Arrêté dans la nuit de dimanche dernier pour avoir filmé l'agression de M. Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture, par Nasreddine Shili, le photographe correspondant du journal électronique Astrolabe TV, Mourad Meherzi, est encore maintenu en garde à vue au centre de détention de Bouchoucha. Cette arrestation a été vivement condamnée par un collectif de syndicalistes relevant de l'Ugtt lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt). En fait, dans un communiqué commun rendu public le même jour, les trois syndicats des métiers d'arts dramatiques, plastiques et celui des techniciens du cinéma et de l'audiovisuel ont tenu à dénoncer fermement cette détention illégale de ce caméraman, accusé d'être complice de cet acte, sous prétexte qu'il avait assisté l'auteur de l'agression dans le tournage de l'un de ses films. D'après Astrolabe TV, l'accusé était présent au moment de l'incident, survenu vendredi dernier, pour couvrir l'événement culturel auquel assistait le ministre concerné. Revenant sur l'affaire, le jeune acteur Ahmed Amine Ben Saâd s'est indigné contre les procédures judiciaires injustifiées, voire inadmissibles, dont l'accusé est l'objet et aux méthodes musclées de son arrestation à son domicile et la saisie de sa caméra et de son ordinateur. L'avocat de M. Meherzi, Me Ayoub Ghedamsi, a juré de ne jamais renoncer à l'un des meilleurs acquis de la révolution, celui de la liberté d'expression et de création. Et pour conclure, il a annoncé son entrée en grève de la faim à partir d'hier, en signe de protestation, appelant à la libération immédiate de son client. «Des pratiques qui montrent que les vieilles pratiques n'ont pas changé. Mon client est un journaliste et était en train d'exercer son métier au moment de l'incident». «Son arrestation est contraire au contenu des décrets 115 et 116 relatifs au code de la presse», a-t-il encore déploré. De son côté, le Snjt, représenté par le membre de son bureau, Aymen Rezgui, n'a pas manqué de dénoncer l'arrestation du cameraman , confondant ces faits à des actes méthodiques de répression perpétrés à l'encontre des journalistes en tant que campagne d'humiliation et d'intimidation visant à restreindre la liberté d'expression et priver l'opinion publique de son droit à l'information. Le Snjt a réaffirmé son soutien total au correspondant d'Astrolabe TV et à tous les professionnels du métier.