Hommage à Hamma Hammami et Radhia Nasraoui Mon amour pour la Tunisie et son peuple, dont je suis imprégné depuis des années (épouse tunisienne et affinités sélectives personnelles), me pousse à parler aujourd'hui de ce couple magnifique que constituent Hamma Hammami et Radhia Nasraoui. Dans le numéro 2737 de l'hebdomadaire «Jeune Afrique» dans la rubrique «Maghreb Moyen-Orient», le 23-06-2013, j'ai lu un long «portrait», signé Frida Dahmani et consacré à Hamma Hammami et à son épouse. Cet article m'a personnellement touché et ému, car j'ai le rare privilège de connaître ce couple exceptionnel. Cette Tunisie déchirée, bafouée, inquiète d'aujourd'hui aurait grand besoin et tout à gagner de ce couple, de son exemple et de son honnêteté. Tant de personnes qui ont, peu ou prou, pactisé avec le régime honni de Ben Ali-Trabelsi ont aujourd'hui de sérieux problèmes de mémoire. C'est un peu pour cela, et en compensation, que je veux rendre un hommage appuyé à cet homme, dont je pense que peu de Tunisiens connaissent le vécu. Ennemi depuis le début de Ben Ali et de sa clique, le couple a traversé les pires avanies, tortures, humiliations. Pensez donc, il osait s'attaquer de front au pouvoir, prônant la liberté d'expression. Tombe le régime Ben Ali, le couple Hammami se voit reconnu et encensé. Il aurait certes préféré recevoir du soutien du temps de son combat de résistant. Mais alors là c'était le désert complet. Les pseudo-amis avaient fondu comme neige au soleil. Les agressions sans cesse répétées, le viol constant de leur sphère privée, les tortures, sévices, ils les subissaient seuls mais rien n'a jamais pu entamer leur détermination et leur courage. Moi, n'en déplaise à ma modestie, je les ai aidés dans la mesure de mes moyens. Je leur faisais parvenir des livres, des rapports sur les droits de l'Homme qui les tenaient un peu informés. La clandestinité est pernicieuse et dangereuse. Elle fait du plus honnête des hommes un pestiféré. L'article de Frida est, depuis la chute de Ben Ali, la première reconnaissance écrite de ce couple exemplaire. Par ailleurs, beaucoup sont devenus jaloux et envieux à cause des prix mérités qu'ils reçoivent aujourd'hui. Ces jaloux savent-ils seulement que l'argent gagné si tardivement est, pour la plus grande partie, redistribué à des œuvres caritatives, car ils restent fidèles à eux-mêmes, défendant les faibles et les opprimés. Et dans un rêve, semblable à celui de Martin Luther King, je me dis, qu'à mon avis, la Tunisie aurait bien besoin d'eux. Les honnêtes gens de nos jours, ça ne court pas les rues. Allez, Tunisiens de mon cœur, c'est facile. Vous les trouverez aisément mes amis Hamma Hammami et Radhia Nasraoui. Ils sont toujours là où il y a de la misère et de l'injustice.