Il y a un décalage entre l'image qu'on veut donner de la sélection et la valeur intrinsèque des joueurs choisis... Intéressante, passionnante, fascinante, intrigante, la sélection n'en finira jamais de susciter les débats, généralement sur fond de polémiques. Le choix des joueurs ne fait jamais l'unanimité, les approches et les stratégies techniques non plus. Il y a et il y aura toujours des gens qui se voient plus intelligents que les autres, plus avertis ou mieux placés pour pouvoir parler de l'équipe nationale. Au fait, on n'est jamais suffisamment réaliste lorsqu'il s'agit de donner son avis sur la sélection. Mais ce n'est pas parce qu'on parle beaucoup qu'on peut faire les choses plus et mieux que les autres. Pareil constat peut s'appliquer à la fois au sélectionneur et à ses détracteurs. Chacun, à sa façon, donne l'impression de faire du surplace et de patiner au point d'en perdre des fois la face. Ego, ou devoir de parole? On se laisse prendre au piège de la tentation médiatique. Il serait bon que le sélectionneur accepte l'idée qu'aucune équipe de football n'est parfaite, qu'il y a de bons, mais aussi de mauvais matches. Il serait bon qu'il admette que les dernières prestations de la sélection sont loin d'être rassurantes. Qu'il ne défende pas gratuitement les joueurs dont on connaît les limites et qui n'ont pas leur place dans l'équipe. Nous pensons d'ailleurs qu'il y a un décalage entre ce qui est souhaité, exigé, et ce qui est présenté. Entre l'image qu'on veut donner de l'équipe et la valeur intrinsèque des joueurs choisis. C'est à se demander si le sélectionner se voit et se rêve ainsi en stratège ou bien en gestionnaire? Est-il davantage un simple utilisateur de joueurs ou encore un entraîneur qui tient à aller bien au-delà? Une chose est cependant sûre: le potentiel actuel est loin de pouvoir répondre aux aspirations et que la qualification au prochain tour des éliminatoires de la coupe du monde n'est pas encore acquise, et encore moins à la portée...De toutes les façons, il serait souhaitable qu'il prenne un peu de recul dans ses déclarations et regarde surtout son équipe de l'extérieur. Ça pourrait être une bonne expérience car, quand on est à l'intérieur, on n'y voit pas tout ce qui se passe. Un vrai malaise L'acte de remise en cause est avant tout une obligation plus qu'un choix. Il est censé éclairer les diverses options techniques et la façon de penser le football tel qu'il doit être exprimé en sélection. Jusqu'à présent, il n'y a pas vraiment de différence entre les nouvelles formes de jeu et les anciennes. Les mêmes tendances, les mêmes restrictions. Ce qui nous semble surtout inquiétant, c'est que la sélection perd de plus en plus l'un des plus importants leviers qu'elle puisse avoir dans ses différentes épreuves: la créativité et la culture et l'épanouissement dans le jeu. La sélection a besoin aujourd'hui de la remise en question de chacun dans le but de produire un véritable esprit d'équipe. Elle a intérêt à s'y inscrire avec tout le sérieux et la rigueur que cela impose. Dans une sélection, il faut s'en imprégner le plus rapidement possible. Maintenant et tout en étant respectueux de ce que chacun de ses prédécesseurs a fait, Maâloul devrait partir du principe qu'on ne peut être bon et performant que dans ce qu'on sait faire. Autrement dit, il ne vient pas en sélection pour remplacer ou effacer. Il vient pour faire ce qu'il sait faire, apporter sa pierre à l'édifice et doter la sélection de ce qu'elle a vraiment besoin aujourd'hui, et pas de ce qu'elle en avait besoin hier. La façon dont il devrait faire jouer l'équipe compte aussi. En tout cas, tout devrait être clair dès le départ. Ordre et progrès, c'est la devise d'un entraîneur qui est appelé à redonner un équilibre collectif à une équipe dont la force actuelle sur le papier est à chercher dans le collectif plus que les individualités. L'utilité plus que les noms.