L'Antigymnastique®ou Antigym®est une méthode de prévention corporelle fondée sur l'écoute et la connaissance du corps. Elle a été créée par la kinésithérapeute Thérèse Bertherat dans les années 1970. Héritière de ce savoir, praticienne et formatrice de la méthode, Marie Bertherat œuvre à son développement. Elle cosigne avec sa mère Ma leçon d'Antigym aux éditions Eyrolles, un manuel didactique qui permet de réaliser soi-même de petits mouvements en profondeur sur les muscles qui redonnent santé, mobilité, vitalité et confiance. Le premier chapitre du livre pose les fondements de la méthode «Antigymnastique», un terme qui sonne délibérément à contre-courant de la gymnastique classique. Nous sommes dans les anticonformistes années 1970, et l'audacieuse Thérèse Bertherat invente une technique, fruit de deux rencontres décisives, de recherches et de découvertes professionnelles. «La vraie maison, c'était mon corps, c'était moi» Octobre 1967 : après le drame de la mort de son mari psychiatre, assassiné par un patient, Thérèse Bertherat se retrouve seule, sans maison et sans métier, avec ses deux enfants. Elle fait la connaissance de Suze Lalou, qui enseigne une gymnastique innovante et découvre que «la vraie maison, c'était mon corps, c'était moi». Des mouvements issus de la méthode Mézières Thérèse Bertherat entreprend ensuite des études de kinésithérapie qui la déçoivent, trop rigides, trop sèches pour elle et s'ouvre à d'autres voies thérapeutiques. Sa rencontre avec Françoise Mézières s'avère déterminante. Cette dernière a créé un concept révolutionnaire de chaîne musculaire postérieure qui balaye les principes de la rééducation classique. Thérèse Bertherat se formera à la technique Mézières qui s'avèrera primordiale dans la conception des mouvements de l'Antigymnastique. Les deux femmes travailleront ensemble. En 1976, elle publie Le corps a ses raisons, vendu à un million d'exemplaires dans le monde. «Enfin quelqu'un a trouvé les mots pour parler aux gens de leur corps!», «Enfin quelqu'un tient autant compte des raisons psychiques que des déformations et des causes mécaniques du mal», commentera la critique. De mère en fille «L'Antigym est un travail qui amène à prendre confiance dans ses capacités, un travail d'autonomie et de prévention», explique Marie Bertherat, praticienne et formatrice qui a repris le flambeau de la technique. «Par des mouvements simples et de petites amplitudes, on entre en contact avec chaque partie de son corps. Nos perceptions s'affinent. On comprend les liens entre ses pieds, ses hanches, son dos, sa nuque. En même temps, on apprend à déloger soi-même des tensions musculaires, parfois ignorées. Le corps devient plus mobile. Tout cela donne une grande confiance», conclut-t-elle. La formation des praticiens d'Antigym Environ 300 praticiens exercent dans le monde entier. Les séances en groupes de cinq à sept personnes durent une heure et demie. «Le praticien décrit les mouvements, il ne les montre jamais, ses consignes sont précises, ses mots simples. L'objectif est de permettre à chacun d'aller à la rencontre de son propre corps», explique Marie Bertherat. «Mais on n'est pas dans un cours d'anatomie. Ce qui est intéressant par exemple sera de découvrir que l'on a une mâchoire du haut et une autre en bas, et se rendre compte que seule celle du bas est mobile». Travailler avec des balles souples On utilise des petites balles souples placées à des endroits très précis du corps, car cela aide à repérer et sentir la zone que l'on cherche à mettre en mouvement. «En ce qui concerne son propre corps, on est souvent un peu perdu», observe Marie Bertherat. «Ces petites balles servent aussi parfois de cale, pour permettre de mieux poser le corps sur le sol». Un travail corporel et psycho-corporel «Quand on commence à remettre en mouvement des zones du corps que l'on avait rigidifiées pour des raisons liées à notre histoire, des émotions surgissent, parfois des larmes, des rires, du froid, une grande chaleur, tout cela évolue au fil de la séance et aussi après», explique Marie Bertherat. «De même qu'il existe le temps du mouvement pendant la séance, il y a le temps où on ne fait rien, allongé ou assis et où ce que l'on vient de faire continue à évoluer. C'est pourquoi on parle de mouvement et non d'exercice en Antigym. Et puis, on est dans l'observation, l'attention à soi», ajoute-t-elle. Cette méthode s'adresse-t-elle à tout le monde? «Je pense qu'elle peut apporter beaucoup et à tout le monde», répond Marie Bertherat. «Il y a cette phrase de ma mère que je trouve à la fois vraie et drôle : "L'Antigymnastique est faite pour tous ceux qui ont un corps, cela fait déjà pas mal de monde"». Tant qu'on est vivant, la musculature est malléable, on peut travailler sur les muscles. Chacun à son rythme, à sa manière. Il n'y a pas de performance en Antigym, ce n'est pas le but : «Ma main, mon genou, ma hanche peuvent retrouver un petit peu plus d'amplitude et peut-être à chaque fois un petit peu plus... Quel plaisir, quel bonheur de sentir que, oui, je peux bouger! Je ne pouvais pas, et maintenant je peux un peu plus!».