Par Hamma HANACHI Fête de la musique. Avec Tunis, Hammamet et d'autres villes, Dar Cherif à Djerba n'a pas manqué au rendez-vous. Spectacles palpitants en présence d'un public nombreux, beaucoup d'étrangers, habitant l'île. Musique du monde, ethno jazz avec le trio Hadouk (plusieurs albums et une victoire du jazz en 2007), une formation et beaucoup d'instruments, saxos, guitares, et d'autres aux noms exotiques, aux sons étrangers à nos oreilles, des flûtes venues d'ailleurs, doudouk d'Arménie, hajouj, kora, percussions, djembé, conga, senza, gombri, et des chants merveilleux, saveurs de musique du monde, rapportés du bout de la terre. Voyages à travers les paroles..... Didier Malherbe, une voix chaude, des ondulations, présente chaque morceau, indique son origine, sa composition, sa nature et son histoire. Et ce n'est pas un master- class mais un moment d'évasion, de découverte. Deuxième soirée, Christina Rosmini a carrément captivé la foule, auteur -compositeur, interprète, enthousiasme en bandoulière et l'amour des gens déclaré, elle est accompagnée par deux talentueux guitaristes, Bruno Caviglia, guitare acoustique et Manuel Delgado, guitare flamenca. Chants de France et d'Espagne, Federico Garcia Lorca, Ibarruri, dite la Pasionaria, aux premiers rangs du programme, paroles de combat contre le fascisme, des résistants de la guerre civile espagnole, de grandes figures des brigades internationales sont convoqués, les Malraux, Hemingway ... luttes, amours, gestuelle élégante. Christina est ancrée en Méditerranée, née à Marseille, d'origine sévillane, de père corse, grande lectrice, elle aime par-dessus tout la chanson engagée, sa mère chantait Aragon, Jean Ferrat. Elle, elle danse le flamenco, brille par la présentation de ses chansons, elle s'est produite aux quatre coins du monde, aime l'esprit indien, chante la vie des petites gens et les textes révolutionnaires, le Front populaire, Blum, les congés payés et la grande dame indienne qui embrasse les gens depuis son enfance. Elle aime relater sa rencontre avec Etienne Roda-Gil (le poète et parolier de Julien Clerc notamment), qui l'a rejetée dans la marmite de la poésie espagnole. Elle a joué Carmen, chanté, aimé les mots et nous les a transmis avec beaucoup de bonheur, elle a même chanté une chanson en arabe. Le public l'a remerciée. Une longue ovation et des bravos sonnants. Festival 1, rencontre de presse avec les responsables du Festival des Arts plastiques de Mahrès (28 juin, 08 juillet)), 26ème session. Participation arabe forte, un budget qui diminue d'année en année où l'on apprend que le festival, malgré les sollicitations, n'a reçu aucune aide du gouvernorat depuis 3 ans. Pire, le gouverneur démontre son peu d'intérêt porté à cette manifestation internationale, unique dans la région, il n'a pas réduit son aide, mais purement ignoré le festival, fait comme si cette manifestation d'art dans une ville de passage, connue par les artistes aussi bien arabes qu'européens, n'existait pas. Il refuse de recevoir le comité directeur, malgré les fréquentes requêtes. Explication ? Les édiles de Sfax ne semblent pas intéressés ou du moins peu convaincus par les arts. Preuves accablantes ? L'esplanade qui regroupe des centaines d'œuvres accumulées et réalisées pendant les sessions précédentes ne bénéficie d'aucun entretien, si cela continue, elles vont subir des dégâts irréparables d'autant qu'elles sont exposées en plein air. Veut-on enterrer les œuvres, après avoir malmené les artistes ? Festival 2.Dans cette même volonté d'étouffer l'art, dans cette rage d'appliquer la politique du pire, la teneur de la conférence de presse (25juin) tenue par Leïla Toubel, présidente du festival de Boukornine, est éloquente. La 34e session a été longtemps préparée par le comité directeur, elle devait se tenir du 11 juillet au 6 août. Présence massive en soutien à l'équipe du festival, des artistes de haut rang présents, Sonia, M'barek, Leila Hjaiej, etc, invités à se produire à cette session à risques. Le sujet ? Leïla Toubel, comédienne, dramaturge, portant ses convictions et ses valeurs comme une arme contre l'ignorance, est débordée, combattue, elle explique les raisons qui l'obligent à abandonner la partie. Les ligues de protection de la révolution (LPR), actives dans la région, après les hostilités déclarées contre les organisateurs, des pression de tous ordres, depuis le mois d'avril, tentaient d'écarter le comité directeur et menaçaient de contrôler le festival. Le comité, présidé par Toubel, n'a reçu aucun soutien du ministère de la Culture, la municipalité a réduit son aide de moitié, le gouvernorat a simplement fermé les robinets, lequel, par une autre main, a ouvert les vannes pour soutenir le Festival de la médina de Hammam-Lif. Au programme de ce dernier : Dhikr et chants religieux.