Taïeb Laâguili, membre de l'Irva (Initiative pour la recherche de la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi), a remis, hier, au juge d'instruction du 13e bureau près le Tribunal de première instance de Tunis les documents qu'il détient sur les assassinats du président du Front populaire ainsi que du fondateur du Mouvement du peuple. Le juge a entendu Laâguili en tant que témoin, deux semaines après les révélations sulfureuses et la divulgation d'importants documents lors de la conférence de presse de l'Irva qui s'est tenue le mercredi 2 octobre. Laâguili y a accusé le mouvement Ennahdha ainsi que des responsables du ministère de l'Intérieur «de complicité dans les assassinats politiques». Il a également accusé le parti majoritaire au pouvoir de collusion avec le mouvement terroriste «Ansar Echaria» et Abdelhakim Belhaj, chef du groupe des combattants islamiques libyens. Devant le juge d'instruction, Taïeb Laâguili a maintenu ses propos et a certifié l'authenticité des documents qu'il a présentés puis remis au juge d'instruction. Nizar Snoussi, avocat et porte-parole du comité de défense de Chokri Belaïd, nous a assuré que «l'audition s'est déroulée de manière ordinaire, sans la présence d'avocats, sauf que le représentant du ministère public a voulu assister à l'audition, ce qui a été refusé par le juge d'instruction». Rappelons que Taïeb Laâguili a été entendu il y a dix jours, toujours en tant que témoin, dans l'affaire de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Nizar Snoussi explique: «Il est normal que Laâguili soit entendu par le juge d'instruction puisqu'il a déclaré être à la disposition de la justice. Les données et documents qu'il a fournis au juge seront ajoutés aux dossiers des deux affaires. Le juge d'instruction agira à la lumière de ces nouvelles pièces». Rappelons, enfin, que le bureau juridique du mouvement Ennahdha a décidé de poursuivre Laâguili en justice ainsi que tous les autres membres de l'Irva pour «accusations graves» et «fausses allégations».