l'Etat de Palestine    Tunisie – Création d'une entreprise citoyenne pour la culture, le divertissement et le tourisme    A l'Assemblée nationale, des députés vêtus aux couleurs de la Palestine    Turquie-Un tribunal restreint le pouvoir d'Erdogan sur la Banque centrale    De plus en plus violents    Kylian Mbappé signe officiellement au Real Madrid    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Ce n'est pas une guerre de terrain qu'il faut mener, c'est une guerre de renseignements...»
Interview de Fayçal Chérif, analyste militaire et stratégique
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 06 - 2013

En quoi l'explosion d'une mine anti chars près d'un village de Kasserine marque-t-elle un tournant dans la stratégie de combat des groupes jihadistes retranchés au mont Chaâmbi? La guerre de montagne serait-elle en train d'évoluer vers une guerre urbaine qui gagnerait les rues de la Tunisie. Nos soldats sont-ils préparés à l'une et à l'autre ? Et puis, qu'y a-t-il derrière le silence, l'opacité et les messages contradictoires qui marquent le dossier de Chaâmbi ?...
Plaidant depuis deux ans pour un corps de renseignements indépendant et un traitement stratégique de la menace terroriste en Tunisie, Fayçal Chérif, enseignant chercheur en histoire et analyste militaire et stratégique, répond à des interrogations qui secouent aujourd'hui l'ensemble des Tunisiens...
Comment expliquez-vous ces bilans mortels qui commencent à s'alourdir au mont Chaâmbi et maintenant en pleine zone d'habitation ? Pensez-vous que ce soit simplement le résultat de la faiblesse des moyens matériels et humains de notre armée ?
Notre armée est certes une armée régulière peu dotée pour ce genre de guerres. Elle agit dans les limites de ses moyens et de ses expertises. Mais là n'est pas le vrai problème ni le seul. Nous ne sommes pas devant une défaillance technique et logistique, nous sommes devant un manque flagrant de disposition et de préparation. Voilà au moins deux ans que les jihadistes ont commencé à se préparer à cette guerre, à mettre au point leurs stratégies et à s'armer pour les mener. Ces groupes font la guerre à l'idée même de l'Etat. Ils ne reconnaissent ni drapeau, ni police, ni armée. Derrière, il y a financement étranger. En revanche, qu'avons-nous fait pour les localiser? Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Avons-nous seulement tenté une évaluation géostratégique pour protéger nos frontières et notre sécurité nationale ? Rien n'a été préconisé pour affronter cette guerre fort attendue sur le plan géostratégique, avec ce qui s'est passé en Libye, au Mali, en Algérie, en Syrie... Ce qu'il faut ce n'est pas une guerre de terrain improvisée où l'on envoie ses soldats à une mort certaine, mais une guerre de renseignements...
Qu'entendez-vous par guerre de renseignements ? Faut-il ressusciter la police politique et les services de la sûreté de l'Etat ?
Au-delà des intitulés et des prérogatives, ces corps avaient des moyens, des fichiers et des techniques qu'il fallait exploiter. Pour la sécurité de notre pays, nous avons besoin d'un réseau de renseignements qui nous permette d'avoir de l'avance sur les évènements. Je n'ai pas cessé d'appeler à la création d'un corps indépendant, mixte et homogène à l'instar de la CIA qui ne soit placé ni sous la tutelle de la police, ni de l'armée, et qui réunisse une pléiade d'experts et un éventail de corps spécialisés selon la nature des interventions. Personne ne m'a écouté.
Nos ambassades ont également un rôle quotidien à jouer. Une bonne part des renseignements vient des rapports des ambassades. Je me demande aussi à quoi sert l'Institut des études stratégiques travaillant sous la tutelle de la présidence de la République. C'est à ce genre d'institutions qu'il appartient de faire des études prospectives et d'établir des scénarios prévisionnels quant au fléau du terrorisme. Rien de tout cela n'a été fait. Outre l'erreur fatale qui a consisté à libérer tous les anciens prisonniers de Ben Ali y compris ceux impliqués dans des crimes terroristes. Je ne dis pas qu'il ne fallait pas les libérer. Le danger était de les lâcher dans la nature sans contrôle et sans suivi.
Vous soutenez que, contrairement à l'armée, les groupes jihadistes sont parfaitement préparés à cette guerre. Quelle est précisément leur stratégie ?
Leur stratégie est claire. Si on scrute bien le paysage et l'évolution de la situation depuis deux ans, notamment avec le début de la guerre en Libye, on fait ce diagnostic : les proportions importantes qu'ont prises la contrebande et notamment la circulation des armes, le long de nos frontières : 445 km avec la Libye, plus de 900 avec l'algérie dont 200 km de montagnes... Ces groupes ont d'abord commencé par s'armer. Medenine, Kébili, Errouhia, Bir Ali ben Khélifa, Douar Hicher... Autant d'affaires qui nous envoyaient déjà des signaux forts. Au début, ils ont essayé de s'installer dans le sud, mais les terres plates ne leur convenaient pas. Ce sont en partie d'anciens jihadistes de retour d'Afghanistan. Ils y ont passé plus de neuf ans. Ils sont aguerris et parfaitement entraînés à la guerre des montagnes, avec une maîtrise du terrain et une endurance à toute épreuve. Châambi était l'endroit idéal d'autant plus qu'il est à proximité des groupes jihadistes algériens. Voilà plus d'un an qu'ils se sont installés à Chaâmbi. Ce sont des guérillas qui agissent en petit nombre et ne dépendent d'aucune hiérarchie. En conséquence, il est impossible de les décapiter et de les neutraliser entièrement, d'autant qu'ils disposent de réseaux dormants.
Pourquoi ont-ils posé cette mine loin de la montagne, dans une zone habitée et ciblée en même temps des éléments de l'armée ? Est-ce une nouvelle stratégie de combat ?
Rien n'exclut que les jihadistes de Chaâmbi soient organisés en guérillas de montagnes et de villes. L'on a appris aujourd'hui de source militaire, qu'ils disposent de soutien, de logistique et de coordination en milieu urbain et que 37 personnes sont déjà suspectes de les aider. La mine qui a explosé près d'un village habité est une mine antichar qui, avec 40 cm de diamètre, pèse très lourd et ne peut pas être portée par une seule personne. Comment a-t-elle été fabriquée et par qui et moyennant quel savoir-faire ? Ce qui est sûr, c'est que personne n'est descendu de la montagne et que l'opération a été menée en coordination avec les réseaux dormants en milieu urbain. Cela peut être une manœuvre pour créer diversion, plus bas que Chaâmbi. Mais il n'est pas exclu non plus que ces groupes veuillent déplacer la guerre de montagne, du reste circonscrite, vers une guerre des rues autrement moins maîtrisable... Un scénario dont la Tunisie n'a pas les moyens. D'où l'urgence d'un traitement intelligent.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.