Vitrine ouverte sur le monde extérieur depuis son inauguration en 2010, le Centre international d'Art, Dar Chérif (sis à Sidi Jmour, Djerba), se présente comme une plateforme d'échange entre les cultures. L'on se rappelle encore de l'organisation en cette même année, d'une exposition de grande envergure; une confrontation des œuvres de l'Ecole de Tunis et celle de l'Ecole de Paris, dont le succès est resté gravé dans la mémoire des amateurs d'art. Le Centre a continué depuis, à drainer un public nombreux parmi les Tunisiens et étrangers, à l'occasion de concerts de musique arabe et occidentale, d'expositions d'arts plastiques, de spectacles de danse moderne et de résidences d'artistes. En annonçant les activités culturelles et artistiques de l'année en cours, Hamadi Chérif, le maître de céans, propose un programme varié et séduisant avec l'organisation le samedi 20 avril, d'un concert musical par le duo Abblay Cissoko, (Sénégal) et Volker Goetz, (Allemagne). Les deux virtuoses, (Cissoko, issu d'une longue lignée de griot, à la kora et Goetz à la trompette), ont enregistré ensemble, un disque entre jazz et mandingue, une sorte de dialogue construit au fil des années et instruit au gré des écoutes mutuelles. Otto Dix, peintre allemand Aura lieu, du 3 mai au 10 juillet 2013 un événement patiemment attendu par tous, l'exposition consacrée à une grosse pointure de l'art allemand, Otto Dix (1881-1969), en partenariat avec l'Institut Goethe. Une première dans la mesure où Otto Dix fait partie des artistes dont les œuvres originales ont peu voyagé de par le monde. Plus d'une cinquantaine d'œuvres, selon les organisateurs, seront exposées pour la première fois : (17 huiles, 8 aquarelles et gouaches, des lithographies rares, des gravures et des dessins). Rappelons que l'Institut Goethe avait monté en 2005 au Palais Kheireddine, une exposition Otto Dix, consacrée à l'œuvre graphique des années vingt et qui comportait l'important cycle de gravures autour de « la guerre ». Otto Dix est un peintre allemand assimilé à l'école expressionniste, antimilitariste, marqué par les deux guerres mondiales auxquelles il a participé. Il fut une figure centrale du courant artistique de la Nouvelle objectivité qui s'attacha à porter un regard réaliste et brutal sur la société de l'entre deux guerres. Ses œuvres caricaturales et antimilitaristes de la période Dada suscitèrent le courroux des nazis. La violence de ses traits, la dérision du culte de héros qui transparait sous sa plume, le font passer pour un élément subversif et démoralisateur. En 1937, ses œuvres ont été étiquetées de « dégénérées » par les nazis... 170 de ses toiles sont retirées des collections publiques et une partie est brûlée, d'autres sont montrées à l'exposition « Art dégénéré » de Munich en 1937. L'inauguration de l'événement aura lieu à Djerba en présence de deux personnalités importantes, Mehdi Mabrouk, ministre de la culture et le fils d'Otto Dix. Musicien saxophoniste, ce dernier exécutera devant les convives, des morceaux de choix en compagnie du groupe Eden Band. Une autre date clé, celle du 20 juillet ; l'organisation en collaboration avec le centre culturel espagnol, d'une exposition thématique réunissant une palette d'œuvres autour du célèbre tableau Guernica de Pablo Picasso. La musique, encore et toujours ! Dar Chérif accueillera par ailleurs à l'occasion de la fête de la musique, la chanteuse Christina Rosmini aux origines espagnole, corse et italienne. Elle qui est dotée d'une voix chaude, tantôt fougueuse, tantôt émouvante, nous entraînera lors de son concert, sur les rivages attrayants de la Méditerranée ». Au mois d'août, à son tour, Ghalia Ben Ali, artiste d'origine tunisienne, née et vivant à Bruxelles animera un concert où se mêleront chansons arabes et musique occidentale. Ghalia a à son actif, plusieurs albums dont « Roméo et Leila », « Al Palma » et « Ghalia sings Om Kalthoum ». Un autre rendez-vous exceptionnel est attendu cet été ; la rencontre entre le flamenco et la musique turque. Guitare et baglama, deux instruments représentatifs des deux pays méditerranéens. Juan Carmona à la guitare espagnole qu'on a découvert en 2012 à Dar Chérif, et Erdal Erzincan qu'on découvrira le 25 août 2013. Au mois de septembre, les mélomanes vivront le temps d'une soirée, sous le charme de la voix de Soraya Zekalmi qui chante en urdu et en d'autres langues indiennes. Soraya a sorti tout récemment, un nouveau disque « Qawall'na » ou « notre Qawali », musique enrichie par les arrangements et le piano de Tim Whelan, maître de la musique fusion. Le projet de création artistique, qu'abritera Dar Chérif avant la fin de l'année, réunira Minino Garay (Argentine) voix, percussion, Alfonso Paci, voix, guitare, violon, Majid Bekkas (Maroc) multi instruments, oud, gombri et guitare, Olivier Ker Ourio, harmonica et Jean -Pierre Smadj, oud. Création musicale et arrangements menés par Pierre Bertrand, directeur du Paris Jazz Band et Nice Jazz Orchestra. La programmation de Dar Chérif nous réserve aussi des moments forts de jazz et musique du monde avec le concert de Melquiadès Quartet. L'autre voyage musical aura les couleurs du pays créole avec René Lacaille èk Marmaille. Au programme, chansons traditionnelles créoles et accordéon de l'Île de la Réunion. De nouvelles sonorités prévues en mi-septembre prochain, au cours d'un festival africain avec la présence des frères Touré Kunda et les marionnettes géantes. Nous y reviendrons !