Dans un contexte où le professionnel du secteur médiatique continue de faire l'objet d'attaques et que la loi censée protéger la liberté d'expression n'est toujours pas clairement reconnue... quelle action ? C'est hier en début d'après-midi que le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a tenu son assemblée générale ordinaire, dans une ambiance électrique, reflétant l'état dont souffre, aujourd'hui, le secteur médiatique. Un secteur qui se trouve souvent en proie à un pouvoir politique poussant à museler les libertés d'expression et d'opinion. A l'ouverture des travaux, avec une présence timide des journalistes dont le nombre d'adhérents au Snjt atteint un millier ou plus, Nejiba Hamrouni, présidente du Snjt, accompagnée de son staff exécutif, a présenté l'ordre du jour de l'assemblée. Ce dernier porte essentiellement sur les derniers rebondissements et les décisions à prendre pour contrecarrer toute tentative attentatoire à l'intégrité des professionnels et à leur dignité. Après la dernière grève du 17 du mois courant, comment agir et réagir pour contraindre le gouvernement à l'application du décret 115 relatif au Code de la presse ? Par quel moyen et de quelle manière peut-on militer pour accélérer l'octroi de la carte de journaliste professionnel ? L'essentiel est de se mobiliser efficacement afin de préserver les droits et les emplois. «Car, faut-il le noter, la prochaine étape sera beaucoup plus difficile. D'où l'importance qu'il y a de revendiquer la mise en application des lois», a-t-elle alerté. Le débat des journalistes avait des hauts et des bas. Il a été marqué par des interventions et des propositions formulées dans le vif du sujet, ainsi que par des témoignages sur les problèmes et les atteintes à caractère moral et professionnel que subissent les journalistes quasi quotidiennement. A titre d'exemple, à Radio Kalima, qui s'est déjà déclarée en faillite, les voix des journalistes protestataires continuent de se faire entendre pour revendiquer leurs droits légitimes, notamment pour le paiement de leurs salaires. De même, à la chaîne «Al Hiwar Ettounsi», son patron, Tahar Ben Hassine, vient de licencier une partie de son personnel. D'autre part, la liste des journalistes victimes d'emprisonnement et d'actes de harcèlement au sein de leurs entreprises semble s'allonger. L'affaire du journaliste tunisien Mahmoud Bouneb, détenu depuis 2011 au Qatar, a également été évoquée. Tous les participants à l'assemblée lui ont adressé un message de soutien et de solidarité, demandant sa libération immédiate et inconditionnelle. D'autres questions importantes ont été aussi soulevées, telles que le rapport Snjt-adhérents, la pluralité syndicale, l'internationalisation de la question des libertés et la dénonciation des pratiques malsaines perpétrées contre les journalistes. Au terme des assises, une motion générale a été élaborée comportant une série de recommandations. Il s'agit du recours à la grève générale comme un des choix incontournables, de l'impératif de l'application du décret 115 avec tous ses articles, de la formation d'une commission indépendante chargée de l'octroi de la carte de journaliste professionnel, du refus de répondre aux interrogatoires judiciaires hors du cadre du décret 115. Les participants à l'assemblée ont demandé au ministère des Affaires sociales de veiller au contrôle de l'application des lois du travail et de la convention sectorielle collective régissant le secteur médiatique, insistant sur la nécessité de diversifier les formes de mobilisation et de les intensifier dans les régions. Ils ont réaffirmé leur soutien aux collègues dont les droits sont bafoués, appelé à la création du conseil de la presse, comme mécanisme d'autorégulation, à la constitutionnalisation de la liberté de la presse et de la création, ainsi que la libération du journaliste Mahmoud Bouneb.