Darragi, Dhaouadi, Jemal, entre autres, ont vite fini par retrouver le championnat tunisien. Dur, dur le foot de haut niveau Parti l'année dernière sur fond de polémique et même d'accusations de trahison, Oussama Darragi a fini par retrouver le Parc B et l'EST. On se souvient de la vague d'attaques dont a fait l'objet Darragi qui a pris la décision de passer à Sion sans informer et prendre l'aval de Hamdi Meddeb. On se souvient à l'époque de la colère bleue du public «sang et or» vis-à-vis de son joueur fétiche. Les jours sont passés, Darragi a mal vécu son passage helvétique. Problèmes avec son entraîneur, sanctions de la part de son club; Darragi, le joueur plein de talent, n'a marqué qu'un petit but au terme de 25 matches. Un véritable fiasco sportif pour, soi-disant, l'un des meilleurs joueurs de sa génération. Et comme tout le monde oublie, Darragi et l'EST en ont fini avec l'épisode malheureux de la séparation. Il revient à l'EST après cette mauvaise parenthèse. Malheureusement, ce n'est pas le seul joueur de qualité qui rate une expérience professionnelle à l'étranger. L'histoire nous bombarde d'exemples et de tristes aventures. Celle de Zouheïr Dhaouadi est révélatrice. Le Clubiste a tout fait pour rallier Evian, en dépit d'un rendement moyen dans son équipe. Débarqué en championnat français, il finit lui aussi par sombrer et par tomber très, très bas. A peine quelques mois passés (avec quelques matches en tant que titulaire), et voilà que Dhaouadi tient la perche tendue au CA en décembre dernier. Encore un passage raté pour de multiples raisons. Jemal, Jemaâ, Ragued, Zouaghi, voilà aussi des joueurs qui sont partis pour revenir au championnat tunisien. Un retour en arrière, c'est le moins que l'on puisse dire. Et si on remonte l'histoire, on trouvera des joueurs stars dans leurs clubs, mais qui ont eu le vertige en Europe et ont été contraints de revenir ou de disparaître. Mehdi Ben Selimène (OM), Jamel Limam (Standard Liège), Nabil Maâloul (Hanovre), Anis Ayari (Turquie), Karim Saïdi (Lecce), etc. ont mal calculé leur coup avec des passages pénibles qui ont ruiné leurs ambitions de faire carrière en Europe. Quand un joueur de talent qui réussit en Tunisie, mais qui ne passe pas plus d'un an en Europe pour revenir en championnat tunisien ou pour rebondir en championnat saoudien, qatari ou koweïtien, ça veut dire tout simplement ratage. On a beaucoup parlé des raisons qui expliquent l'échec de nos joueurs en Europe. On peut les résumer comme suit : Le footballeur tunisien est un footballeur gâté. Il part en Europe, alors qu'il est célèbre en Tunisie, et qu'il a un compte bancaire bien garni. Le mental du joueur tunisien est spécial, il n'aime pas souffrir aux entraînements, n'aime pas se lever tôt et craque au moindre incident ou pression. Guy Roux l'a dit : «Je préfère travailler avec les Africains noirs plutôt qu'avec les joueurs nord-africains. Quand je programme une séance à 7h00, ils sont sur les lieux à 6h00 !». Les joueurs tunisiens gèrent mal leurs plans de carrière. Ils rebondissent sur l'offre la plus alléchante sur le plan économique et non sportif. Parfois, ils sont grillés dans un club où il y aura trop de concurrence ou qui a un mode de jeu qui ne va pas avec leurs qualités. Seul l'argent compte pour la plupart de nos joueurs. Ils sont aussi mal conseillés avec des agents de joueurs qui ne cherchent qu'une commission élevée. Même avec des agents qui ont le certificat Fifa, on a de mauvais choix. Nous sommes encore loin des agents français ou italiens qui savent caser leurs joueurs. Les raisons Le footballeur tunisien n'a pas, en général, une hygiène de vie saine en dehors des terrains. Et vous savez qu'en Europe, le physique, la fraîcheur et la puissance sont les facteurs-clés du succès. Ça explique également le nombre effrayant de blessures musculaires. Hormis Hatem Trabelsi (lui aussi pouvait rester un peu plus longtemps au haut niveau), Karim Haggui, Zoubeïr Beya, Saber Khelifa (qui risque d'effacer ce qu'il a fait avec Evian l'année dernière), Abdennour et bien avant eux Taoufik Belghith, Mokhtar Ben Nacef, Hammadi Henia, Mongi Ben Brahim (on a probablement oublié quelques noms), le constat est affligeant : nos meilleurs joueurs, qui nous cassent la tête avec les fausses offres de Barcelone, Juventus et les autres grandes boîtes, n'arrivent pas à réussir en Europe et même avec des clubs moyens. Alors un peu d'humilité et regardons-nous bien au miroir! Les autres pays africains ont envahi l'Europe grâce à de vraies stars !