Les événements qui se sont déroulés à la Cour d'appel de Sousse remettent en cause les fragiles rapports avocats-magistrats Après les événements qui ont eu lieu, en mai dernier, au Tribunal de première instance de Béja, c'est au tour de la Cour d'appel de Sousse d'être le théâtre, ces derniers jours, de déplorables incidents au cours desquels certains avocats ont essayé d'empêcher la tenue d'audiences de prononcé de jugements. Les protestataires contestaient les décisions prises, en référé, par le premier président de la Cour d'appel de Sousse concernant la non-exécution de décisions émises par la section régionale des avocats et empêchant nombre d'avocats d'exercer pour erreurs commises dans l'exercice de leur profession. Aussitôt informée, l'Association des magistrats tunisiens (AMT) présidée par Kalthoum Kennou a convoqué un Conseil national extraordinaire qui s'est tenu samedi dernier. Dans une motion issue de ce conseil et dont une copie est parvenue à La Presse, les magistrats dénoncent «les dépassements commis par les avocats à Sousse et mettent en garde contre les incidences graves pouvant en découler et entachant la marche de la justice ainsi que l'indépendance de la magistrature dans son ensemble». Tout en exprimant leur solidarité avec leurs collègues juges à la cour d'appel de Sousse, ils expriment leur étonnement de la manière avec laquelle le conseil de l'Ordre des avocats a traité l'affaire «allant jusqu'à produire une version falsifiée de ce qui s'est passé à Sousse». Et les magistrats de faire monter les enchères en appelant «les magistrats victimes à poursuivre par devant la justice les avocats incriminés» dans le grabuge causé par les avocats dont les provocations sont passibles de peines judiciaires. Le conseil national demande, d'autre part, de faire «accélérer l'enquête administrative afin de dévoiler les circonstances relatives à la décision suspendant l'application de la mesure prise par la section régionale des avocats à Sousse». Les magistrats décident que les travaux du Conseil national resteront ouverts et font porter aux autorités exécutives la responsabilité de la détérioration «de la situation sécuritaire au sein des tribunaux et des atteintes répétées à l'intégrité des magistrats».