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Procès d'intention au président François Hollande : les faits sont têtus ! Reponse a la tribune parue dans la Presse du vendredi 5 juillet 2013, intitulée : « Visite de François Hollande : des Français de Tunisie indignés ! »
Nous avons été stupéfaits de lire dans La Presse du vendredi 5 juillet, jour de l'allocution du président François Hollande devant l'Assemblée nationale constituante (ANC), la tribune d'un groupe de «courageux» anonymes se présentant comme «des Français de Tunisie indignés» par l'objet supposé de cette visite et prétextant la «peur de représailles» pour ne pas signer leur écrit... On se croirait revenus à une époque où des opposants à la dictature de Ben Ali ou des dénonciateurs de l'odieux système post-colonial dit de la «Françafrique» pouvaient craindre d'être inquiétés pour avoir mis leur nez là où il ne fallait pas ! Sans peur du ridicule, les auteurs de cette tribune semblent ne pas avoir saisi que les choses avaient changé en Tunisie, en France et sur le plan des relations entre les deux pays. Soulignons ensuite que la publication de cette tribune du 5 juillet comme la réponse que nous vous adressons relèvent, l'une comme l'autre, d'une liberté d'expression et de la presse chèrement acquise dont nous ne pouvions pas rêver avant la Révolution. Contrairement aux «courageux anonymes», nous ne pouvions pas commencer notre réponse sans nous présenter brièvement. Nous sommes donc, pour les uns, responsables en Tunisie du Parti socialiste (PS) dont M. Hollande a été premier secrétaire pendant dix ans et, pour les autres, acteurs de la vie politique tunisienne, député à l'ANC et ancien ministre après la Révolution, binationaux franco-tunisiens et anciens militants au PS lors de nos années passées en France, un parti avec lequel nous conservons des liens d'amitié et de proximité dont nous avons la conviction qu'ils ne peuvent qu'être profitables au renforcement des relations tuniso-françaises. En effet, la transparence est la sœur jumelle de la démocratie et suppose pour chacun d'assumer ses opinions... Ces attaques en règle dirigées contre le président Hollande ne constituent qu'une série de procès d'intention à but strictement politicien trahissant bien plus un but non avoué de règlements de comptes politiques franco-français qu'un souci sincère de renforcer les relations tuniso-françaises. Et, n'en déplaise à ces « courageux anonymes » parlant prétendument au nom des Français de Tunisie, les faits ont largement démenti leurs attaques, à entendre les commentaires quasi unanimes de la presse, de la classe politique et de la société civile tunisiennes, faisant écho aux applaudissements ayant accueilli le discours et les engagements du président Hollande sur tous les bancs de l'ANC ! Ainsi, nous ne pouvions passer sous silence une interpellation débutant par cette question : «Mais de quel ‘‘modèle français‘‘ comptez-vous être l'avocat auprès du peuple tunisien ?». Les mêmes poursuivent en se référant à des questions se rapportant à des débats de la vie politique et intellectuelle française, rappelant étrangement les arguments régulièrement utilisés contre la gauche par l'extrême droite, d'une part, et les extrémistes religieux, d'autre part, qui ne se sont jamais caractérisés par leur tolérance vis-à-vis de la diversité culturelle, religieuse ou d'opinion, ni par rapport aux étrangers victimes du racisme, des réfugiés politiques demandant l'asile ou des sans-papiers, pour ne citer que ces exemples. Alors, dans l'esprit de ces «courageux anonymes», la France aurait toujours pour ambition d'imposer un « modèle français » partout dans le monde et en particulier dans ses anciennes colonies, comme si rien n'avait changé depuis la décolonisation et... la Révolution ! Ce raisonnement, du seul fait d'attribuer de telles intentions au président Hollande, en dit long sur l'état d'esprit des auteurs qui, bien qu'ils s'en défendent, ne semblent pas avoir rompu avec la mentalité d'une France paternaliste et coloniale convaincue de la supériorité de « son modèle »... Mesdames et Messieurs les «courageux anonymes», vous êtes hors sujet ! Quant à nous, nous osons penser que la France ait définitivement rompu avec cet état d'esprit et de mépris, dans la continuité d'un mouvement débuté avec la reconnaissance de sa responsabilité lors de son passé colonial notamment en Algérie, sous le gouvernement de gauche du Premier ministre Lionel Jospin (1997/2002), qui s'était aussi distingué, rappelons-le, en prenant ses distances vis-à-vis des louanges adressées alors par plusieurs hauts responsables français au régime de Ben Ali... Le président Hollande a parlé de relations d'égal à égal entre nos deux pays, assuré que la France travaillerait avec tout gouvernement choisi par le peuple tunisien, promis de faire le jour sur l'assassinat du martyr Farhat Hached en se recueillant sur son mausolée avec les responsables de l'Ugtt et en remettant à sa veuve les archives françaises datant de 1952, fait remettre par le maire de Paris, Bertrand Delanoë (avec d'ailleurs l'un d'entre nous), une gerbe sur la tombe du martyr Chokri Belaïd, assuré que des mesures fortes avaient été prises pour la restitution des biens mal acquis sous la dictature, confirmé auprès du gouvernement et de l'Utica la relance du partenariat économique et la conversion en investissements d'une partie de la dette tunisienne envers la France, en rappelant aussi le soutien de la France à la création effective d'un Etat palestinien après sa reconnaissance par l'ONU. Des faits et un discours pour le moins attendus depuis longtemps et largement compris et salués par les Tunisiens, et c'est là l'essentiel. Enfin, nous nous devions de rappeler à ces « courageux anonymes », a priori soucieux de mélanger à dessein les politiques française et tunisienne, que c'est aussi dans le sillage de l'élection du président Hollande qu'ont été élus, pour la première fois, en 2012, des députés français issus de l'immigration maghrébine, africaine ou autres, dont un député franco-tunisien de Montreuil en banlieue parisienne, Razzy Hammadi, et l'élu des Français de l'étranger de la circonscription Maghreb/Afrique de l'Ouest, Pouria Amirshahi. Tous deux accompagnaient le président Hollande lors de sa visite, tout comme une certaine Najet Vallaud-Belkacem, franco-marocaine et porte-parole du gouvernement du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Ceux-ci et bien d'autres, élus locaux, n'ont pas de leçon républicaine à recevoir sur leur soutien au processus de transition démocratique en Tunisie, d'une part, ni sur un thème de société objet d'un débat franco-français conclu par le vote d'une loi, d'autre part. Symboles et actes ne mentent pas ! Alors, qui que vous soyez, gardez votre indignation contre les vraies atteintes à la liberté et laissez Tunisiens et Français, fiers de construire ensemble l'avenir et cette fraternité méditerranéenne à laquelle nous aspirons. Patrick Thonneau (secrétaire de la section de Tunis du PS français (Parti socialiste), Martine Vautrin-Djedidi, (conseillère élue à l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE) de la circonscription Tunisie-Libye, suppléante de Pouria Amirshahi, député à l'Assemblée nationale de la République Française, élu de la circonscription Afrique du Nord et de l'Ouest,) Sélim Ben Abdesselem, (député démocrate à l'Assemblée nationale constituante (ANC) de la République Tunisienne, élu de la circonscription France-Nord,) Saïd Aïdi, (ancien ministre du Travail du gouvernement de transition de la République tunisienne.)