L'eau, source de la naissance et de la vie, symbole de paix et de pacifisme, objet de convoitises et d'enjeux stratégiques et politiques, a toujours été précieuse, au propre comme au figuré. Avec le réchauffement de la terre, les poussées démographiques, le tarissement des sources, la préservation de l'eau est devenue, de nos jours, un problème planétaire qui concerne la majorité des pays, notamment ceux de la moitié sud de la planète. Aussi, les campagnes publiques de sensibilisation quant à la nécessité de ne pas la dilapider et de la considérer comme une richesse en péril, se sont-elles multipliées partout dans le monde. La chorégraphe Nawal Skandrani l'a fait, elle aussi, mais d'une manière subtile et artistique, à travers son dernier spectacle Eau secours qui a donné le coup d'envoi, mercredi dernier, à la 49e session du Festival international de Hammamet. Une production exclusive du festival qui réunit des artistes palestiniens, égyptiens, français et tunisiens et qui se décline comme un hommage à la Palestine et à sa lutte pour la libération. Le public, venu assez nombreux au coquet théâtre de plein air du Centre culturel, a eu droit à un spectacle de danse et de performance théâtrale de qualité. Sur une musique de fond qui suggère le bruit du vent et des vagues, dix danseurs habillés en gris entraient sur scène, avançant petit à petit à pas lourds, avant de se mettre à onduler du corps, dans une parfaite harmonie. Les danseuses, comme des sirènes de la mer sorties, exécutaient des pas de danse tantôt rapides, tantôt lents, ceux-ci et celles-là peignant des tableaux où l'on devinait le danger qui guette l'homme et qui menace «son» eau. Ils dessinaient des portraits et des comportements quant à l'utilisation du H2o, tout en abordant le problème de la pollution, du gaspillage... Inspirés de la réalité, ils nous ont, parfois, renvoyés à des époques lointaines, à des mythes et légendes qui n'étaient pas sans nous rappeler certaines « danses de la pluie » dans les anciennes civilisations, hindoue, africaine, de l'Egypte première... Rythmicité et déchaînement de mouvements rapides dans une chorégraphie inspirée ont renvoyé à ces rituels vieux de plusieurs siècles. Eau secours, un spectacle à dimension écologique manifeste où Nawel Skandrani, en collaboration avec Khaled Elyyan de Ramallah et (côté musique) Jawhar Basti, a fait preuve de beaucoup de maîtrise et d'imagination dans l'alarmant, mais esthétique cri qu'elle lance au monde, pour qu'il tente de sauver sa source de vie, tant qu'il est temps. Si jamais temps il y a encore...