Un attentat-suicide à Sousse tourne court. A Monastir, le mausolée de Bourguiba échappe de justesse à un autre. Hier matin, c'était un autre jour de drame qui a pointé son nez. Aux alentours de 9h15, un attentat-suicide s'est produit du côté de la plage de Boujaâfar à Sousse : l'opération ciblait nettement un hôtel de la place et tout le secteur. Empêché par les agents de sécurité de l'hôtel d'y accéder, l'auteur s'est finalement fait exploser sans causer d'autre dégât que celui de sa propre vie. Les touristes sont, heureusement, sains et saufs. Le théâtre de l'événement respire le sang d'un acte odieux dont l'auteur a péri sur le coup. La bombe qui était en sa possession lui a déchiqueté le corps. Les membres inférieurs sont partis en fumée. Sur les lieux, les traces sont encore là. Témoin oculaire, Omar, agent de sécurité, nous livre sa version des faits : «Alors que le kamikaze voulait pénétrer dans l'hôtel, mon collègue et moi lui avons signifié de rebrousser chemin. Surpris, il s'est mis à genoux et s'est fait exploser. On a vu les fragments de son corps voler en éclats partout sur le sable». Et de continuer, en relatant les péripéties : «Certains touristes étaient présents sur la plage au moment de l'incident, mais ils ont été ramenés à l'hôtel. L'acte n'a entraîné, fort heureusement, aucun mort ou blessé. Dieu merci !». Et les versions sont multiples... Les opérations de ratissage menées avec succès dans la zone auraient permis d'arrêter les complices présumés. A la suite de la déflagration, les forces de l'ordre, renforcées par l'armée, se sont précipitées sur les lieux. La zone indiquée a été rapidement clôturée. La foule, en état d'alerte, sous le choc, s'est livrée à des sentiments de frayeur et de panique. Sous l'effet de ces nouvelles foudroyantes, de nombreux citoyens de la région ont organisé une manifestation de protestation, dénonçant le feuilleton sanglant du terrorisme qui n'en finit pas de faire couler le sang et de semer le trouble. Mais qu'en est-il de l'état d'esprit des touristes ? M. Makram Halloul, directeur commercial de l'hôtel en question, affirme que la situation est maîtrisée. «Tout a été fait pour apaiser les tensions et calmer les esprits». Son premier réflexe est de s'assurer que son personnel et ses clients sont indemnes. « Dix minutes après l'explosion, nous avons pu prendre les choses en main, tout en rassurant nos clients». Et d'estimer qu'un tel incident pourrait arriver à tout le monde. «Le plus important est de savoir comment gérer la situation et s'occuper de ses invités. L'essentiel pour nous est de pouvoir s'en sortir». Pour venir à bout de la situation, une cellule de crise a été mise en place. L'Office du tourisme et les agences de voyages sont de la partie. Des psychologues vont également y prendre part. De son côté, Fida, jeune fille bénéficiaire d'une formation qui est en train de se dérouler à l'hôtel, confie que certains touristes choqués par les faits ont été vus en train de faire leurs bagage. Ils ont décidé de rentrer chez eux. D'après les informations recueillies, des touristes actuellement résidents attendent des directives des agences de voyages dans leurs pays d'origine. Pas loin de Sousse, la ville de Monastir s'est elle aussi réveillée, hier matin, sur une tentative terroriste survenue au mausolée de Bourguiba. Selon des témoins, l'auteur, âgé de 18 ans à peine, a été arrêté en flagrant délit. Recherchent ses complices et ses commanditaires présumés, la police venue en renfort, a effectué une opération de ratissage couvrant les quatre coins du mausolée et, plus tard, dans toute la ville.