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«Le régime syrien marchande au détriment de la liberté des Tunisiens» Hedi Ben Abbes, conseiller diplomatique du président de la République provisoire, déclare à La Presse
Si le régime syrien a l'intention de libérer les Tunisiens, nous mettrons tous les moyens nécessaires pour sécuriser cette opération. Il y a des canaux connus pour ça. Selon le journal syrien Al Watan du 17 juin, la Syrie portera plainte contre le gouvernement tunisien au Conseil de sécurité de l'ONU et devant la Cour internationale de justice. Les principaux accusés sont Rached Ghannouchi et le président Marzouki : le premier pour avoir organisé l'expédition de jeunes Tunisiens en Syrie, le second pour avoir laissé faire cette opération criminelle pour plaire aux Qataris. Quelles sont votre lecture et votre réaction ? Vous savez, il y a deux points de vue différents dans cette déclaration. Elle est nulle et non avenue du point de vue du droit international, c'est un non-sens absolu parce que ces plaintes sont basées sur des suppositions et des intentions, ce que le droit ne permet pas. Quant à la deuxième lecture, je dirai que cette déclaration est faite pour créer un événement ou un non-événement politique dont la portée ne dépasse pas les médias syriens eux-mêmes. Nous n'accordons aucune importance à ce genre de déclarations. Vu ce qui se passe en Syrie et la situation difficile dans laquelle se trouvent nos ressortissants, y a-t-il une intention de raviver les relations tuniso-syriennes ou de trouver une autre solution afin de venir en aide aux détenus et aux familles tunisiennes établies en Syrie ? Nous constatons avec beaucoup d'amertume, aujourd'hui, que le régime syrien essaye de marchander au détriment de la liberté des citoyens tunisiens qu'il détient. Il a voulu les utiliser comme une carte politique, raison pour laquelle il a assorti la libération des ressortissants tunisiens de conditions inadmissibles et scandaleuses. Autrement, il voulait dire je n'ai aucune intention de les libérer, mais je voulais tout simplement mettre le gouvernement tunisien dans l'embarras par rapport à son opinion publique. Or, Dieu merci, les Tunisiens sont intelligents et ne sont pas tombés dans le piège. Mais nous sommes clairs : si le régime syrien a l'intention de libérer les Tunisiens, nous mettrons tous les moyens nécessaires pour sécuriser cette opération. Il y a des canaux connus pour ça, il y a des organismes internationaux qui sont habilités à mener ce genre d'opérations. Nous avons fait appel au Cicr, à la Croix-Rouge internationale, dont l'une des prérogatives est de sécuriser ce genre d'opérations, et nous sommes en contact permanent avec cet organisme pour enclencher une opération dès qu'on aura le feu vert des Syriens. Mais on le fera dans le respect de nos engagements, c'est-à-dire à partir du territoire libanais. Et concernant les Tunisiens qui n'ont plus de papiers, pièces d'identité, passeports, etc, qu'allez-vous faire ? La Croix-Rouge peut nous aider dans ce genre d'opérations. On demande très peu de papiers qui prouvent qu'il s'agit bien de Tunisiens car certains prétendent l'être afin de pouvoir sortir du territoire syrien. Nous voulons nous assurer que la personne qui souhaite regagner la Tunisie soit bien Tunisienne afin de pouvoir la prendre en charge. Car il y a toute une procédure sécuritaire, de vérification, de prise en charge qui doit être mise en place. Croyez-vous que le fait de rompre les relations diplomatiques avec la Syrie était la bonne décision ? Nous avons rompu nos relations diplomatiques avec la Syrie en rappelant notre ambassadeur et en demandant au chargé d'affaires syrien de quitter le territoire tunisien. Les relations restent tributaires des décisions politiques si, toutefois, la situation sur le terrain marque des changements profonds en direction du respect de la volonté du peuple syrien et du droit international. Je pense aujourd'hui, avec le recul, que l'histoire est en train de nous donner raison. En voyant l'Egypte rompre ses relations diplomatiques avec la Syrie, cela veut dire que nous avons vu les choses avant tout le monde. C'était une manière d'envoyer un message clair au régime syrien qu'il faut une solution politique, et qu'il ne fallait pas qu'il continue à s'engager dans la voie de la violence. C'était ça l'objectif. Aujourd'hui, l'histoire nous a donné raison : le régime syrien ne voulait pas de solution politique et on voit aujourd'hui les conséquences. Il y a des milliers de morts. Nous avons utilisé cette carte diplomatique et politique puisque nous étions contre l'intervention militaire extérieure, et nous le sommes encore.