Les agents de la Garde nationale exigent leur association à la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme «Ils n'avaient pas à se déplacer à la caserne de la Garde nationale à El Aouina. Au vu de la tension qui régnait parmi les agents, leur présence était indésirable, voire un acte de provocation inacceptable. C'est la raison pour laquelle, dans un mouvement spontané, les agents ont vivement appelé les trois présidents Marzouki, Laârayedh et Ben Jaâfar à quitter la caserne». Ali Ben Yezza, secrétaire général-adjoint du Syndicat de la Garde nationale à l'Ariana, ne mâche pas ses mots pour dénoncer «l'approche sécuritaire mise en œuvre par le gouvernement Laârayedh en vue de faire face à la menace terroriste». «Rien n'a changé en matière de lutte contre les terroristes sauf nos collègues qui tombent quotidiennement sous les balles des terroristes alors que les autorités font la sourde oreille à nos revendications», ajoute-t-il en colère. Les syndicats de l'institution sécuritaire (police, Garde nationale, douane et agents des établissements pénitentiaires) ne sont pas restés les bras croisés et sont montés au créneau pour demander à être écoutés et à être associés à la mise en œuvre d'une véritable stratégie de lutte contre le terrorisme. «Nous exigeons l'organisation d'un débat sérieux au cours duquel tous les problèmes seront posés. Ainsi, l'élaboration d'une stratégie impose-t-elle le renforcement des ressources humaines, la protection juridique des agents de sécurité, l'amélioration de la logistique mise à la disposition des agents et l'amélioration des conditions matérielles», martèle Ali Ben Yezza. D'autre part, il insiste sur deux impératifs. «D'abord, la création d'un pôle juridique spécialisé dans les affaires terroristes tout en assurant la protection des magistrats qui seront affectés à ce pôle. Ensuite, la création de la police de proximité à l'instar du modèle belge où le citoyen assume pleinement son rôle en matière d'information et de soutien à l'action de l'institution sécuritaire, loin de toute mentalité de délation». Notre source conclut : «Il est impératif de dépolitiser l'action sécuritaire et de tenir l'institution à l'écart des tiraillements politiques. Ma conviction est tant que ces luttes dureront et tant que nos politiciens ne comprendront pas qu'ils sont les premiers perdants dans la marasme actuel, la Tunisie restera exposée à tous les dangers possibles. Les agents de l'ordre ne s'avoueront jamais vaincus et n'obéiront plus aux ordres qu'ils considèrent contraires aux intérêts du pays et de sa révolution».