Kaïs Saied: 400 migrants ont été rapatriés lundi vers leurs pays d'origine (Vidéo)    SOMOCER augmente de plus de 80% ses ventes à l'export malgré la baisse de son chiffre d'affaires au premier trimestre    La MAE Assurances s'engage pour l'entrepreneuriat social et lance son Mutualhack    Météo de ce mardi: La pluie est de retour    Abdelkebir : la réunion entre Trabelsi et Saïed résulte de l'échec de la rencontre du passage de Ras Jedir    Tunisie Telecom partenaire du festival Gabes Cinéma Fen s'associe à l'action «Cinematdour» (Vidéo)    Tunisie : Kais Saied prend des mesures contre la corruption et l'ingérence étrangère    Kaïs Saïed, Ras Jedir, inflation… Les 5 infos de la journée    L'AGO de la Fédération tunisienne de Football fixée au 11 mai    Détails des nouvelles mesures du cessez-le-feu acceptées par le Hamas    Tunisie – Démarrage de la mise à jour du fichier électoral le lundi 20 mai    Tunisie | Les recettes des exportations d'agrumes en hausse de 15,4%    Tunisie – Kamel Feki reçoit son homologue libyen : Le passage de Ras Jedir au menu des discussions    Enquête judiciaire contre Moncef Marzouki    Gaza : Le Hamas signe la trêve, 40 jours pour négocier la fin définitive de la guerre    France : Un monument de la Francophonie disparaît, Bernard Pivot est décédé    Tunisie Telecom partenaire du festival Gabes Cinéma Fen s'associe à l'action « Cinematdour »    La 3e édition du GATBIKE Challenge autour du site archéologique de Pupput Hammamet    Arrestation d'un instructeur soudanais de Kung Fu    La Kabylie est-elle devenue un nouvel Etat indépendant ? Non    Doctorat Honoris Causa de l'Université Catholique de Louvain à la doyenne Neila Chaabane (Album photos)    Nouveau record : Voici la plus longue baguette du monde    La Tunisie abrite les championnats d'Afrique de qualification olympique en trampoline    classement WTA : Ons Jabeur conserve son 9e rang    Des migrants subsahariens attaquent deux agents : La garde nationale clarifie    Décès du chanteur et poète tunisien Belgacem Bouguenna    Assurances Maghrebia augmente ses bénéfices de plus de 19%    Neji Jalloul candidat à la présidentielle    De nouvelles pluies attendues mardi et mercredi avec chute de grêle et vent fort    Youssef Elmi démissionne de la présidence du Club Africain    Ce soir, à l'IFT : Nawel Ben Kraïem chante un secret !    Toujours pas d'autorisation de visite pour les avocats des détenus politiques    Hausse 25,5% des viandes ovines en avril sur un an    Ouverture des souscriptions à la 2ème tranche de l'emprunt obligataire national 202    Météo en Tunisie : températures en hausse remarquable    Tunisie : la violence occupe de plus en plus l'espace scolaire    Programme Interreg VI NEXT Italie-Tunisie – Objectif : atteindre un rééquilibre socioéconomique de l'espace de coopération    Azza Filali, lauréate du Comar d'Or : «L'écriture est un travail difficile et solitaire et la reconnaissance est un réconfort»    Un nul au petit trot entre l'ESS et l'USM : Les mauvaises habitudes...    Hand – En marge de la consécration de l'EST en coupe d'Afrique des clubs : Les leçons à tirer...    L'USBG enchaine avec un deuxième succès consécutif : Le grand retour !    Chaker Nacef, lauréat du Prix découverte Comar d'Or 2024 du roman en Arabe à La Presse : «Les entreprises sont tenues de renforcer la créativité artistique et la participation culturelle de leurs employés»    De Descartes à Spinoza et la neuroscience moderne: Evolution des perspectives sur la dualité esprit-corps    Echaâb aura un candidat pour l'élection présidentielle    Israël prépare une offensive à Rafah : évacuation massive en cours    Sommet de l'OCI à Banjul : La délégation tunisienne émet des réserves sur les documents de la conférence relatifs à la question palestinienne    La ligne d'or – Narrer l'entrepreneuriat : maîtriser l'art du récit pour inspirer et engager    Giorgia Meloni reçoit le roi Abdallah II de Jordanie au palais Chigi à Rome    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Elle a plu quand même
Hadhra de Fadhel Jaziri
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 07 - 2013

La sixième soirée de la 49e édition du Festival international
de Carthage était exceptionnelle à tous les niveaux : un public record, une communion totale et...des problèmes d'organisation...
Hadhra est incontestablement la production artistique tunisienne qui a eu le plus perduré. Vingt-deux ans d'existence quasiment ininterrompues, avec des versions à chaque fois différentes. Après sa première présentation à l'ouverture du festival de la Médina en décembre 1992 et les nombreux cycles assurés en Tunisie et à l'étranger, Hadhra 2 est arrivée, suivie d'une Hadhra 2005, puis d'une Hadra 2010 laquelle a suscité bien de remous. On croyait alors que le cycle de vie de cette production était arrivé à terme. La production ayant montré des signes de fatigue et l'adhésion du public ayant piqué du nez. Mais voilà que, conjoncture politique aidant, la culture «soufie» connaît un regain d'intérêt. Du coup, Fadhel Jaziri reprend du poil de la bête et «récidive» avec son spectacle Hadhra, habité comme d'habitude par le souci d'une vision contemporaine des rituels d'époque et de la quête d'un renouvellement musical des chants soufies.
Le public était au rendez-vous jeudi dernier à Carthage, pour découvrir la Hadhra de la nouvelle saison. L'amphithéâtre romain était plein comme un œuf. Pourtant, à l'extérieur, les spectateurs en rang d'oignon jouaient du coude pour accéder à l'intérieur. La queue étaient interminable, l'attente insupportable. D'après les premières évaluations, on parle de 13.000 spectateurs ! Une première dans cette 49e édition du festival international de Carthage.
Et la création ?
Dans ce spectacle qui a commencé avec vingt minutes de retard, notons-le, Fadhel Jaziri a présenté comme d'accoutumée une panoplie de chants liturgiques, tantôt invocatoires tantôt descriptifs ou narratifs, puisés dans le patrimoine soufi tunisien, entre bouhour, dhekr, awrad, madahate, shatahate, burda,... A une exception près, il s'agissait des mêmes interprétés dans Hadhra de 1992. Nous retrouvons pratiquement le même conducteur!
Côté création, on n'a pas volé très haut. Hadhra 2013 est simplement une version améliorée de Hadhra 2005. Une version tellement épurée qu'elle frôle le minimalisme, avec quelques renvois à des référents culturels et politiques, où le profane se mêle aisément au sacré. Fadhel Jaziri ne semble pas avoir fourni un grand effort pour monter ce spectacle. Il est resté dans le « recyclage », rien de plus. Il pouvait mieux faire...
Dans cette version de Hadhra, une grande partie des chants ont subi de menues adaptations. D'autres ont carrément été présentés avec de nouveaux arrangements musicaux, dans une approche claire de modernisation. Une plus grande importance a été, en effet, accordée cette fois-ci aux instruments de musique occidentale. Cette accomodation aux phrases musicales était parfois réussie, mais frisait la fausseté, surtout quand les chants étaient vraiment « déformés ». Par moments, cela gênait...L'interprétation de « Ena Lemdallal » par Ali Jaziri avec sa voix rocky n'est pas passée inaperçue. Toutefois, son appréciation par le public semblait mitigée...
Côté musical, Fadhel Jaziri a eu l'intelligence de miser sur l'effet sonore des percussions entre tablas et bendirs. Un rythme fort, soutenu et percutant accompagnait tout le spectacle et créait l'ambiance d'une véritable fête.
L'apparition sur scène de Hédi Donia, vêtu de l'indémodable bleu de Chine Dengri, pour interpréter « Ya Raïess Labhar» en hommage au saint-homme Sidi Bou Said El Béji, fut l'un des moments les plus forts si ce n'est le clou de la soirée ! La participation de Karim Chouaib, un vétéran de la Hadhra depuis sa première version, n'était pas des moindres non plus !
Quant à la chorégraphie, elle était assez sommaire. Elle n'est pas parvenue à relever le niveau du spectacle. D'ailleurs, coupés de la scène, les quelques tableaux de danse auraient pu, à notre avis, être supprimés sans que cela ne touche à la qualité du spectacle.
L'essentiel ...
Certes, Hadhra 2013 n'était pas la création. Oui. Mais qu'à cela ne tienne ! Le public était conquis, enflammé, en liesse. La communion, l'extase étaient totales, perceptibles. Les gradins de l'amphithéâtre romain de Carthage, pleins à craquer, vibraient sous les rythmes des applaudissements, de la danse, des chants et des youyous des spectateurs qui ont, à la fin du spectcale, rendu hommage aux artistes par une standing ovation. Le spectacle a plu.
Cette fois en particulier, la création n'était pas la plus importante. Du moins, c'était notre sentiment. Le public n'est pas venu à la recherche d'une certaine nouveauté ou motivé par une envie de découverte. Il s'est déplacé pour démontrer son enracinement, clamer une identité qu'il croit menacée, rendre hommage aux saints du pays. Mais également, la Hadhra aura permis à ces gens-là de se livrer à une catharsis. Cela se sentait réellement.
Le contexte général a donc bien joué en faveur de cette énième version de Hadhra : profanation de plusieurs zaouïas à travers le pays, crainte d'un changement du modèle sociétal, angoisse vis-à-vis de l'avenir, etc. Rappelons que la première Hadhra, signée Jaziri et Agrebi, inégalable et inimitable, a été conçue après la première guerre du Golfe. Dans les deux cas, le besoin d'une grande charge spirituelle était important. Hadhra sera-t-elle donc toujours d'actualité? Nous le pensons vraiment...Malraux n'a-t-il pas, par ailleurs, affirmé que le XXIe siècle sera spirituel ou il ne le sera pas... ? Fadhel Jaziri a bien su en profiter, comme il a toujours su le faire...
Hadhra 2013 donne tout de même encore la preuve que l'Art ne s'abstrait pas de son contexte que ce soit au niveau de l'émission qu'au niveau de la réception de l'œuvre. Il ne peut également se restreindre dans la neutralité. Fadhel Jaziri, qui a affiché sa couleur politique après le 14 janvier, a voulu passer un message à travers ce spectacle. Sans aucun doute, il a réussi à le faire avec les outils artistiques dont il dispose. La réaction du public était retentissante. Point final.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.