Mise en place d'une commission interministérielle dans quinze jours, et contrôle des usines polluantes pour calmer la colère des habitants Le ministère de l'Environnement et de l'Equipement a organisé hier, à Tunis, une réunion consacrée à la pollution due au rejet des eaux usées à Ksibet el Médiouni et Lamta (gouvernorat de Monastir). Présent à la rencontre, le ministre, Mohamed Salmane, a tenté de rassurer les représentants de la société civile venus de Monastir. «Nous sommes conscients du problème, et le ministère a tout un programme pour y remédier», a-t-il déclaré. La station d'assainissement des eaux usées à Lamta est en surexploitation depuis plusieurs années. Cet été, les quantités d'eaux usées traitées ont atteint 4.000 m3 par jour, alors que la capacité journalière de la station est de 1.660 m. Ainsi, des milliers de mètres cubes d'eaux polluées sont rejetés dans la mer, quotidiennement. «La pollution nous tue, des gens vont encore en mourir. Le problème existe depuis dix ans, il est temps de nous écouter et d'agir», a crié Mounir Hassine, président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes), section Monastir. Le Ftdes avait rédigé un rapport sur «le désastre écologique de la baie de Monastir», en mai 2013, où il relatait plusieurs impacts d'ordre économique, social, sanitaire et écologique. Décisions Les habitants n'ont de cesse de revendiquer la fermeture de la station de Lamta et son transfert vers la zone du pôle technologique de Monastir. Mercredi dernier, ils avaient même observé une grève générale pour alerter l'opinion publique sur leur situation et dénoncer «le non respect des promesses» des autorités compétentes. A l'issue de la réunion, il a été convenu de mener les actions suivantes : l'Agence nationale de la protection de l'environnement (Anep) va contrôler les usines industrielles et noter les infractions afin de prévenir et de réduire les sources de pollution. D'autre part, l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (Apal) mènera un projet de nettoyage de la baie à partir de mars 2014. Le coût de l'opération est de 13 millions de dinars. Dans un second temps, il est prévu de mettre en place des travaux de rectification des berges pour améliorer la circulation des eaux. Le coût du projet est de 100 millions de dinars. Par ailleurs, des mesures d'urgence seront prises sur les stations de Frina et de Lamta en attendant la construction d'une nouvelle station au niveau du pôle technologique. «Il y a plusieurs solutions techniques possibles, mais on a préféré laisser l'Onas étudier le dossier en détail et présenter des propositions à la Commission interministérielle dans deux semaines. On pourra alors statuer sur les travaux à entreprendre, l'investissement et l'attribution, de gré à gré, de ce marché à une société. Dans les conditions normales, il faut passer par un appel d'offres, puis par la commission supérieure des marchés etc. Cette procédure nécessite un délai important qu'on veut comprimer vu l'urgence de la situation dans la baie de Monastir», a souligné Moncef Sliti, directeur du cabinet du ministère de l'Environnement et de l'Equipement.