Poète, essayiste, romancier et journaliste mexicain, Alberto Ruy Sanchez est un cosmopolite qui raconte des histoires depuis un territoire plus grand qu'un pays. « Auteur des Visages de l'air (Los Nombres del aire), Alberto Ruy Sanchez est l'un des plus grands écrivains du Mexique, ses œuvres ont été traduites en plusieurs langues et c'est la première fois qu'il vient en Tunisie». C'est ainsi que Walid Slimane (traducteur et écrivain tunisien), l'a présenté au public tunisien lors d'une rencontre dans le cadre de la Foire Internationale du Livre de Tunis. Cet amoureux de la culture arabo-musulmane ne cache pas sa fascination pour la ville de Mogador (Essaouira, ville de la côte atlantique du Maroc) une ville qui revient sans cesse dans la plupart de ses ouvrages, notamment Les lèvres de l'eau, la peau de la terre... La découverte du monde arabe s'est faite lors d'un voyage en bateau alors qu'il était encore étudiant à Paris. Parti à la recherche du Soleil, l'embarcation fut surprise par un ouragan... Affolés par la violence de la tempête, les voyageurs se cognaient, leurs corps tanguaient au gré des vagues «Cette altercation des corps m'a donné l'impression que l'ouragan venait de l'intérieur... une sensation troublante de corps qui s'écrasent, se bousculent, s'attirent, se rejettent comme dans une valse du désir », raconte le romancier. Arrivant à bon port après plus de 38 heures de combat avec la mort, les voyageurs de ce périple en haute mer furent accueillis par la population marocaine de la ville de Mogador pour écouter leur récit de voyage. «Cet accueil m'a rappelé nos dîners familiaux au Mexique, et l'envie d'écrire m'a tout de suite pris. J'ai voulu être écrivain pour partager ce plaisir d'entendre et de raconter des histoires. Ce voyage a réveillé en moi ce désir d'écrire. Une écriture marquée éternellement par ce voyage, un voyage vers le soleil, en empruntant la voie des sens et du désir», explique Sanchez. Totalement habité par le thème « des sens », très récurrent dans son œuvre, l'auteur révèle que la découverte du Hammam dans la ville de Fès était un autre déclic pour son écriture. « J'ai découvert une lumière fascinante, on se met à nu pour s'habiller de lumière et de chaleur, qui enveloppe mon corps et me guide dans les entrailles de cette bâtisse, à l'image de mes mots qui entraînent mes lecteurs vers l'infini ». Erotisme et sensualité sont les mots d'ordre de son écriture, une écriture jugée trop audacieuse à tel point que son premier roman « Les visages de l'air », a été refusé par les éditeurs mexicains pendant une dizaine d'années. Ce n'est qu'en 1987 que ce roman a vu le jour, provoquant l'enthousiasme de la critique et des lecteurs. « Des centaines de lettres de jeunes m'ont été adressées me disant que c'est grâce à mon livre qu'ils ont enfin trouvé des mots d'amour à dire à leurs bien- aimées ». Le grand succès de cette première œuvre lui a ouvert le chemin de la consécration. Dès lors, le livre commençait à se vendre. Les visages de l'air l'a poussé à écrire son deuxième livre : Les lèvres de l'eau qui revient toujours à la même thématique celle du désir, des femmes et de l'univers des sens. Depuis, son aventure avec l'écriture et les mots n'a jamais tari.