Les entreprises en difficultés, sont confrontées à des problèmes de recouvrement et d'accès aux liquidités Interrogé sur les principaux problèmes que vit, aujourd'hui, le secteur des assurances, Riadh Badr souligne qu'il s'agit, principalement, d'un problème de recouvrement des primes d'assurance et précise que c'est la conjoncture économique du pays qui génère une telle difficulté. « Les entreprises, elles- mêmes, passant par une période difficile , sont confrontées à des problèmes de recouvrement et d'accès aux liquidités » relève-t-il. Il ajoute que ce problème a été particulièrement véhiculé par les entreprises du secteur touristique qui n'ont cessé depuis 2011 de vivre des moments difficiles qui les ont fortement fragilisés. La conjoncture générale marquée par l'incertitude et les retombées qu'elle a eu sur le marché financier sont d'autres facteurs qui impactent directement le secteur des assurances, ajoute, encore, R.Badr, les sociétés d'assurance étant les premiers placeurs de la Bourse. Il cite, en outre, un autre problème lié à l'environnement d'insécurité et l'appropriation de certains automobilistes d'un comportement qui brave les règles, facteurs qui ont fait grimper le taux de sinistralité. L'année 2011 a également connu un record en nombre de vols. Outre les problèmes liés à la conjoncture actuelle, notre interlocuteur cite certains problèmes qui prévalent depuis un certain temps et qui sont notamment liés à la législation et aux règles normatives du secteur. Il note, à ce propos, que suite à l'absence de tarification de certaines garanties qui ne sont pas libéralisées, la société d'assurance ne peut pas, en se basant sur sa structure des coûts, faire sa propre tarification. Il cite, dans ce cadre, le montant appliqué pour la RC ( Responsabilité Civile) dans l'assurance automobile dont le tarif est fixé par le ministère et d'ajouter que les sociétés d'assurance se retrouvent, généralement, obligées de payer des montants qui dépassent largement la prime touchée. R.Badr ajoute que le tarif n'a pas été révisé depuis 2005, date de la dernière réforme de la branche assurance automobile. Toujours au sujet de la branche automobile qui demeure à la fois la plus importante de l'activité assurance en Tunisie et celle qui lui cause le plus de problèmes, il relève que la mesure des quotas appliquée pour la vente de voitures impacte l'activité des sociétés d'assurance. Le secteur des assurances a-t-il besoin d'une réforme et de quelles actions spécifiques a-t-il besoin? À cette question, R.Badr relève que les spécialistes évoquent souvent cette question et affirme qu'il y a un besoin urgent de réforme du secteur des assurances. Une réforme qui permettra, notamment , de revoir les tarifs appliqués et d'offrir aux groupes plus de libertés et de marges de manoeuvre pour être plus compétitifs. Il note, par ailleurs, que certaines réformes sont déjà engagées et cite, entre autres, le projet « solvabilité 2 », une directive européenne qui vise, principalement, à augmenter les normes prudentielles. Il cite, aussi, les réformes relatives à l'assurance islamique « takaful » et relève qu'il s'agit dans ce cadre de mettre en place la législation spécifique et appropriée pour développer cette branche. Pour ce qui est de l'ouverture éventuelle du marché des assurances aux sociétés étrangères, notre interlocuteur note que l'offre existante dépasse déjà la demande. Selon lui, le nombre de sociétés intervenant dans le secteur fait que le marché est déjà saturé et que la seule ouverture possible serait celle véhiculée par l'acquisition de sociétés de la place.