Fayçal Cherif, analyste militaire, considère que les cellules dormantes ont reçu l'ordre d'opérer Les accrochages entre les forces de l'ordre et les groupes terroristes enregistrés à Ghardimaou, Goubellat et Kasserine (Cité El Karma) suscitent beaucoup d'interrogations. Pourquoi avoir choisi la semaine de l'Aïd El Kébir pour que les groupes terroristes retournent au-devant de la scène politique nationale au moment où tous les yeux sont braqués sur le Dialogue national dont la date du démarrage effectif n'a pas été encore fixée par les différents protagonistes ? Deuxième interrogation: quels messages envoient les terroristes et comment les forces de l'ordre doivent-elles y répondre ? Contacté par La Presse, le Pr Fayçal Cherif, connu pour ses analyses militaires et sécuritaires, estime que le choix des jours de l'Aïd par les terroristes pour ressurgir «n'est pas fortuit. Ils tablent, en effet, sur le relâchement sécuritaire qu'on observe généralement en de telles circonstances. D'ailleurs, ils se sont attaqués à des postes frontaliers où la garde n'est pas très renforcée. Quant au choix des vacances de l'Aïd, il est clair qu'un coup perpétré un jour d'Aïd a plus d'ampleur que d'autres coups organisés lors de journées ordinaires. D'autre part, je pense que ces coups ont pour objectif de desserrer l'étau sur les éléments retranchés à Jebel Chaâmbi, surtout que les forces de l'armée et de sécurité algériennes leur ont asséné ces derniers temps des coups très durs. Les arrestations opérées, ces derniers temps, parmi les terroristes et ceux qui assuraient leur approvisionnement alimentaire peuvent avoir poussé les cellules dormantes à opérer après avoir décortiqué les derniers messages de Aymen Al Zawahri». La machine commence à fonctionner Sur un autre plan, le Pr Cherif considère qu'avec le retour des agents de renseignements à leurs fonctions initiales, «l'on a le sentiment que la machine sécuritaire s'est de nouveau mise en branle, appuyée dans son action par la décision du gouvernement de ne plus négocier avec ces groupes. Heureusement que nos gouvernants ont fini par se rendre à l'évidence et comprendre que ces groupes ont un plan diabolique et qu'ils ne sont pas prêts à l'abandonner». Toutefois, Fayçal Cherif déplore le fait que l'idée de la création d'une agence de sécurité nationale soit réléguée aux oubliettes. «On n'entend plus parler de ce projet et personne au niveau du gouvernement n'écoute ou consulte les spécialistes. Il en est de même pour les partis de l'opposition qui n'accordent aucune importance aux études stratégiques relatives aux retombées régionales du terrorisme». «Pourtant, il est possible de fonder une institution académique de recherches stratégiques. Rien n'empêche, en effet, un parti politique ou une organisation de la société civile de lancer une telle institution. Les chercheurs et les spécialistes en études stratégiques ou sécuritaires sont disposés à y adhérer», conclut-il.