«Nous avons eu des informations selon lesquelles un scénario diabolique d'assassinats serait en préparation et pourrait mener le pays vers le chaos». Hamma Hammami n'a pas fait de grandes annonces lors de la conférence de presse organisée hier à Tunis par le Front Populaire, si ce n'est une assurance qui lui aurait été donnée personnellement par son ami de circonstance, Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès. «A peine quelques minutes avant le démarrage de cette conférence de presse, j'étais au téléphone avec BCE et il m'a clairement demandé de ne pas croire aux mensonges, et de tenir bon dans les revendications du Front du salut, car c'est la seule solution pour sortir de la crise», a-t-il déclaré. Il a, par ailleurs, explicitement qualifié son rapprochement politique avec Nida Tounès de «courtermiste» qui obéit aux «exigences du contexte politique actuel » mais qu'en réalité «il n'y a pas de confiance aveugle». Interpellé sur la position de l'Ugtt qui ne penche par assez du côté du Front du salut dans cette crise, Hamma Hammami a tenté de minimiser l'écart en rappelant que l'Ugtt demande la dissolution de l'ANC en une quinzaine de jours, une proposition qu'il estime non loin de celle du Front du Salut. «Nous sommes toujours prêts pour les négociations, mais notre première condition demeure la démission du gouvernement» Accusé, souvent, par des dirigeants nahdhaouis, d'être avec ses bases des «fauteurs de troubles» et de mener le pays «vers la violence», le leader du Front populaire a répondu violemment à cette accusation en la renvoyant dans le camp de ses adversaires. «Ce n'est pas nous qui avons un passé de violence, ce n'est pas nous qui sommes accusés des événements de Bab Souika, ce n'est pas nous qui avons menacé de faire couler le sang de ceux qui contestent la légitimité de l'ANC et du gouvernement» a-t-il dit, tout en précisant que le Front du salut dispose de « trois alternatives après la chute de l'ANC», pour éviter le vide politique. Hamma Hammami a, d'un autre côté, mis en garde contre un nouvel assassinat qui pourrait viser, selon ses propres informations, des dirigeants baâthistes ou islamistes, en vue «d'embraser le pays». «Nous avons eu des informations selon lesquelles un scénario diabolique d'assassinats serait en préparation et pourrait mener le pays vers le chaos. Dès maintenant, je tiens le gouvernement pour responsable au cas où un tel scénario venait à se produire», a-t-il indiqué. Le Front populaire qui a relancé hier son action phare intitulée «Dégage», ne cache pas les difficultés qu'il a à rallier l'opinion publique. «Il est trop tôt pour dire que l'opération a échoué car elle n'en est qu'à ses débuts, mais c'est vrai qu'il existe certaines difficultés, liées notamment à la campagne de dénigrement que nous subissons en plus des agressions contre les militants du Front populaire», a indiqué Zied Lakhdhar, porte-parole du Parti des patriote démocrates unifié.