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En attendant des jours meilleurs
Douz Doc Days 2013
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 11 - 2013

Les Douz Doc Days ont de grandes possibilités pour s'agrandir et s'améliorer. Vivement les prochaines éditions.
La porte du désert vient d'accueillir la troisième édition des journées du documentaire de Douz. Du 1er au 6 novembre, la manifestation a démontré qu'elle se rapproche davantage du public de la ville. En ouverture déjà, les festivaliers ont eu droit au spectacle incontournable de la troupe folklorique locale et à des films qui concernent la ville. Autant le film d'ouverture, Pourvu qu'elle soit Douz de Vincent Martorana, fut une déception, autant le film réalisé par les élèves de Douz, fut une agréable surprise. Bribes de mémoire est le fruit d'un projet encadré l'année dernière par la cinéaste et universitaire italienne Sonia Giardina, par ailleurs membre du jury, et le cinéaste tunisien Rafik Omrani. Les jeunes ont filmé avec beaucoup de sensibilité des membres de leurs familles, témoins du périple des Fellaghas. S'il y a un créneau à suivre pour le festival, c'est bien celui-là. Initier et former les jeunes à l'image et à la fabrication de films est le meilleur cadeau que les Douz Doc Days peuvent offrir à la ville, et l'empreinte la plus importante qu'elles peuvent y laisser.
L'atelier d'un jour, consacré au lendemain de l'ouverture aux enfants a, lui aussi, été une réussite, et les films projetés en clôture étaient attachants, pleins d'humour et imprégnés de l'esprit de Douz. Il faudrait consacrer plus d'une journée à cet atelier, l'étendre par exemple sur toute la durée de la manifestation, avec un volet théorique et un volet pratique plus approfondis. L'on peut par exemple profiter de la présence d'étudiants en cinéma, parmi les invités, pour encadrer cet atelier.
Pendant cette troisième édition, il y avait notamment les étudiants du master en audiovisuel de l'Institut supérieur des arts et métiers de Gabès, dont l'enseignante Ons Kamoun a présenté les travaux à l'occasion d'un master class. Des œuvres prometteuses dont l'une, Le fil et le mur de Sarra Ben Achour, a remporté la mention spéciale du jury du court-métrage.
L'organisation
La qualité n'a pas toujours été au rendez-vous des Douz Doc Days 2013. Les moments forts ont souvent été ailleurs que dans la compétition. Le programme a heureusement été varié, entre l'exposition photographique Eternelle Tunisie de Hamideddine Bouali, inaugurée en ouverture, le ciné-concert du film La danse du vent de Taïeb Louhichi, assuré par le talentueux luthiste tunisien Fadhel Boubaker et sa troupe, et des excursions pour découvrir la région. Il y a eu également une soirée spéciale où a été projeté Dernier mirage de Nidhal Chatta.
A trop vouloir incruster le thème du désert dans le programme,. les organisateurs ont oublié de prendre en compte une fonction importante du cinéma, le divertissement, qui peut aider à la réconciliation du public local avec le cinéma. Malgré le petit espace de projection qu'était la tente placée dans l'esplanade du musée du Sahara, grands et petits habitants de Douz ont assisté aux projections, entraînés par leur curiosité et les échos du festival dans la ville. Ils ont manifesté un intérêt pour les films en participant aux débats. Les enfants allaient même à la rencontre des réalisateurs après le passage de leurs films, en affirmant qu'ils voulaient, eux aussi, apprendre à filmer.
Un espace de projection plus grand s'impose comme l'un des enjeux de la prochaine édition. Il convient de noter que celle de cette année a été organisée avec très peu de moyens et beaucoup de difficultés. L'équipe de jeunes bénévoles, chapeautée par le directeur du festival, Hichem Ben Ammar, a fait de son mieux pour le bon déroulement de la manifestation et il y avait beaucoup de bonne volonté et de chaleur humaine pendant les six journées des Douz Doc Days. N'empêche que des défaillances organisationnelles ont eu lieu. Quant aux sponsors, ils se comptaient sur les doigts de la main, dont l'opérateur téléphonique qui a offert les prix, la SNCFT qui a assuré le transport des festivaliers jusqu'à Douz, l'Office national du tourisme qui les a hébergés et le British Council qui s'est chargé du président du jury, Hussain Currimbhoy, et de la séance de pitching des projets de films. Cette dernière rubrique, nouveauté de la troisième édition, a été l'une de ses réussites et devrait être maintenue. Une telle initiative peut contribuer à améliorer la qualité des films dans le futur.
Le palmarès
Force est de constater que les organisateurs ont dû, cette année, composer avec une sélection de films d'un niveau général assez éloigné du minimum requis pour une compétition, même nationale. Il aurait peut-être mieux fallu omettre le palmarès, montrer les films dans le cadre des journées et décerner des récompenses, à titre d'encouragement, aux films qui se seront distingués. Mais il faut avouer que cela aurait été injuste à l'égard des quelques œuvres marquantes de cette édition et nous pensons surtout au long-métrage qui a remporté le Dromad'Or, Emirs au pays des merveilles de Ahmed Jlassi. Le réalisateur qui a passé deux mois avec les immigrés clandestins tunisiens, dans les parcs et sous les ponts de Paris, a livré à l'écran un concentré d'émotions, une claque cinématographique qui en dit long sur la situation du pays, de la jeunesse qui y étouffe et de son rapport avec l'autre et l'ailleurs. C'est un film qui, dans sa subjectivité, relève de l'anthropologie visuelle et réalise, à travers le regard de son auteur, une autopsie des malaises qui rongent notre société. Ahmed Jlassi filme comme si la caméra était l'extension de son œil et de sa main. Malgré le peu de moyens dont il a disposé, la force de son film réside dans son écriture, où les personnages des immigrés se croisent avec le portrait de la ville et l'auto-portrait du réalisateur.
Quant à la mention spéciale du jury de la même catégorie, Contra de Lassaad Hajji, il s'agit d'un film qui a, lui aussi, marqué les esprits grâce à la force de son thème —le commerce clandestin entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye— à l'éloquence de son image et à la sensibilité que dégage son réalisateur. Ce dernier a fait le choix de se rapprocher de ses personnages et de les filmer en tant qu'êtres humains, au-delà de ce qu'ils font comme activité illicite. En dépit de son propos moralisateur, le film témoigne d'un courage et d'un amour pour le cinéma et pour la vie.
Le jury a aussi choisi d'attribuer une mention spéciale à Made in Gougou de Latifa Doghri, «afin d'encourager les jeunes à réaliser de tels films», comme l'a déclaré son président, pendant la cérémonie de clôture. Dans la catégorie du court-métrage, Ennajeh de Chiraz Bouzidi a été récompensé du Dromad'Or pour la qualité de l'image et la justesse du propos, entre le contenu et la forme. Ennajeh filme sur le quotidien d'une mère de famille qui vit de la collecte des déchets en plastique dans un dépôt municipal aux abords de Siliana. Une autre mention spéciale du jury a été attribuée à Le fil et le mur de Sarra Ben Achour pour l'originalité du sujet. Le film s'intéresse au rituel d'«ettasfih» qui sert à protéger la virginité des jeunes filles jusqu'au mariage. Dans sa manière de traiter le sujet, la jeune réalisatrice est partie du mystère qui entoure cette pratique pour tisser autour la trame de son film, fait de témoignages et de reconstitutions de scènes de mariages traditionnels...
Il s'agit là d'un palmarès évident pour les longs-métrages et raisonnable pour les courts-métrages. Le fait que le jury soit entièrement composé d'étrangers n'y change rien. La présence parmi ses membres d'un ou d'une Tunisienne aurait quand même été un plus, sachant que le festival est consacré à la production nationale de films documentaires. Au final, le palmarès n'est qu'un volet de ce festival qui a incontestablement sa place parmi les festivals de cinéma en Tunisie et qui commence à rayonner sur Douz, la ville qui l'accueille.
Les Douz Doc Days ont une grande marge pour s'agrandir et s'améliorer. Vivement qu'elles en profitent dans les prochaines éditions.


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