Le Syndicat national des forces de sécurité intérieure s'oppose farouchement aux nominations partisanes Les syndicalistes des forces de sécurité s'insurgent contre la dépendance et le manque de neutralité de l'institution sécuritaire. Ils pointent du doigt les nominations partisanes décidées par le chef du gouvernement. Des actions de protestation seront prochainement engagées... Les communiqués du Syndicat national des forces de sécurité intérieure se sont multipliés, évoquant divers problèmes. Garantir la neutralité et l'indépendance du ministère est l'objectif ultime. Les agents des différents corps de la sécurité nationale, les composantes de la société civile et tout le peuple n'ont eu de cesse de militer pour la réalisation de cet objectif principal de la révolution de la dignité. Lors d'une conférence de presse tenue hier à son siège, le Syndicat national des forces de sécurité intérieure a passé en revue la situation actuelle du système sécuritaire. Il a estimé que le ministre de l'Intérieur n'est pas maître des prérogatives, dont la nomination des hauts cadres. De ce fait, les membres du bureau exécutif du syndicat ont appelé le ministre de l'intérieur, Lotfi Ben Jeddou, à rendre son tablier. La même problématique a été évoquée pour ce qui est des nominations faites au sein du ministère de la Justice. Nominations politiques Le porte-parole du syndicat, Chokri Hamada, est revenu sur plus de trente nominations au sein du ministère de l'Intérieur. Ces nominations ne répondent pas aux critères requis dont la transparence et le respect de la neutralité de l'appareil sécuritaire. Selon lui, le critère de compétence n'a pas été respecté. Expliquant les défaillances, Chokri Hamada a ajouté : «Les nominations les plus importantes sont celles relatives aux postes de directeurs généraux. Elles ont été décidées au temps où l'actuel chef du gouvernement, Ali Laârayedh, occupait le poste de ministre de l'Intérieur. Et voilà qu'il continue jusqu'à maintenant à nommer à la place de l'actuel ministre, la dernière en date est celle concernant le poste de directeur général et du commandant de la Garde nationale. Ce sont des nominations politiques qui affectent la neutralité du ministère. D'après lui, le système de nomination et de révocation des hauts responsables sécuritaires est réglementé par l'arrêté 1245 du 24 avril 2006. D'autre part, Hamada a souligné que la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics stipule que la désignation des hauts cadres doit faire l'objet d'une autorisation préalable de la part du chef du gouvernement au ministre de l'Intérieur qui propose des candidats à ces postes. Une situation qui laisse présager une interférence des pouvoirs et une conflit entre les valeurs de neutralité et d'indépendance avec la politique de la mainmise du pouvoir exécutif sur l'appareil sécuritaire. «Nous appelons à restituer ces deux valeurs fondamentales pour qu'on ait un système sécuritaire de service public. C'est dans ce sens que nous appelons l'actuel ministre de l'Intérieur à démissionner en guise d'appui à cette revendication syndicale. Aussi, nous déplorons le fait que l'Assemblée nationale constituante ait auditionné certains syndicats du secteur, la troïka des syndicats, sans en appeler d'autres. C'est une forme de marginalisation du travail syndical», a enchaîné Hamada. Autrement, le syndicat a évoqué les noms de hauts cadres, notamment des directeurs généraux, qui sont encore en service et qui, selon les membres du syndicat, sont des résidus de l'ancien régime. Marginalisation des blessés et des efforts Pour sa part, le secrétaire général dudit syndicat, Nabil Ayari, a tenu à rappeler les sacrifices consentis par les différents corps de la sécurité depuis le déclenchement de la révolution et leur abnégation dans la défense de la patrie. Aussi, il a insisté sur les souffrances des agents blessés pendant la révolution et qui ne sont pas pris en charge en matière de santé. Les membres du bureau exécutif du Syndicat des forces de sécurité n'ont pas digéré les dernières déclarations de la première vice-présidente de l'ANC, Meherzia Laâbidi, qu'ils trouvent «dégradantes» envers les agents de sécurité. Dans le même sillage, ils ont indiqué que leur syndicat a appelé à ce qu'une enquête soit ouverte quant aux recrutements au sein du ministère de l'Intérieur. Des recrutements qui, selon eux, ont été effectuées pour le compte d'un parti et qui sont l'objet de maintes sollicitations de la part de politiciens, et ce, depuis 2011. Ils ont critiqué le dysfonctionnement des différentes commissions créées au sein du ministère. Ils se sont, par la même occasion, étonnés de la mise à l'écart des enfants des agents de sécurité de ce processus de recrutement. Le porte-parole du syndicat a indiqué qu'une réunion aura lieu prochainement pour étudier les formes de protestation à engager dans un avenir proche.