Beaucoup s'attendent à ce que le président de l'ANC profite de l'occasion pour se replacer dans la course aux prochaines élections L'adresse que prononcera, aujourd'hui, le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante, apportera-t-elle du nouveau dans la tourmente actuelle que vit le pays depuis voilà plus d'un mois ? En clair, Ben Jaâfar annoncera-t-il la levée de la suspension des travaux de la Constituante, décision qu'il a prise unilatéralement le 6 août dernier ? Le président de l'ANC va-t-il lâcher prise devant les pressions qu'il subit de la part des constituants légalistes (ceux qui n'ont pas déserté l'hémicycle du Bardo) qui menacent de tenir une séance plénière exceptionnelle, vendredi prochain, quel que soit le contenu de l'allocution de Ben Jaâfar ? La Presse a essayé de sonder les attentes de certains acteurs du paysage politique national. Si certains pensent que Ben Jaâfar cherche à «se refaire une virginité politique perdue du fait du suivisme aveugle de son parti et de son alignement systématique sur les positions d'Ennahdha», d'autres soulignent qu'ils ont le sentiment qu'il «pourrait annoncer la reprise des travaux de l'ANC mais pas dans l'immédiat, peut-être au cours de la semaine prochaine, en tablant sur l'issue des concertations interminables entre la Troïka et le quartet parrainant le dialogue national». Ben Jaâfar a-t-il la stature d'un fédérateur ? Pour Issam Chebbi, membre du bureau politique d'Al Joumhouri et constituant sit-inneur, «Ben Jaâfar cherche à porter l'habit de l'homme politique fédérateur des Tunisiens à ce moment précis où la crise risque de se compliquer davantage au vu des manœuvres quotidiennes de la Troïka». «Son adresse était prévue depuis quelques jours. Il voulait apparemment s'offrir l'honneur d'annoncer la solution de la crise qui secoue le pays. Malheureusement pour lui, le cours des événements en a décidé autrement et je crains fort que ses propos perdront toute leur signification. A ma connaissance, il subit de grandes pressions de la part des constituants légalistes qui poussent à revenir même si la Constituante sera monocolore», ajoute-t-il. «Sauf miracle qui pourrait se produire, aujourd'hui mercredi 4 septembre, Ben Jaâfar se contentera d'un discours qui cherchera à rassembler ceux qui croient toujours à la bonne foi de la Troïka», conclut-il. Qu'il assume la responsabilité de ses actes Plus tranchant et refusant toute concession, Skander Bouallagui, membre du bureau politique de Tayyar Al Mahaba et constituant légaliste, précise : «Nous avons décidé, aujourd'hui (hier), de tenir, vendredi 6 septembre, une séance plénière exceptionnelle de l'ANC quel que soit le contenu de l'adresse de Ben Jaâfar. Pour nous, son adresse s'inscrit dans une campagne électorale personnelle avant terme dans la mesure où il a, enfin, compris que son parti, Ettakatol, n'a plus de poids sur l'échiquier politique national. Aujourd'hui, pour revenir à la course électorale, il va jusqu'à négocier au nom des constituants retirés tout en gardant un pied auprès de la Troïka. Seulement, nous n'allons pas lâcher du lest et nous allons tout faire pour l'empêcher de confisquer la volonté du peuple à des desseins personnels». Boullagui révèle : «Aujourd'hui, (hier), les chefs des groupes parlementaires de Wafa, d'Al Mahabba, du Courant démocratique et du CPR doivent tenir, à partir de 18h00, une réunion au siège de Wafa. A l'ordre du jour : l'annonce d'une initiative qui se fondera essentiellement sur la préservation de l'ANC avec toutes ses prérogatives et le maintien du gouvernement Laârayedh jusqu'à l'adoption de la Constitution». La pression continuera de plus belle Tout en exprimant sa conviction que Ben Jaâfar n'annoncera pas la reprise des travaux de l'ANC «bien qu'il soit actuellement l'objet de plusieurs pressions», Riadh Ben Fadhl, secrétaire général d'Al Qotb, préfère parler de mouvements que le Front du salut national est en train de préparer face à l'entêtement de la Troïka qui multiplie les manœuvres et fait tout pour gagner encore du temps. «Nous n'allons pas lâcher prise, souligne-t-il. Le 7 septembre, à l'occasion de la commémoration du 40e jour du décès de Mohamed Brahmi, nous allons transformer le sit-in d'Arrahil en sit-in national avec la participation des régions et nous avons décidé que le sit-in élira domicile à la grande Place du Bardo. Le S.G d'Al Qotb révèle : «Aujourd'hui, nous rencontrons le quartet, peut-être pour la dernière fois, pour lui signifier notre refus des dernières propositions de la Troïka. Cette position ne nous empêchera pas de continuer la mobilisation des militants du Front. Plusieurs nouvelles formes de lutte sont à l'ordre du jour dont la grève générale mais cette fois elle ne sera pas d'une seule journée». Il est à préciser que la radio privée Shems FM a sauté, hier après-midi, le pas et a révélé le contenu de l'adresse de Ben Jaâfar en précisant qu'il va faire part de la reprise par l'ANC de ses travaux. Seulement, des sources proches d'Ettakatol ont indiqué qu'il s'agit de «pronostics faits par Shems FM».